La situation est simple : le 10 janvier, des parents de l’École Émilie-Tremblay ont reçu une lettre pour leur annoncer que la compagnie de transport Takhini ne pourrait plus prendre leurs enfants pour les amener au centre-ville à cause d’une surpopulation et d’incidents dans l’autobus 15. Précisons que ces enfants sont hors secteur et qu’ils jouissaient d’une permission spéciale pour prendre cet autobus. Et cette permission pouvait être révocable… sur une base annuelle et non à tout moment.
La décision était en vigueur en date du 13 janvier, obligeant ainsi les parents à trouver d’autres façons de fonctionner. Cela a affecté plus de vingt enfants de l’école (et seize familles). Disons qu’un seul jour ouvrable, ça ne donne pas beaucoup de temps pour les parents afin qu’ils trouvent d’autres arrangements. Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais cela demande toute une logistique (presque une gymnastique) pour arranger les horaires de tout le monde, pour prendre des arrangements avec la garderie, avec les activités parascolaires, etc.
Finalement, le 22 janvier, les parents ont reçu une lettre pour leur dire que tout rentrait dans l’ordre et qu’ils pouvaient de nouveau envoyer leurs enfants dans l’autobus 15 dès le lendemain. Voilà, fin de l’histoire, tout est bien qui finit bien.
J’aurais pu intituler cet éditorial « Compte rendu d’une nouvelle qui ne sera jamais écrite ». Car, sur bien des plans, la situation est déjà réglée. Mais, car il y a toujours un mais, il reste un détail nébuleux. Et c’est pour ça que je ressens le besoin de vous en parler. Cette solution est temporaire, car le département du transport scolaire du ministère de l’Éducation se conserve le droit de résilier cette permission avec un préavis d’une semaine. Probablement que ça n’arrivera pas et que tout va bien se passer, mais cette épée de Damoclès demeure au-dessus de la tête des parents.
Avant de déchirer votre chemise et de tempêter contre la Commission scolaire et l’École Émilie-Tremblay, je tiens à mettre une chose au clair : si la situation a touché des élèves, ce transport scolaire n’est pas de leur ressort, mais bien de celui du ministère de l’Éducation, et c’est de ce côté que j’ai noté plusieurs irrégularités. Qu’on s’entende bien, je ne crois pas (je suis même sûr du contraire) qu’il y ait de gens malintentionnés dans ce dossier. Mais on voit clairement qu’il y a des lacunes du côté de l’organisation.
D’abord, la question du préavis d’une semaine (et même dans le cas de la première lettre, d’un préavis de trois jours) pour annoncer aux parents que leurs enfants ne pouvaient plus emprunter le parcours de l’autobus 15 : cela va à l’encontre de la politique 5004 qu’on trouve sur le site Internet du ministère qui stipule que les permissions peuvent être revues sur une base annuelle. Mais là aussi, il y a un problème, car, pour emprunter un autobus en dehors de la zone de fréquentation scolaire prévue par la loi, les familles doivent faire une demande écrite à la Student Transportation Officer… mais il n’y a pas de suivi ou d’accusé de réception ou de système en place pour montrer aux parents que la demande a été reçue… et acceptée. C’est dommage de voir qu’un organisme qui a pris la peine de se doter d’une politique (une décision qui permet de protéger aussi bien les citoyens que le ministère) ne prend pas la peine de suivre son propre code.
Des parents se sont confiés sur d’autres problèmes au sujet de cet autobus (et sur d’autres circuits). Des durées déraisonnables pour certains parcours, des problèmes d’intimidation, etc. Et le système de plainte du ministère est pour le moins chaotique. Là aussi, il n’y a aucun suivi et aucun accusé de réception.
Bref, le problème est réglé pour les parents des enfants touchés par cette décision. Par contre, cela a mis en lumière certaines lacunes organisationnelles du côté du ministère de l’Éducation, particulièrement en ce qui a trait au transport scolaire. Espérons que la situation va pousser les dirigeants à mettre en place des dispositifs pour s’assurer que la situation ne se reproduira pas.