le Dimanche 8 décembre 2024
le Jeudi 23 novembre 2023 7:43 Chroniques

Crise des médias : le fédéral doit agir

Les radios communautaires du Québec et du Canada français demandent aux gouvernements d’agir dans la protection de l’information. — Photo : Pixabay
Les radios communautaires du Québec et du Canada français demandent aux gouvernements d’agir dans la protection de l’information.
Photo : Pixabay
LIBRE OPINION – Les stations de radio communautaires de la francophonie canadienne et du Québec se sont rassemblées dans le cadre des Jours de la radio, les 10 et 11 novembre derniers à Québec, afin d’échanger, de trouver collectivement des solutions, d’innover, de collaborer, et ce grâce à une panoplie d’experts au pays et d’ailleurs dans le monde. En pleine crise des médias, il y a certes de l’inquiétude, mais surtout des questions envers la classe politique qui fait partie à la fois de la solution et du problème.

Pendant plusieurs années, les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas toujours pris conscience de l’importance des investissements publicitaires et de la mécanique derrière ses achats.

Au Québec, le gouvernement a passé un décret en février 1995, promettant d’investir 4 % annuellement au sein des médias communautaires québécois. Cet ajout a permis une plus grande équité envers la population, permettant la diffusion de messages publicitaires dans l’ensemble des régions pour que les résidents des villes et des régions puissent avoir accès à ses messages d’intérêt public.

Au sein du gouvernement fédéral, il n’existe aucune mesure de la sorte et les Canadiennes et Canadiens, de partout au pays, se sont retrouvés avec des budgets publicitaires profitant à des entreprises étrangères, provoquant une sortie des capitaux au lieu de créer des emplois et des services dans nos communautés.

Cette mesure d’établir un seuil minimum de l’investissement publicitaire gouvernemental vers les médias communautaires de partout au pays devrait s’imposer sur la scène fédérale.

C-18 manque de sens pratique

Le gouvernement Trudeau semble impuissant, sans véritable plan ni de connaissance du terrain.

Le projet de loi C-18 est un bel exemple. Le principe derrière cette loi est noble, mais la belle naïveté de croire qu’un tel projet allait rapidement et concrètement se mettre en place provient d’une déconnexion totale du terrain. Oui, il y a eu des concertations, mais l’idée du gouvernement Trudeau manquait visiblement d’un sens pratique et d’une vision des conséquences.

Tout en restant solidaires du principe derrière C-18, nous constatons que le gouvernement n’avait pas pensé aux conséquences que peuvent avoir des médias locaux et sa population qui a souvent besoin de l’information rapidement, dans des situations d’urgence, telles que des inondations ou des feux de forêt.

Nous avons salué le gouvernement fédéral et certaines provinces ainsi que certaines municipalités d’avoir décidé d’arrêter d’investir dans Meta, mais il y a eu un manque de planification pour la suite. Chaque jour, les stations de radios communautaires au pays reçoivent des commentaires de la part de leurs auditeurs et lecteurs qui demandent pourquoi les médias ne sont plus sur Facebook et Instagram. Les stations ont des messages en ondes, mais de là à avoir à expliquer continuellement C-18, démontre toute la faiblesse du plan.

Campagne de sensibilisation urgente

Nos deux associations, représentant 65 stations de radio au pays, demandent plus que jamais qu’une campagne de sensibilisation auprès de la population soit mise en place.

Nos deux associations ont d’ailleurs eu des conversations avec des députés de partout au Canada, qui questionnent eux-mêmes leurs actions. « On a peut-être agi trop rapidement », nous disent certains. À preuve, à voir certains partis politiques et élus à continuer à investir argent et temps dans les plateformes de Meta, on se retrouve avec des réflexes qui perdurent. Certains élus préfèrent encore continuer à nourrir Facebook que de communiquer avec leurs médias locaux qui, pourtant, représentent l’intérêt du public.

Les stations de radio communautaire sont devenues, dans les dernières années, des producteurs importants de nouvelles locales autant à la radio que par l’écrit grâce au Web. Les plateformes de Meta permettaient de rendre le contenu plus accessible, surtout lorsqu’il y avait des situations d’urgence climatique.

À la veille de la menace de Google d’imiter son collègue de Meta, il est plus que temps que le gouvernement fédéral se penche sur les actions à entreprendre et les moyens à déployer. Nos collectivités francophones hors Québec et les communautés de partout au Québec veulent continuer à s’entendre et à avoir accès à de l’information de proximité.

Soyons tous conséquents, entreprenons les actions qui s’imposent.

Alex Schmitt est président de l’ARC du Canada et François Carrier est le président de l’ARCQ.


 

Fondée en 1991, l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC du Canada) regroupe 28 radios communautaires de langue française en situation de minorité au pays. L’Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec (ARCQ) a été fondée en 1979 et compte 37 membres. Les stations membres de ses deux associations emploient près de 600 personnes avec un chiffre d’affaires de plus de 30 millions de dollars et un auditoire combiné dépassant largement le million d’auditeurs chaque semaine, selon les données et plus récentes études de StatsRadio.