Si le changement climatique a été une source d’inspiration pour plusieurs des œuvres créées dans le passé, il n’a cependant pas toujours été au cœur du processus créatif de la troupe. « De façon générale, je dirais que nous nous inspirons des dynamiques sociales que l’on observe autour de nous », précise Valérie Herdes, membre de la troupe depuis ses débuts. « Ce sont des sujets un peu sombres, mais on inclut aussi des touches d’espoir. »
Genèse du projet
Devenue organisme à but non lucratif en 2014, la troupe a débuté ses créations dès 2013. « Le but était de créer une compagnie professionnelle de haut calibre qui serait respectée nationalement [la troupe s’est produite deux fois à Montréal et une fois à Toronto] », raconte Andrea Simpson-Fowler, productrice exécutive et réalisatrice. « Le fait de s’incorporer nous a permis d’obtenir des financements pour la formation et le développement. »
La formation a en effet tenu une place importante au début du collectif. Ses membres savaient danser, mais n’avaient pas encore touché au processus créatif. « Danser est une chose, chorégraphier en est une autre. Les jeunes [ont appris] à créer et à collaborer », explique Mme Simpson-Fowler.
Ce processus créatif est d’ailleurs toujours en développement. « Au début, confie Valérie Herdes, nous avions une approche entièrement collaborative où chaque membre avait la charge de segments de quelques minutes pour une même pièce. Maintenant, nous essayons d’instaurer une rotation pour qu’une seule personne soit responsable de tous les aspects créatifs. »
Les idées sont ainsi présentées au collectif, dont la membriété varie au fil des années et selon les pièces. Une fois validées par le groupe, elles sont prises en charge par une personne responsable des chorégraphies, des projections cinématographiques et de la musique. « Ça reste cependant une collaboration, complète Valérie Hardes. Le chorégraphe veut ressentir telle émotion ou avoir un mouvement qui tourne : et les danseurs proposent. »
Thématiques engagées
Pour Andrea Simpson-Fowler, le collectif se sert des expériences de la vie nordique isolée pour partager ses messages : « Les pièces retranscrivent le fait d’être un artiste de haut niveau au Yukon : la façon dont l’artiste perçoit son environnement et la façon dont ce dernier inspire son art. »
Ainsi, des sujets comme le suicide ou le sentiment d’isolement que l’on peut ressentir dans une communauté du nord du Canada ont été abordés par les artistes. « On veut souligner par exemple que le soutien d’une communauté est important dans les moments difficiles. On doit donc trouver un équilibre pour partager le message que l’on veut, sans que ce soit déprimant », complète Valérie Herdes.
Dans sa dernière œuvre abordant l’état actuel de la société par rapport au pillage de la Terre, Wake (2019), Borealis Soul explore le concept des boucles de rétroaction positive et la manière dont une petite perturbation dans un système peut provoquer un effet exponentiel.
L’art engagé est important pour Valérie Herdes : « Je veux utiliser ma voix artistique pour essayer de faire une différence dans le monde et pour encourager notre public à se questionner par rapport à certaines choses. »
Développement professionnel
La pandémie de COVID-19 a mis un frein aux représentations en présentiel, mais le collectif n’est pas resté inactif pour autant. Il travaille actuellement sur un projet cinématographique à 360 degrés, qui est en phase de postproduction.
Fin 2021, Borealis Soul a aussi achevé sa planification stratégique pour les cinq prochaines années, en plaçant sa priorité dans le développement professionnel. « Je suis encore en développement en tant qu’artiste. Je veux aller chercher des émotions très intenses chez le public pour transmettre mon message, en créant des scènes vraiment tristes ou épeurantes, par exemple », conclut Valérie Herdes.