Un projet propulsé par le dévouement de bénévoles
« Le club a commencé à offrir des cours en hiver 2022 », raconte Scott Dudiak, ancien escrimeur de l’équipe nationale du Canada et président du club d’escrime Midnight Sun.
« J’ai déménagé au Yukon en 2020 et j’adorais la communauté, mais c’était l’un des rares endroits au Canada sans club d’escrime. Ayant [pratiqué l’escrime] toute ma vie, c’était vraiment dommage. J’ai vu la Ville de Whitehorse annoncer un nouveau financement pour les loisirs et j’ai pensé que je pourrais ainsi offrir un cours d’escrime aux enfants, mais je n’avais aucune ambition au-delà. J’ai donc créé le club en tant qu’organisation à but non lucratif et j’ai demandé un financement pour acheter du matériel d’escrime. J’ai réussi à obtenir des fonds et j’ai commencé à organiser ma petite classe. »
Rapidement, Scott Dudiak est approché par James McCullough, désireux d’embarquer dans l’aventure. Celui-ci avait jadis animé un club d’escrime à Whitehorse dans les années 1990, mais le projet était tombé à l’eau à cause d’un nombre d’inscriptions trop bas. « Avec l’implication de James, c’est devenu notre ambition commune et nous avons rapidement cherché à transformer le club en une communauté à part entière. Ainsi, d’une classe pour enfants à aujourd’hui, nous avons désormais des cours 3 soirs par semaine et avons également un nouvel entraîneur adjoint. Nous sommes tous bénévoles et notre objectif est de construire une communauté inclusive et amusante pour tous les âges. »
Une discipline riche d’histoire
Originellement un type d’entraînement militaire datant de l’antiquité, l’escrime a beaucoup évolué et consiste maintenant en un sport de combat où l’objectif est de marier agilité et stratégie afin de réussir à marquer des points.
Portant habituellement un masque, des gants, une veste et un plastron, les athlètes s’opposent et s’esquivent en maniant prestement l’épée, le fleuret ou le sabre.
Cette discipline présente plusieurs défis physiques autant que psychologiques. « Il faut [toujours] anticiper les mouvements et prévoir ce que l’adversaire va faire, pour réagir au bon moment. C’est assez complexe, mais ça s’apprend », explique Adrien Grégoire, jeune escrimeur et membre du club Midnight Sun. Pour lui, les qualités nécessaires pour pratiquer l’escrime sont l’anticipation, l’explosivité, et la persévérance : « Parfois, c’est un peu démotivant, mais il faut persévérer et continuer jusqu’au bout. »
Ryan McLennan, entraîneur adjoint au club, rajoute qu’une quantité formidable d’énergie est déployée durant un duel : « Pour certaines personnes, c’est comme un jeu vraiment actif d’échecs […] Mais c’est très bon pour la santé, parce que ça prend beaucoup d’énergie. » Et finalement, Isla Poitras, jeune escrimeuse au club, affirme que l’activité requiert beaucoup d’endurance : « Au début [quand on apprend], ça peut faire mal, et on se fait beaucoup de bleus! »
Pour tous les niveaux
Non sans ses défis, l’escrime demeure un sport très accessible, où tout s’apprend. Et pour le club Midnight Sun, d’offrir aux membres de la communauté l’occasion de tenter leur chance en escrime demeure fondamental : « C’est pour tout le monde […] On laisse venir [aux cours et aux entraînements] ceux qui sont juste curieux et qui veulent voir ce qu’est ce sport. On fait aussi des salles ouvertes les dimanches, où les gens qui veulent savoir c’est quoi ce sport peuvent prendre une leçon avec James [McCullough] ou Scott [Dudiak] et voir si ça les intéresse […] On veut donner une chance aux gens d’essayer, de voir s’ils aiment ça », décrit Ryan McLennan.
Pour partager la fièvre du sport des mousquetaires, le club Midnight Sun promeut ses cours sur sa page Facebook et par le bouche-à-oreille. Le club offre des cours pour véritablement tous les niveaux. Isla Poitras affirme d’ailleurs que toute sa famille l’a suivie en commençant des cours d’escrime à son tour, ses deux parents comme sa petite sœur. Les athlètes sont unanimes sur une chose : les cours se déroulent dans une ambiance saine de joie et d’amitié. « Tout le monde est sympathique, respectueux, et tous essaient de s’entraider, de se donner des trucs. Même si on est en train de se combattre, on reste quand même tous des ami·e·s, et on s’entend tous très bien », décrit Adrien Grégoire.
En garde pour la suite!
Maintenant qu’ils ont jeté les bases de leur club, Scott Dudiak, Ryan McLennan et James McCullough ont les yeux rivés vers le niveau compétitif. « [James McCullough et Scott Dudiak] veulent vraiment commencer à organiser des compétitions à Whitehorse. Ils veulent aussi vraiment entraîner les jeunes intéressé·e·s pour des compétitions à l’extérieur [du Yukon]. Il y a aussi des camps d’entraînement pour l’escrime un peu partout au Canada auxquels ils voudraient aussi participer », révèle Ryan McLennan.
Avec déjà quelques recrues pour la compétition, l’avenir promet d’être étincelant. Cependant, les entraîneurs ne mettent pas tous leurs sabres dans le même panier. Leur priorité reste de s’amuser et d’essayer de nouvelles choses.
Pour Scott Dudiak, la communauté et les souvenirs vécus en chemin restent les acquis les plus précieux de sa carrière : « Les médailles et les voyages ont été une opportunité incroyable, mais le véritable cadeau, ce sont les mentors et les ami·e·s pour la vie que je me suis faits dans cette communauté. »