Légalement équipé d’un fusil d’assaut AR-15 et d’un 9mm, le tueur d’Orlando faisait 49 morts et 53 blessés à l’aube du 12 juin dernier. Cette fusillade d’une ampleur inédite figurera désormais à la longue liste des tueries de masse survenues ces dernières années aux États-Unis. Et comme à chaque nouveau massacre, l’éternel débat ressurgit comme un beau marronnier.
Dans un pays où circulent plus de 300 millions d’armes à feu, on s’exclame et l’on s’interroge une nouvelle fois sur la pertinence d’un droit archaïque vieux de plus de 200 ans. Cet intouchable deuxième amendement qui garantit au peuple américain le droit de posséder et de porter des armes; une vérité admise par les contemporains de George Washington avant même les premières heures de la Conquête de l’Ouest.
La société américaine a bel et bien évolué depuis 1791, mais pour le candidat Trump et bien d’autres, ce droit à se défendre et à protéger sa famille ne pourra jamais être transgressé. L’Amérique du 21e siècle serait-elle donc encore si sauvage qu’il faille posséder une arme de guerre pour garantir sa survie? La toute puissante National Rifle Association (NRA) y croit dur comme fer, et répète à l’envi que si chaque citoyen portait l’arme en bandoulière, la grande Amérique aurait évité bien des massacres.
Toujours très bavard, le fil Twitter de l’association proarmes s’est pourtant subitement tu au lendemain de la tuerie d’Orlando. La NRA ne nous a certes jamais gratifiés de son bon goût, mais il eût en effet été fort déplacé de résumer en 140 caractères que l’histoire aurait pu être différente si les 49 fêtards assassinés s’étaient trémoussés sur la piste de danse l’arme à la ceinture. Trois jours de réflexion plus tard, la NRA substituait donc à sa rengaine éculée tout un chapelet de gazouillis accusant l’exécutif américain de laxisme dans sa gestion de l’antiterrorisme. On choisit bien les sujets qu’on veut.
Dans la même veine, et plutôt que de remettre en question la politique américaine sur les armes, le candidat Trump n’a quant à lui pas manqué d’instrumentaliser la tuerie pour ressasser ses mensonges sur les prétendus dangers de cette « immigration musulmane » qu’il souhaite interdire. Le tueur est né en Afghanistan et a immigré aux États-Unis, a-t-il soutenu, se gardant bien de révéler que le citoyen américain Omar Mateen était bel et bien né à New York. Tout comme lui.
Il serait toutefois malvenu de tirer des conclusions hâtives à la seule lueur des arguments des deux camps. À la vérité, le débat sur le contrôle des armes sonne souvent même un peu faux. Car même si le deuxième amendement était un jour aboli, l’histoire nous montre malheureusement trop fréquemment que les terroristes et autres fous décidés à frapper l’Occident parviendront quoiqu’il advienne à se procurer des armes. Cela vaut pour les États-Unis, mais aussi pour les autres pays. Les tueurs de Charlie Hebdo comme ceux du Bataclan s’étaient armés illégalement. Bilan : 102 morts. Après avoir échoué à s’équiper sur le marché noir, le tueur norvégien Anders Breivik était lui parvenu à se procurer des armes légalement. Bilan : 69 jeunes gens tués sur l’île d’Utøya. Marc Lépine a également fait l’acquisition légale d’une carabine semi-automatique pour perpétrer la tuerie de l’École polytechnique. Bilan : 14 jeunes femmes assassinées.
Un nécessaire et rigoureux contrôle des armes à feu sauvera sans nul doute de précieuses vies américaines au jour le jour, mais ne jetons pas uniquement l’opprobre de la folie meurtrière et du terrorisme islamiste sur les largesses du deuxième amendement.