Amélie Guilbeault
Depuis toute jeune, Amélie Guibeault s’impose une discipline de fer pour pratiquer la gymnastique compétitive avec Les Polarettes. Il y a trois ans, elle a rangé son justaucorps pour se consacrer à d’autres disciplines sportives dans lesquelles les compétences physiques qu’elle a développées durant sa jeunesse seraient utilisées à bon escient. À maintenant 15 ans, la jeune fille s’investit désormais dans l’athlétisme et les sports arctiques.
Pour sa première participation aux Jeux d’hiver de l’Arctique en février dernier, elle remporte un Ulu d’or au saut de traîneau, une sorte de saut de haies à pieds joints. « J’ai sauté 99 fois », raconte Amélie avec fierté. Elle avoue néanmoins que son épreuve préférée est le coup de pied double (Two-Foot High Kick) où elle remporte un Ulu d’argent. « Les sports arctiques, c’est vraiment une belle communauté! On s’encourage les uns les autres, c’est très positif », explique-t-elle.
Amélie a découvert l’athlétisme sur le tard, grâce à la pandémie de COVID-19. « Il n’y avait pas grand-chose à faire, alors avec des ami·e·s, nous avons commencé à courir, tout le temps, et j’ai vraiment aimé ça », indique-t-elle. Débutant la pratique régulière de l’athlétisme au printemps 2022, elle se spécialise dans les disciplines de sprint (100 mètres, 200 mètres et relais). Dès août 2022, elle participe à ses premiers Jeux d’été du Canada. « Y’avait beaucoup de jeunes avec plus d’expériences que moi, mais je pense que j’ai bien fait. »
Amélie garde toutefois un pied dans la gymnastique. Si elle pratique une demi-journée par semaine grâce au programme sport-études de F.-H. Collins, elle est surtout devenue entraîneuse pour Les Polarettes de 3 à 12 ans. D’abord bénévolement, son implication hebdomadaire des samedis est dorénavant rémunérée.
« Le sport est une grande partie de ma vie. Sans lui, y’aurait comme un manque de communauté », conclut-elle.
Julianne Girouard
À 19 ans, Julianne Girouard achève une année de césure. Douze mois pour faire le point sur les études qu’elle souhaite poursuivre ensuite, mais surtout pour se consacrer à sa passion : le canoë-kayak. « La compétition et l’entraînement restent mes priorités. Je vais devoir trouver une université et un programme flexibles qui s’adaptent à mon emploi du temps », témoigne la jeune femme.
Sur l’eau depuis toute petite, notamment à l’occasion de voyages de canot-camping en famille, Julianne a une révélation lors de sa première course de vitesse. Alors âgée de onze ans, elle participe aux Jeux d’été de l’Ouest canadien et ne s’est plus arrêtée depuis. « J’aime la dichotomie du groupe, de l’équipe, du sport et de l’individu. Quand je suis dans le bateau, je suis dans ma bulle, dans mon monde », explique-t-elle.
Elle a pu évoluer dans la discipline grâce au soutien de ses proches : « Mon père m’a introduite au sport, puis a créé le club Flatwater North en 2016. Ma mère l’a aidé à le développer. Sans eux, leur soutien technique et leurs encouragements, je ne serais pas ici. » Et ici, au moment d’écrire ces lignes, c’est un camp d’entraînement intensif en Floride d’un mois et demi, avec une journée de repos par semaine et trois entraînements par jour.
Il faut dire que l’athlète est entièrement dévouée à sa discipline. « Les entraînements et le sommeil sont essentiels, mais la nutrition est l’élément clé […] Ça prend beaucoup de fortitude mentale pour arriver au niveau où je suis. Parfois, quand je manque de motivation, je me demande quels sont mes buts, pourquoi je fais tout cela… comme un encouragement interne. Et ça aide à continuer », avoue-t-elle.
