Qu’est-ce qu’une personne aidante?
Au Canada, 1 personne sur 4 âgée de 15 ans et plus occupe le rôle d’aidant·e. Ces personnes dites aidantes apportent un soutien significatif, non rémunéré, à un·e membre de leur entourage en situation d’incapacité temporaire ou permanente et avec qui elles partagent un lien affectif, qu’il soit familial ou non. Bien que les termes proche-aidant·e ou aidant·e naturel·le soient encore répandus, il est préférable de dire personne aidante par souci d’inclusion. Après tout, certaines ne sont pas si proches de la personne aidée, et leur rôle ne s’effectue pas nécessairement par la nature des choses.
Pleins feux sur elles…
En 2018, ce sont 54 % de femmes contre 46 % d’hommes qui déclaraient prodiguer des soins à un·e membre de leur entourage. Même si l’écart de proportions selon le genre ne semble pas si important à première vue, les répercussions négatives de ce rôle affectent davantage les femmes à plusieurs niveaux.
En matière de temps consacré à aider une personne de l’entourage, 28 % des femmes offrent 10 heures ou plus contre 22 % des hommes. Pourtant, elles sont presque aussi nombreuses (49 %) que les hommes (51 %) à occuper un emploi ou travailler à leur compte. Le temps est une valeur qui n’a pas de prix : les femmes en offrent davantage puisque les paradigmes patriarcaux en place dans nos sociétés leur ont appris à donner sans compter, à prendre soin sans se soucier de soi. Il y a bon nombre de livres sur le sujet, notamment Le Care chez les éditions du remue-ménage… D’ailleurs, saviez-vous que la prestation de soins non rémunérés prodigués par les femmes du monde entier s’élèverait à 10,8 milliards de dollars par année?
… Et à quel prix?
Selon une donnée du Conseil du statut de la femme, la gent féminine a été plus nombreuse (1 240) à avoir bénéficié de prestations fédérales de compassion que son homologue masculine (519) en 2016 – 2017. Ce sont plus de 200 000 $ qui ont été octroyés aux personnes aidantes en crédits d’impôts fédéraux, mais les hommes recevaient un montant plus élevé (environ 500 $ de plus) que les femmes, et l’écart entre les genres augmentait selon les tranches d’âge des bénéficiaires.
L’enjeu ici est de reconnaître l’aberration du manque de soutien de nos systèmes en place pour toute personne aidante au Canada, en tenant compte des écarts entre les genres désavantageant disproportionnellement la vie des femmes.
Il est aussi incroyable de constater que sans le travail non rémunéré des personnes aidantes au Canada, il en coûterait jusqu’à 10 milliards de dollars par année et nécessiterait plus d’un million de spécialistes à temps plein pour remplacer tout le temps qu’elles offrent à leurs dépens. Être une personne aidante, c’est aussi sacrifier sans le savoir de 4 à 8 ans la durée de sa vie.
Merci à toutes les personnes aidantes qui se reconnaissent (ou pas encore) : votre dévouement n’est pas invisible.
Emilie Major-Parent est responsable des communications pour l’organisme Les Essentielles.