Avez-vous pu accéder à une salle de bain propre et sécuritaire aujourd’hui? Si oui, vous avez de la chance : vous faites partie de la moitié de l’humanité qui dispose de ce privilège.
En effet, selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), 3,5 milliards de personnes vivent sans accès à des toilettes salubres et sécuritaires. À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, penchons-nous – ou plutôt, assoyons-nous – sur ce sujet fondamental.
Quoi de plus banal dans nos vies confortables que d’accéder facilement à une salle de bain?
Véritables havres de paix pour certaines personnes, qui s’y enferment des heures durant pour améliorer leurs compétences en sudoku ou fuir l’agitation familiale, et dignes des meilleurs spas pour d’autres, qui y installent douchettes et sièges chauffants, nos toilettes font rarement l’objet de discussions en société.
Elles font partie de ces sujets dont on parle peu, si ce n’est pour quelques blagues en fin de soirée ou pour se plaindre d’un abattant non baissé.
Pourtant, à l’échelle mondiale, le sujet n’a rien de drôle ou de futile. La contamination de l’eau, la déficience des systèmes d’assainissement et le manque d’hygiène sont à l’origine de la mort de quelque 1 000 enfants de moins de 5 ans chaque jour.
Il s’agit donc d’un enjeu majeur de santé publique dont il est important de parler.
Impact disproportionné sur les femmes
Imaginez-vous devoir parcourir chaque jour des kilomètres pour trouver un endroit décent et sécuritaire pour vous soulager.
Ou devoir faire face à des situations dangereuses, comme du harcèlement sexuel, chaque fois que vous vous rendez dans les toilettes partagées de votre village.
Ou encore, risquer de contracter une maladie mortelle telle que le choléra ou des parasites intestinaux à cause d’installations sanitaires défectueuses et inadaptées dans votre lieu de vie.
Ceci est la réalité de nombreuses femmes et jeunes filles de partout dans le monde, touchées de manière disproportionnée par les conséquences d’un manque d’accès aux services d’hygiène. Cette situation peut avoir de graves conséquences sur leur santé, sur leur dignité et sur leurs chances de réussite.
En l’absence de toilettes dans les écoles, par exemple, les filles peuvent être obligées de manquer les cours pendant leurs règles, ce qui peut ainsi compromettre leur accès à l’éducation.
Aussi, comme le révèlent les chiffres de l’OMS et de l’UNICEF, dans 7 cas sur 10, les foyers sans point d’eau à domicile – une réalité pour 1,8 milliard de personnes dans le monde – s’en remettent aux femmes et aux filles pour la collecte de l’eau.
Celles-ci doivent parcourir des distances importantes pour s’acquitter de leur tâche, ce qui réduit le temps qu’elles peuvent consacrer à l’éducation, au travail ou aux loisirs, et perpétue le cycle de la pauvreté. Elles s’exposent également à de nombreux dangers lors de leurs déplacements.
Une question de dignité
Même chez nous, au Canada, l’accès à des toilettes propres et sécuritaires peut se révéler un défi. Pensons notamment aux femmes sans-abri, qui doivent faire face à des obstacles uniques en matière d’hygiène et de dignité, ou aux personnes porteuses d’un handicap.
En mettant l’accent sur l’amélioration de l’accès à des installations sanitaires adéquates pour tout le monde, et en particulier pour les femmes et les filles, la Journée mondiale des toilettes contribue à sensibiliser à ces questions et à promouvoir des solutions inclusives.
Il s’agit d’une question de dignité, d’égalité des genres et de respect fondamental.
Originaire de Belgique, Julie Gillet est titulaire d’une maitrise en journalisme. Militante éprise de justice sociale, elle travaille depuis près de quinze ans dans le secteur communautaire francophone et s’intéresse aux questions d’égalité entre les genres. Elle tire la force de son engagement dans la convergence des luttes féministes, environnementales et antiracistes. Elle vit aujourd’hui à Moncton, au Nouveau-Brunswick.