Une amie visitée au centre Copper Ridge nous a quittés. Andrée Jérôme-North est décédée le 14 octobre à l’âge de 89 ans. Un portrait sur sa table de chevet caractérise, pour moi, sa vie. C’était une photo de sa jeunesse à Montréal, grand sourire, portant des gants blancs. Montréal a toujours été liée à son attachement à la francophonie; le grand sourire, à son bonheur de rencontrer les gens; et les gants blancs de communion solennelle, à sa foi catholique profonde. C’est par ces trois aspects de sa vie que j’ai connu Andrée, à travers son travail à l’Association franco-yukonnaise (AFY) comme directrice générale en 1986 et 1987, puis comme membre dans le Comité francophone catholique naissant.
Andrée naît à Montréal le 27 février 1934. Elle épouse Erik Sweeney, Irlandais de Châteauguay, avec qui elle aura une fille et cinq garçons. Électricien, Erik travaille dans le monde des mines. En 1962, la famille commence alors un long trek à travers le Canada : Rivers, Manitoba, White Rock, Kitimat, Fraser Lake en Colombie-Britannique, et finalement à la mine de Faro au Yukon en 1970.
Andrée s’installe à Whitehorse en 1976. En secondes noces, elle épouse Dick North, historien émérite et fondateur du musée Jack London de Dawson City. Son fils Derek Sweeney raconte : « Andrée avait le sens de l’organisation. Dick empilait pêle-mêle les documents trouvés. Andrée se livrait alors à l’identification et au classement des documents ainsi qu’à la relecture des écrits de Dick. Ils se complétaient bien. »
Andrée laisse en deuil de nombreuses connaissances qu’elle a charmées par son sourire et sa générosité. « Andrée était une personne souriante, sociable et très volubile. Lorsqu’elle demeurait tout près du Collège Yukon, j’allais souvent la chercher le dimanche, faute de service d’autobus, pour l’amener à la messe. Elle me racontait tout ce qu’elle avait fait durant la semaine. Elle était très fière de ses souches francophones », raconte Hélène Lapensée.
Claude Gosselin ajoute : « De son salon à Dawson City à sa chambre de Macaulay Lodge, Andrée est demeurée fidèle à elle-même : femme de foi, elle priait son Dieu comme elle respirait sa vie, humblement et avec confiance; femme de communauté, elle se réjouissait de tous les rassemblements francophones qui lui redonnaient des airs de famille; femme enjouée, son sourire reflétait autant l’accueil et le désir de la rencontre que l’expression sincère d’une joie profonde. Je me rappelle cette anecdote qui la décrit si bien dans son authenticité : devant sa bonne santé et sa belle vitalité de ses 80 ans, alors que je me surprenais qu’elle ne prenne que trois médicaments par jour sans pour autant avoir une maladie apparente, je lui demandai pourquoi elle les prenait, sa réponse fut déconcertante : “La première pilule, c’est pour la mémoire, et les 2 autres… je ne m’en souviens pas!” Et son rire d’alors résonne encore en moi comme un grand éloge à la Vie qui me redit : “Je suis VIVANTE et c’est ce qui compte”! Merci, Madame North, vous serez éternellement mon Étoile du Nord! »
À lire aussi, notre portrait du 6 mars 2013. Nous souhaitons vous le repartager en hommage à Andrée North.