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le Vendredi 14 octobre 2016 11:18 Éditoriaux

Qui fera campagne contre le crime?

Des coups de feu dans la nuit. Des vitrines brisées, des pneus lacérés et des silhouettes qui démarrent au quart de tour sous les lueurs orangées des lampadaires de quartier. Du stationnement de l’aéroport aux commerces de la rue Main, les vandales frappent la ville en toute impunité. Les employés de station-service travaillent désormais sous la menace de battes et de lampes à souder. Les cambriolages se multiplient, leurs auteurs courent toujours et les enquêteurs disent enquêter. Antoinette’s Restaurant symbolise cette dérive sécuritaire. Le commerce a été braqué dix fois en douze mois et sa propriétaire ne juge même plus utile d’avertir la gendarmerie postée à 200 mètres de là.

Le temps semble révolu où l’on pouvait promener sa poussette dans l’insouciance des jours paisibles. Aujourd’hui, le crime explose à Whitehorse et les fusillades s’invitent sur nos avenues. Chiffres à l’appui.

Le Yukon a connu vendredi soir son 6e homicide en 3 ans. Matthew Devellano, 32 ans, a été tué par balles à Porter Creek. L’homme était connu des services de justice pour trafic de drogue et possession d’armes et n’a certainement pas été ciblé au hasard. Mais il n’est pas pour autant acceptable que des balles perdues terminent leur course dans les murs d’un voisin sur le point de fêter l’Action de grâce.

L’origine du mal est pourtant connue et les pouvoirs publics doivent rapidement renforcer leur politique de lutte contre le trafic de drogue pour contrer l’émergence du crime. La légalisation de la marijuana promise par le gouvernement Trudeau viendra certes assécher certains revenus, mais Whitehorse réclame également du crack et de la cocaïne. Les taxes générées par la vente de cannabis devront donc aussi financer la lutte contre ces trafics d’un autre ordre. La répression doit être appliquée sans faiblir et ces réseaux neutralisés.

Au désœuvrement de la jeunesse de nos rues doit s’opposer l’éducation et la prévention. Sans quoi, ces jeunes alimenteront bientôt le vivier du grand banditisme et la prochaine génération d’intoxiqués. Il en va cette fois de l’effort de nos futurs élus. La tâche s’adresse en particulier à celles et ceux qui hériteront de l’Éducation, de la Santé et des Affaires sociales.

Ces candidats sont entrés en campagne le jour même de la fusillade ayant coûté la vie à M. Devellano. Or, la sécurité est un prérequis au développement de toute entreprise citoyenne, et l’on attend de nos prochains représentants qu’ils abordent dès ce mois-ci cet enjeu d’avenir avec des propositions à la clé.