La plupart d’entre vous doivent déjà le savoir, mais le ciel est tombé sur la tête de l’Aurore boréale. En fait, techniquement, il faudrait plutôt parler du plafond. La faute à qui? À quoi? Au redoux, en partie, mais surtout à un tuyau qui a eu la bonne idée de se briser dans la salle des machines, soit juste au-dessus des locaux de l’Aurore boréale et de la réception du Centre de la francophonie.
J’ai eu la nouvelle presque en direct. Pour une fois qu’une primeur me sortait du lit, fallait que je sois un des acteurs (ou une des victimes) indirects de l’histoire. Le 14 janvier, à 6 h 30, Isabelle Salesse, la directrice de l’Association franco-yukonnaise m’a téléphoné pour m’apprendre qu’il y avait un dégât d’eau. Elle-même avait été tirée du lit vers 5 h 30, car l’alarme d’incendie s’était déclenchée.
Au Centre de la francophonie, on a l’habitude de l’alarme générale causée la plupart du temps par un employé qui a oublié son mot de passe. Mais l’alarme d’incendie, c’est plus sérieux. « Quand je suis arrivée sur place et que je n’ai vu ni flamme ni fumée, je me suis sentie soulagée. Mais quand je suis rentrée et que j’ai vu l’eau partout… » Mme Salesse n’a pas eu à terminer sa phrase. J’ai tout de suite compris que c’était sérieux.
Mais sérieux à quel point? Encore dans les brumes du sommeil, je ne réalisais pas encore l’ampleur des dommages (et tout ce que ça impliquait). Mon plus vieux, réveillé par le coup de téléphone, est venu me voir pour savoir ce qui s’était passé. Je lui ai dit le peu que j’en savais. Il a réfléchi un moment avant de me lancer : « Papa, j’ai mes bottes de pluie. Si tu veux, je peux venir avec toi pour ramasser. »
Je l’ignorais à ce moment, mais j’aurais dû accepter son aide, ou du moins, m’acheter des bottes de pluie. Je suis arrivé sur les lieux vers 8 h. Dans mon bureau, ça allait. Un peu plus en désordre que d’habitude, mais rien de majeur. Faut dire que les gars de l’entretien avaient déjà pompé une grande partie de l’eau et qu’un premier ménage avait été fait. Et, surtout, que mon bureau était loin de l’épicentre du sinistre.
C’est quand j’ai regardé le reste des locaux que j’ai eu un choc : le plafond était défoncé, les archives étaient détrempées et l’eau continuait de couler presque comme sous une douche sur l’ordinateur de ma collègue Marie-Claude, ainsi que sur divers documents (dont certains importants).
A alors commencé une course contre la montre (ou contre l’eau), pour sauver le plus d’équipement possible. Pour sauver le plus d’archives possible, on a fait sécher des journaux un peu partout : sur des tables, accrochés à des cintres, etc. Malgré tout, une grande partie de la mémoire du journal s’est envolée ce 14 janvier. Sans parler de tous les équipements qu’il a fallu jeter : deux ordinateurs, un appareil photo, des écrans, alouette.
L’équipe a dû déménager ses pénates dans un local temporaire (pas si temporaire que ça, finalement, puisque nous y serons pour quelques mois), soit le local de formation situé au deuxième étage du Centre de la francophonie. Naïvement, je croyais quand même que nous retournerions dans nos locaux d’ici une ou deux semaines. Mais non, l’isolation est à refaire, ainsi que le plafond, sans parler de travaux de tuyauterie et d’électricité. De plus, pour s’assurer que tout sèche bien et que la moisissure ne fasse pas des siennes, il a fallu sortir tout ce qui se trouvait dans nos locaux, meubles compris.
Ça a pris quelques jours pour mettre ce nouveau local à notre main et nous assurer que tout soit fonctionnel. En effet, si la plupart des ordinateurs ont pu être sauvés, les cordons de raccordement eux étaient hors fonction puisqu’ils avaient trempé dans l’eau. Il a donc fallu courir pour acheter ce qui manquait.
Malgré tout, la situation ne devrait pas empêcher la publication du journal : l’équipe garde le moral et va tout mettre en œuvre pour vous offrir un journal de qualité. Nous avions prévu faire un ménage de nos bureaux, y’a pas à dire, on va faire les choses en grand.
Et bon, ça aurait pu être pire : au moins, il n’y a pas eu de feu!