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le Jeudi 19 mai 2022 5:00 Sports et loisirs

La quête du bien-être sur Compostelle

En 2021, Hélène Saint Onge décidait de marcher sur le camino del Norte, le Chemin côtier. — Photo : Bruno Baroni
En 2021, Hélène Saint Onge décidait de marcher sur le camino del Norte, le Chemin côtier.
Photo : Bruno Baroni
Pour la cinquième fois, Hélène Saint Onge se lancera sur les Chemins de Compostelle. En septembre prochain, elle marchera à nouveau le Chemin français afin de se replonger dans l’ambiance de la longue randonnée. Pour la pèlerine, ce n’est pas la randonnée en elle-même qui compte, mais tout ce qui l’accompagne.

Connus mondialement, les Chemins de Compostelle sont parcourus chaque année par des centaines de milliers de personnes. Peu importe le point de départ, nombreux en Europe, toutes les voies présentant des difficultés et des paysages différents mènent au même point : Saint-Jacques-de-Compostelle.

La voie la plus populaire reste le camino francés (le Chemin français) inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993 et emprunté par les deux tiers des personnes en pèlerinage.

Historiquement, Saint-Jacques-de-Compostelle a rejoint Jérusalem et Rome comme grand pèlerinage de la chrétienté en 1492. Pourtant, les raisons de marcher le Chemin sont propres à chaque personne : quête spirituelle, défi physique, découverte culturelle et historique, introspection ou voyage différent… c’est à soi de faire « son » chemin.

Pour Hélène Saint Onge, retraitée depuis sept ans, son premier pèlerinage était surtout l’occasion de se retrouver seule.

Une découverte au hasard

C’est en 1987 qu’Hélène Saint Onge découvre les Chemins. En voyage avec son compagnon et leur bébé de deux mois, la famille visite la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour la mère, c’est une révélation : « On était là, sur la place où arrivent tous les pèlerins. Ça m’a beaucoup touchée de voir arriver ces gens qui se sautaient dans les bras et qui éprouvaient autant de bonheur d’être enfin arrivés. Je me suis dit qu’un jour, moi aussi, je le ferais. »

Parcourir Compostelle s’est donc naturellement inscrit sur sa liste de souhaits. En 2015, elle a mis fin à sa longue carrière dans l’éducation en français à Whitehorse pour une nouvelle aventure : la retraite, l’occasion idéale pour dépoussiérer sa liste d’envie.

Elle a attendu 2017 pour marcher une première fois le Chemin français, un sentier d’environ 800 kilomètres qui relie Saint-Jean-Pied-de-Port à Compostelle : « Je voulais vraiment marcher seule. J’ai toujours été entourée – j’ai élevé mes quatre enfants et ai géré des équipes de plus de cinquante personnes – j’avais besoin d’être seule, de me retrouver et d’être ouverte à ce qui allait se présenter à moi. »

Un petit goût de « revenez-y »

Cette première expérience a été un vrai succès pour la jeune retraitée. « Ça m’a remplie de joie, ça m’a remplie de… je ne sais pas, mais ça m’a changé au niveau de qui j’étais. J’ai rencontré des gens formidables, certains avec qui je suis toujours en contact », confie Hélène Saint Onge.

La journée, elle marche pour la plupart du temps seule, mais en soirée, elle retrouve de nombreux pèlerins aux auberges ou monastères où elle s’arrête pour la nuit : « Le jour, c’était pour moi; le soir, c’était pour la rencontre de l’autre. Nous étions au même endroit au même moment, nous ne vivions pas les mêmes choses, mais nous étions ensemble et c’est cet esprit communautaire que je recherchais. Le Chemin nous rend beaucoup plus humains – on ne laisse pas un pèlerin en difficulté, et on retourne aux bases de l’humanité. »

Depuis, elle y est retournée trois fois et s’apprête à renfiler ses souliers de marche une cinquième fois en septembre prochain. Si la marcheuse affirme être bien au Yukon et adorer le territoire, sur le Chemin, pour elle, c’est différent : « L’état d’esprit que je retrouve sur le Chemin, je ne le retrouve nulle part ailleurs. C’est une quête du bien-être. »