Cette année, la course a représenté un certain défi pour les personnes organisatrices puisqu’un accident impliquant un bus touristique sur la route du Klondike Sud (KM 53), la veille de l’événement, a entraîné l’annulation des étapes 1 à 3 du relais.
Cet imprévu n’a pourtant pas empêché une poignée de courageux et courageuses à faire le parcours en solo. Soit 71 km et quelques au total. Qu’est-ce qui pousse ces personnes à parcourir de longues distances seul.e.s?
De nombreuses courses à travers le monde testent durement l’endurance des sportifs et sportives, comme des courses dans le désert, des ultra-trails en montagnes, des trajets de vélo interminables ou, encore, des nages en eau libre. Citons en exemple la course Barkley s’étendant sur 160,9 km. Celle-ci se déroule chaque année dans l’État du Tennessee, aux États-Unis. Du fait de l’importance de son dénivelé et de ses règles peu communes, cet ultra-trail est réputé comme l’une des courses les plus difficiles au monde.
Pourquoi vouloir se dépasser autant? Quels sont les secrets de cette endurance, pourrait-on se demander?
Éprouver du plaisir, tout simplement. C’est ce qui ressort des discours des participants et participantes des Jeux du Canada 55+ qui se sont déroulés du 27 au 30 août dernier. Une délégation yukonnaise de 162 athlètes âgé.e.s de 55 ans et plus a porté fièrement les couleurs du Yukon dans la ville de Québec. Aimer le sport avant tout et éprouver du plaisir à le pratiquer. Il s’agit d’une expérience en soi, d’une occasion de voyager pour certains et certaines ou, encore, de rencontrer de nouvelles personnes.
Lors de la course du Klondike, les membres des équipes se relayent. On compte sur le prochain coéquipier ou la prochaine coéquipière pour arriver à l’étape suivante, puis enfin à la ligne d’arrivée. L’énergie des uns accroît l’énergie des autres. Ce genre d’expérience donne de l’énergie, de l’adrénaline. C’est un cercle vertueux qui nous encourage à continuer.
On peut aussi courir pour l’atteinte d’un défi personnel, une cause ou, parfois, pour un ou une proche disparu.e. La force du mental est un puissant moteur pour endurer ces courses qui peuvent déboucher à la réalisation d’exploits que l’on ne pensait pas réaliser.
Faire partie d’une équipe de sport ou de travail, sentir que chacun et chacune y met du sien et souhaite la réussite d’un projet et l’atteinte d’objectifs nous porte et nous donne l’énergie d’aller plus loin. Partager une passion commune, avoir les mêmes valeurs, par exemple, nous procure de la joie et de l’enthousiasme. Cette énergie et cette force se révèlent contagieuses. On peut compter également sur le soutien de ses ami.e.s, de son conjoint ou de sa conjointe, de sa famille qui vont nous remonter le moral, nous aider à garder la pêche et le sourire. Bref, de gravir la montagne ensemble en quelque sorte. C’est aussi aller dans la même direction et sentir que nous ne sommes pas seul.e.s. Ce dépassement de soi, on a pu le voir aussi lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été.
Ce défi de l’endurance, on le vit également au quotidien. Qu’est-ce qui nous pousse par exemple à nous lever chaque matin de notre lit, jour après jour?
Pour atteindre certains objectifs, on peut suivre un plan et le fractionner en étapes pour y parvenir. Ces objectifs nous paraissent ainsi plus accessibles. Se donner des objectifs réalistes, avancer pas à pas, reconnaître le chemin parcouru, se féliciter pour les étapes franchies, car ce n’est pas toujours facile de garder le cap. Savoir savourer aussi notre situation présente.
Dépasser ses limites oui, mais attention, sur le long terme, ça peut faire mal. Il est important de connaître ses limites pour éviter les blessures physiques, mais pas seulement. Le burnout frise parfois. Rechercher un équilibre – se donner, mais combien, là est la question. On peut trouver cet équilibre auprès de ses proches. Prendre soin de soi, savoir dire stop et refuser même si cela est difficile et se rappeler le fameux proverbe d’intelligence collective : « Seul.e, on va plus vite. Ensemble on va plus loin. »
Bref, l’endurance, c’est ne jamais baisser les bras, car la victoire se célèbre peu importe le niveau, que l’on ait sa place ou pas sur le podium. L’important est de garder du plaisir à faire ce que l’on fait et de ne pas oublier pourquoi on le fait.