Pour nourrir son rêve olympique, Julianne a cependant dû quitter le Yukon. En effet, elle a longtemps été la seule femme au territoire à pratiquer le canoë-kayak à haut niveau. Pour poursuivre sa carrière, il lui a fallu déménager au Québec afin de trouver des partenaires d’entraînement.
Lou Samson
Âgé de 19 ans, Lou Samson a quitté le territoire pour poursuivre ses études en architecture à Chicoutimi. Sous le drapeau yukonnais, il s’illustre en sports arctiques depuis plus de dix ans.
Lou a découvert les épreuves de sports arctiques à l’École Émilie-Tremblay, grâce à l’enseignante Caroline Thibault. En 2015, il finit à la première place au classement général de la compétition entre écoles yukonnaises, un résultat qui lui permet de recevoir une invitation aux Jeux d’hiver de l’Arctique de 2016. Depuis, Lou continue de s’entraîner et de participer aux compétitions dès qu’il le peut. « J’aime la grande diversité des épreuves. Elles nécessitent tantôt sauts, force ou endurance. J’aime surtout l’environnement. C’est une compétition, oui, mais il y a beaucoup d’entraide et de partage de conseils. Finalement, ça importe peu de quelle équipe tu viens! », indique le jeune homme.
Cette année, il a changé de catégorie pour évoluer en open (personnes âgées de 18 ans et plus). « C’étaient des compétitions de plus haut calibre, mais cela ne m’a pas empêché de battre presque tous mes records personnels, même sans remporter de médaille », livre-t-il.
Davantage occupé par ses études postsecondaires, Lou Samson n’a plus beaucoup de temps à consacrer à la pratique compétitive des sports arctiques. « Ça m’attriste, mais j’essaye de continuer quand mon emploi du temps me le permet en participant à de plus petites compétitions. À Chicoutimi, je fais du volley-ball et de l’escalade de blocs, mais pas au même niveau que les sports arctiques », résume-t-il.
Sasha Masson
Sasha Masson a chaussé ses premiers skis de fond vers trois ans. Dix-sept ans plus tard, il poursuit une carrière de haut niveau à l’international. Alternant études, compétitions et entraînements, le jeune homme affiche déjà un palmarès prometteur.
« Cette année, j’ai dû faire une semaine de cours en présentiel [il étudie en génie des eaux à l’Université Laval] et l’année dernière peut-être deux semaines… Ce n’est peut-être pas la vie habituelle d’un jeune adulte. Y’a sûrement des affaires que je manque, mais je gagne tellement de belles expériences avec le sport que je fais. Je l’ai choisie, cette vie-là », s’exclame-t-il d’entrée de jeu.
Si Sasha mentionne l’engagement de sa famille dans la pratique sportive – son père a été entraîneur en chef de l’équipe de ski de fond du Yukon pendant 28 ans –, c’est surtout la rencontre avec ses pairs qui l’a poussé à continuer sa pratique : « J’ai commencé en même temps qu’une gang de gars qui a été capable de s’entendre, de s’entraîner et de skier ensemble […] Y’en a encore qui sont avec moi dans l’équipe nationale! Finalement, le sport de haut niveau à un jeune âge, pour moi, ça a été un concentré de bons moments avec de bons amis […] Mais j’aime aussi l’esprit compétitif avec moi-même : sur la ligne de départ, c’est à moi individuellement de faire mon boulot. »
Sasha ne compte plus ses heures d’entraînement, été comme hiver. « Il faut travailler tous les aspects : le mental, le physique, la technique et la tactique. Il y a beaucoup d’éléments à considérer, mais ce qui est intéressant, c’est qu’il y a toujours quelque chose à faire pour s’améliorer », commente-t-il.
Comme beaucoup d’athlètes, Sasha Masson a en ligne de mire les prochains Jeux olympiques d’hiver, l’ultime compétition, celle où se développe un sentiment de fierté entre la communauté et lui. Il espère participer aux Jeux de Milano Cortina en 2026.