Après un été autant rempli de vents contraires et de catastrophes climatiques, force est de constater que Mère Nature reprend ses droits sur tous nos plans. Qu’est-ce qui se passe pour que notre boule terrestre chamboule en de si grands bouleversements? Feux de forêt dévastant autant les îles au Sud que les villes et villages au Nord, chaleurs extrêmes en des régions jadis tempérées, inondations meurtrières partout sur tous les continents, ouragans dévastant des quartiers entiers, autant de renversements climatiques que notre belle boule bleue déverse sur nos têtes. Autant d’appels pour notre humanité à nous interroger sur de nouvelles façons de vivre en communion avec la nature et entre tous ses membres.
Le prophète Élie a lui aussi cherché à comprendre ce qui lui arrivait quand il s’est retrouvé au fond de sa caverne existentielle, comme nous devant notre cul-de-sac climatique. Alors qu’il se sentait abandonné, il entendit à même les profondeurs de sa prière le message que son Dieu va passer : « À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie sortit et se tint à l’entrée de la caverne. »
Tous ces bouleversements climatiques nous invitent à retrouver le souffle de cette brise légère qui respire en nous, à même les tempêtes rencontrées dans nos vies. De la même manière que sous les apparences de typhons en surface de l’eau la mer garde son calme en ses profondeurs, notre humanité doit chasser ses peurs pour vivre ses tempêtes une vague à la fois. Telle cette leçon de sagesse racontée par un capitaine de bateau : « C’est la peur qui m’a fait chavirer dans mon naufrage. La peur m’a paralysé devant ce que je devais faire. Une tempête se vit une vague à la fois. Une vague à la fois, je me dois d’ajuster mon bateau dans le bon angle, sinon je me fais engloutir, non pas par les grands vents, mais par mes peurs qui m’aveuglent, me rendent sourd et qui me font couler en dehors de mon moment présent. »
Sans le savoir, ce capitaine relate l’expérience d’un Jésus qui marche sur les eaux (M t 14,22-33) pour rejoindre ses disciples qui se font brasser dans leur barque par des vents contraires. Jésus ne calme pas d’abord les vents, mais interpelle les naufragés et les invite à la brise légère de la confiance : « Confiance, c’est moi, n’ayez plus peur. » De même aujourd’hui, il nous invite à marcher sur les eaux troubles de tant de personnes déplacées ou sinistrées pour leur redire concrètement cette confiance, par nos gestes de solidarité, d’accueil, d’ouverture, d’entraide, de réconfort. La petite voix d’amour divin qui passe en nous comme un courant de fond redonne à notre humanité cette capacité de marcher sur les eaux troubles de nos bouleversements pour calmer les vents de fatalité et de pessimisme causés par nos peurs.
Sortons de nos cavernes de peurs et traversons les vents contraires, une vague à la fois, un instant à la fois! Vivons ces bouleversements comme des douleurs d’enfantement, un élan de confiance à la « foi », nous rappelant que nous ne sommes plus seuls en Celui qui veut sans cesse nous accoucher à une humanité nouvelle, une terre nouvelle et un monde nouveau!