
Évelyne Lachapelle
Selon une étude menée en 2010 par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques, la durée moyenne de séjour au Yukon varie entre quatre et cinq ans avant que les personnes ne prennent la décision de retourner dans leur lieu d’origine de façon temporaire, sporadique ou permanente.
Évelyne Lachapelle
Les parents d’Évelyne Lachapelle ont dû quitter la Haute-Gatineau au Québec pour s’installer dans une petite ville minière, Kirkland Lake, en Ontario, afin d’y trouver du travail. C’est là qu’est née Évelyne, au cœur de cette communauté francophone minoritaire dynamique marquée à l’époque par la lutte pour l’obtention d’une école de langue française. Une lutte dont l’importance a influencé à jamais Évelyne Lachapelle.
En 1995, elle quitte Ottawa où elle enseigne depuis quelque temps pour se rendre au Yukon où elle poursuit sa carrière en immersion française à l’École Whitehorse Elementary.
En juillet 1996, Évelyne Lachapelle pose sa candidature au poste de direction de la Commission scolaire francophone du Yukon. Elle devient ainsi la première employée officielle de l’organisme qui venait tout juste de naître. À l’automne de cette année-là, une secrétaire administrative, Lise Picard, est également embauchée. « Tout était à faire », se souvient-elle.
Dès son entrée en poste, Mme Lachapelle doit superviser la fin de la construction du nouveau bâtiment de l’École Émilie-Tremblay (qui quitte le quartier Riverdale pour la rue Falcon) et aménager les lieux. Elle doit aussi assigner des locaux à la Garderie du petit cheval blanc dont le bâtiment vient d’être ravagé par un incendie. Finalement, elle doit procéder à l’embauche d’une nouvelle personne au poste de la direction de l’école. Ce sera Hélène Saint-Onge qui pourvoira ce poste.
En 1999, au terme de la troisième année de la CSFY, alors que la mise en œuvre est réalisée, Évelyne Lachapelle décide qu’il est temps de reprendre son souffle. Quelques mois plus tard, soit le 1er janvier 2000, elle quitte le Yukon pour se rapprocher de sa mère âgée tout en prenant un peu de répit. Elle s’installe à Saint-Boniface, au Manitoba, où elle demeure toujours. Depuis son déménagement dans les Prairies, Évelyne se garde occupée en s’impliquant entre autres auprès de la radio communautaire, du journal La Liberté et de la Maison Gabrielle-Roy. Aujourd’hui, elle occupe ses jours à la rédaction.
« Je dois avouer que je n’ai pas vraiment quitté le Grand Nord, car il est toujours ici avec moi dans les tableaux de Nathalie Parenteau par exemple ou de Jim Robb. Et, à l’occasion, je consulte encore L’Aurore boréale pour prendre des nouvelles yukonnaises ou le site Web de la CSFY pour constater à quel point cette dernière a évolué », conclut-elle.

Gérard Lécuyer
Gérard Lécuyer
Originaire de Sainte-Agathe au Manitoba, Gérard Lécuyer a de tous les temps été un grand défenseur de la francophonie. Sa passion pour la survie du français en milieu minoritaire l’amena à s’impliquer dans le combat pour l’obtention de la gestion scolaire au Manitoba ainsi qu’au Yukon.
C’est d’abord à titre d’enseignant en français qu’il entame ce combat à l’École Provencher de Saint-Boniface au Manitoba. Puis, sa lutte pour la sauvegarde du français l’amène au début des années 1980 en politique provinciale. Il milite fortement pour doter le Manitoba d’une loi sur les services en français.
En 1988, son gouvernement est défait. Gérard Lécuyer quitte alors les Prairies pour s’établir une première fois au Yukon où il est embauché comme consultant par le gouvernement territorial. C’est à cette époque qu’il participe à mettre sur pied les jalons de la Loi sur les services en français ainsi qu’à la création d’un bureau de traduction et d’interprétation (aujourd’hui connu sous le nom de la Direction des services en français.)
Au même moment, le gouvernement du Yukon entreprend de réviser la Loi scolaire du Yukon. Habitué au jargon légal, Gérard Lécuyer persuade alors Tony Penikett, premier ministre du Yukon à l’époque, d’inclure dans cette révision une clause permettant de créer une commission scolaire au Yukon. C’est cette clause qui aura un impact déterminant pour la gestion scolaire de la communauté franco-yukonnaise.
Gérard Lécuyer revient au Manitoba en 1990 pour diriger la Fédération provinciale des comités de parents du Manitoba (FPCP), luttant pour l’obtention de la gestion totale des écoles françaises. Une fois son mandat terminé, il retourne une deuxième fois s’établir au Yukon afin de collaborer à la création officielle de la Commission scolaire francophone du Yukon no 23.
En 1996, alors que son mandat au Yukon tire à sa fin, Gérard Lécuyer décide de retourner vivre de façon définitive au Manitoba. À 88 ans, M. Lécuyer y habite toujours.

Johanne Veillette
Johanne Veillette
Johanne Veillette avait la jeune trentaine lorsqu’elle est arrivée au Yukon. Originaire de Cap-de-la-Madeleine (aujourd’hui Trois-Rivières), elle avait travaillé bénévolement pendant plusieurs années au sein de l’organisme l’Arche de Jean Vanier en France, en Afrique et au Québec avant de mettre le cap vers le Nord. C’est une de ses amies qui l’avait convaincue à l’époque de venir s’installer au Yukon sachant que Johanne était une passionnée de plein air.
C’est au Yukon qu’elle rencontre Mike, qui devient le père de ses trois enfants, tous nés au Yukon et ayant fréquenté l’École Émilie-Tremblay. Au fil des ans, Johanne occupe différents postes dont celui d’éducatrice spécialisée à l’École Whitehorse Elementary et au programme French Fries avec Thérèse Lacroix. Il n’était pas rare de voir Johanne donner un coup de main pendant les activités organisées par l’Association franco-yukonnaise ou à l’École Émilie-Tremblay.
C’est en 2011 que Johanne Veillette prend la décision de quitter le territoire afin de retourner seule à Trois-Rivières au Québec alors que sa mère venait de quitter ce monde. De plus, elle réalise qu’elle est usée par la noirceur et le froid des hivers yukonnais. C’est le temps de faire ses adieux.
Aujourd’hui à la retraite, elle se tient bien occupée avec ses sorties à vélo ou à pied et son bénévolat auprès des nouveaux immigrants. Johanne est quatre fois grand-maman et deux de ses enfants habitent toujours au Yukon. « Le Yukon m’a beaucoup apporté, par sa nature pure et sa culture. C’était un endroit incroyable pour élever ses enfants, les rendre débrouillards dans la vie. Je m’ennuie beaucoup de la nature yukonnaise, mais décidément pas de sa noirceur l’hiver! »