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le Vendredi 27 janvier 2017 15:47 Éditoriaux

Trump fait une montée de testostérone

Le président Trump voulait « punir » les femmes ayant recours à l’avortement. Il en a aujourd’hui fait sa priorité. C’est entouré d’une dizaine d’hommes que le milliardaire américain a signé lundi un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.

Donald Trump a pris cette mesure au lendemain du 44e anniversaire de « Roe c. Wade », l’arrêt emblématique de la Cour suprême qui a légalisé l’avortement en 1973 aux États-Unis, et deux jours après que des millions d’Américaines ont défilé pour leurs droits. À Whitehorse, ce sont plus de 200 personnes qui ont bravé les grands froids pour manifester leur solidarité à ce mouvement mondial.

Selon le parlementaire démocrate Steny Hoyer, le fait que le gouvernement de M. Trump et les républicains du Congrès mettent à profit leur première semaine aux commandes de l’État pour s’attaquer à la santé des femmes en dit long sur leurs priorités. Comme si cela ne suffisait pas, le président américain s’est par ailleurs engagé à nommer très prochainement à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l’IVG.

Donald Trump vient donc de déclarer la guerre au vagin des femmes. Il ne lui aura pas fallu plus de 72 heures pour choisir son combat et inscrire ses premières actions dans l’abjecte lignée des papis du Vatican et des ayatollahs de l’excision. Au nom de l’America First. Toujours.

Le président américain avait pourtant l’embarras du choix. Dès son entrée en fonction, Donald Trump aurait pu renforcer le rôle des ONG et bluffer ses détracteurs; se fendre d’un vibrant discours d’espoir à la tribune de l’Organisation des Nations Unies; jouer l’apaisement et rassurer un monde brûlant. Celui-ci plie sous de si nombreuses injustices qu’il en deviendrait presque aisé d’embrasser une noble cause.

Pour rendre sa grandeur à l’Amérique, Donald Trump aurait pu faire de la lutte contre les armes son cheval de bataille. Selon une étude menée en 2016 par le chercheur suisse Martin Grandjean, on compte désormais davantage de morts par armes à feu sur le sol des États-Unis entre 1968 et 2015 que de pertes américaines à la guerre depuis 1775. Selon cette même étude, les enfants américains ont par ailleurs quatorze fois plus de chances de mourir sous les tirs d’une arme que dans n’importe quel autre pays développé.

Bref. On attendait de Trump qu’il se positionne en leader. Le triste sire est finalement resté égal à lui-même. Quelle confiance pouvait-on cependant placer en un milliardaire mégalomane dont la vision de la femme se résume à les « attraper par la chatte »?

À ce chapitre, le président américain devrait faire la paire avec son homologue Vladimir Poutine. Tous deux semblent se plaire à jouer au dur, au bonhomme. Alors que 40 % des crimes violents sont commis dans le cercle familial, 368 députés russes sur 370 viennent de voter en première lecture un projet de loi visant à décriminaliser les violences domestiques.

Mention spéciale à la députée ultraconservatrice Yelena Mizulina, convaincue que les relations d’une famille traditionnelle russe sont construites sur l’autorité patriarcale et que les lois doivent soutenir cette tradition familiale. C’est donc avec enthousiasme que la Douma — qui vient du russe penser, réfléchir — a validé cet argument rétrograde. En d’autres termes, le Parlement russe n’a rien trouvé de mieux à voter qu’une bonne gifle pour ressouder un couple. Frapper un enfant ne devrait également plus poser de complications. Pas plus qu’un viol domestique. 2017 vient à peine de commencer qu’un relent de moyen-âge flotte déjà sur nos prétendues « grandes » nations.