J’ai appris avec stupéfaction la position du gouvernement du Québec devant la Cour suprême en ce qui concerne la gestion des écoles par les minorités francophones du reste du pays. En effet, par l’entremise de sa ministre de la Justice Stéphanie Vallée, Québec a signifié son refus d’appuyer des communautés francophones hors Québec. Cette attitude risque de contribuer à la précarisation de ces communautés en venant compliquer l’entrée de nouveaux étudiants dans leurs établissements scolaires.
L’argument de Québec est basé sur la crainte que cette décision vienne favoriser le droit à l’instruction en anglais en sol québécois et demande l’application stricte de l’article 23 de la Charte des droits et libertés. Pourtant, des gens comme Marie-France Kenny, la présidente des communautés francophones et acadienne estime que « … des mécanismes existent, dans la charte, afin que le Québec préserve sa spécificité sans nuire aux communautés francophones en milieu minoritaire. » En agissant de la sorte, le Québec met des bâtons dans les roues de six groupes francophones qui exercent un recours afin de se donner les outils pour favoriser l’enseignement en langue française dans le reste du pays. Drôle d’attitude à avoir pour une province qui est supposée être le château fort de la francophonie en Amérique. En tant que francophone et représentant élu, il est inadmissible pour moi d’endosser pareil comportement sans réagir. Agir de façon à diviser les communautés francophones est une grave erreur. Il nous faut nous opposer de toutes nos forces à ce comportement égoïste et rétrograde qui risque de mettre en danger la survie de certaines communautés francophones.
Appel à l’unité
Il ne faut pas se borner à une défense sélective de la francophonie en Amérique en la limitant au Québec seulement. Agir ainsi se résume à nous couper d’une partie de nous-mêmes. Nous nous devons de nous unir plutôt que de nous affronter. Nos communautés doivent former un seul corps. Un lien historique et culturel sous-jacent associe naturellement tous les francophones d’Amérique du Nord. Afin qu’il se révèle, il nous faudra travailler à développer de meilleurs liens de coopération entre toutes les communautés francophones du pays et par la suite, de tout le continent nord-américain, afin d’ouvrir nos horizons et de créer une francophonie forte, épanouie et en santé. Cette ambition doit tous nous habiter en tant que frères et sœurs qui ont œuvré pour le développement de ce territoire.
Le fait français est présent partout en Amérique du Nord. Aux États-Unis, l’enseignement du français comme langue seconde connaît un engouement marqué ces dernières années. Au fil de l’histoire, ceux que l’on appelait les Canadiens français ont largement peuplé le nord du continent américain. En 1867, date de naissance de la fédération canadienne, plus de 360 000 Canadiens français habitaient la Nouvelle-Angleterre. Le recensement américain de 1870 faisait état de 493 464 immigrants francophones en provenance du Canada. Parmi ce nombre, de 40 à 50 % provenaient du Québec. De la Louisiane en passant par la Nouvelle-Angleterre, le Vermont, le Maine et toutes les provinces canadiennes, on y parle français.
Les francophones du Québec ne sont pas les seuls à avoir promu et défendu la langue de Molière en Amérique. Au Canada, l’unité et la résilience des communautés francophones leur ont permis de survivre à travers le temps malgré des attaques répétées comme ce fut le cas avec la Loi sur les écoles du Manitoba (1890) ou le Règlement 17 en Ontario (1912). Au travers toutes ces luttes, un lien nous unit. C’est pour cette raison que nous devons travailler tous ensemble à faire rayonner notre langue et les différentes cultures qui en ont émergé. Oui à l’unité des communautés francophone en Amérique!
Jean-François Larose
Député fédéral de la circonscription de Repentigny, Québec