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le Mercredi 19 février 2014 10:38 Opinions

Sourdough en devenir

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Lorsque je suis arrivé au mois d’octobre, tout le monde me disait que le Yukon entrait dans une période plus triste, mais que je devais être patient, que le beau temps s’en venait. Et, pour plusieurs, ça ne faisait pas référence à l’été, mais au mois de février alors que les jours commencent à allonger et que l’esprit festif gagne le territoire. On m’a vanté le Sourdough Rendezvous, sa joie de vivre, sa folie même. Et bien, nous y sommes!

Avant de vivre au Yukon, j’ignorais le sens des mots « Sourdough » et « Cheechako ». En fait, je ne les avais même jamais entendus. Mais bon, force est de constater que malgré mes efforts pour me faire pousser la barbe, je suis un Cheechako. Si j’ai bien compris, ce terme, qui signifie nouveau venu dans une langue amérindienne (j’ignore laquelle), va me coller à la peau pendant un an. Même que certains disent qu’après avoir passé mon premier hiver en sol yukonnais (dans six ou sept mois, ajoutent-ils avec un air narquois), je serai enfin du Sourdough, un terme qui tire son origine du passé pionnier et qui fait référence à la fermentation du levain. Ce serait surtout une façon de décrire le « vrai » Yukonnais.

Avec le Sourdough Rendezvous, j’ai pu découvrir un côté que je ne connaissais pas du « vrai » Yukon : son humour. En effet, derrière sa grosse barbe, son air grave et ses habits de chasse, le Yukonnais est surtout un bon vivant. Et on sent cette folie, proche de l’esprit des cabarets, planer sur toute la ville lors du Rendezvous. Juste le choix des activités donne le ton. Mon coup de cœur va au jeu de quilles avec des dindes gelées.

Je suis allé faire un tour sur la Main samedi avec ma petite famille. C’était bien de voir la population se réapproprier la rue principale. Avec mes jeunes enfants, il y avait des jeux en masse. On a raté les balles de ping-pong lancées des hauteurs, mais les petits ont vu leur père s’humilier au lancer de la dinde gelée… avant de faire nettement mieux que leur paternel au lancer du poulet gelé. Les héritiers ont apprécié les amuseurs publics et les autres activités, même s’ils ont eu de la difficulté à voir les concours de mangeurs de hot-dogs et de tartes. Mais ils ont surtout aimé la bataille de peinture sèche. C’était fascinant de voir toute cette couleur dans les airs, sur le sol et sur les participants. Comme une toile vivante qui se dessinait sous nos yeux. Les petits auraient aussi aimé faire un tour de traîneau à chiens, mais ils n’étaient pas les seuls et il ne restait plus de place. Ce n’est que partie remise pour la semaine prochaine. Même le beau temps s’est mis de la partie. Bien que les plus pointilleux pourraient ajouter qu’il ventait beaucoup. Mais je ne peux me plaindre… je ne suis qu’un Cheechako.

Pour ce qui est des activités de fin de soirée, ce sera pour la semaine prochaine. Parce que Cheechako ou Sourdough, j’ai trois petits loups que je devais ramener à la maison.

Et les festivités se poursuivent de plus belle cette semaine. D’ailleurs, du 21 au 23 février, ce sera le temps de se sucrer le bec à la cabane à sucre.

Seul petit bémol : même si le festival célèbre son cinquantième anniversaire, il n’y a toujours pas de programmation en français. Il serait temps que la francophonie prenne une plus grande place dans cet événement. Mais bon, je ne suis qu’un Cheechako, qu’est-ce que j’en sais…