Avant de commencer cet éditorial, je tiens à mettre quelque chose au clair : je ne suis pas un réactionnaire anti-Facebook, anti-Twitter, anti-tout. Loin de là! En fait, j’adore les médias sociaux et les nouvelles technologies. J’ai d’ailleurs eu une relation presque malsaine avec mon iPhone (mais je me soigne). Cela ne m’empêche pas de porter un regard critique sur la situation des communications à l’heure actuelle.
En ce moment, une vidéo amusante peut se propager à une vitesse grand V en moins de temps qu’il en faut pour dire « Like » ou « J’aime ». Pas pour rien qu’on dit de certaines vidéos qu’elles sont virales.
Je sais ce que tu as mangé hier (merci Facebook), je sais où tu es allé (merci Foursquare), je sais ce qui t’intéresse (merci Twitter), j’ai accès à tes photos de famille (merci Instagram), je sais avec qui tu as couché (merci… euh non, ça je ne le sais pas encore).
Tout le monde peut être un journaliste ou un reporteur avec les blogues, les microblogues. Tout le monde peut être un rapporteur aussi : grâce à nos téléphones intelligents, on a un petit studio de montage à portée de main pour diffuser sur Internet la niaiserie qu’a faite son voisin. Une niaiserie qui pourra le suivre longtemps, car une fois que c’est lâché dans la Toile, effacer une vidéo ou une photo compromettante peut devenir problématique.
Par contre, quand vient le temps de parler aux journalistes, c’est différent. On se garde une petite pudeur. On a peur que nos propos soient mal reportés. De mal paraître, d’être pris à contre-pied. Une attitude qui n’a rien de surprenant quand on sait que le premier ministre canadien boude la presse, préférant organiser des séances de photos où personne n’a le droit de poser de questions (quel crime quand même : oser demander l’opinion d’un élu canadien sur des sujets qui intéressent la population!). Après tout, un communiqué sera envoyé plus tard.
Bon, je m’emporte. Revenons aux médias sociaux. Ce sont de merveilleux instruments de diffusion. Mais cela demeure un outil complémentaire. Ils ne remplaceront pas les médias traditionnels. Ils vont seulement les obliger à modifier leurs façons de faire (dans certains cas, à se trouver une niche). Mais les journaux l’ont fait à l’arrivée de la radio. La radio l’a fait avec l’essor de la télévision. Et maintenant, tout ce beau monde doit redéfinir sa place avec le Web 2.0 qui prend de plus en plus d’importance dans nos vies.
Et le journalisme, dans tout ça? Lui aussi, il est appelé à changer. À s’adapter. À trouver de nouvelles façons de faire. Par contre, les journalistes sont plus importants que jamais. Car dans la débauche d’information qu’on trouve sur le Web, on a besoin de chiens de garde, de gens qui vont s’assurer que l’information pertinente ne sera pas perdue dans la masse. De gens qui pourront creuser certains sujets. De gens qui serviront de relayeurs.