Cela fait déjà cinq ans que l’idée d’un long voyage en Europe passionne Sitka, 11 ans, Heron, 13 ans, ainsi que leurs parents, Ed Gillis et Jocelyn Land-Murphy. Devant le jeu de société Les Aventuriers du Rail Europe, qui propose de gagner des points en reliant des villes entre elles par chemins de fer, la famille place aussi ses pions pour son propre voyage. L’objectif? Découvrir les beautés du Vieux Continent en franchissant une distance de près de 10 000 km, au terme de six mois de cyclotourisme à travers 17 pays.
Mettre l’épaule à la roue
D’abord, un point essentiel : pas question que les parents se chargent de toute l’organisation. Tout le monde a dû mettre l’épaule à la roue, l’itinéraire ayant été tracé majoritairement par les deux enfants.
Sitka explique la méthode de travail privilégiée par son frère et lui : « On fait chacun un pays. Moi j’ai fait le Portugal et l’Italie et un peu de l’Espagne, et puis j’ai commencé le Danemark », dit-il, en précisant que les renseignements colligés sont soigneusement inscrits dans un document partagé en ligne. À quelques jours du grand départ, celui-ci commence à être rempli et compte plus de 13 pages de bonnes adresses touristiques, de camping et de sentiers.
Les samedis matin, la famille s’affaire à peaufiner le parcours et à décider des activités qu’elle pourra effectuer sur son passage, sur les conseils des enfants. « Ils savent où sont les parties de soccer qu’on va voir, où aller faire du vélo de montagne en Italie, quels parcs d’aventures et quelles plages à explorer au Portugal », énumère en souriant Ed Gillis, enseignant au Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile Mercier.
Amateurs, mais pas débutants
Bien qu’aussi excitante, cette aventure de cyclotourisme est loin d’être la première pour les Gillis. Les deux vélos tandem ont déjà zigzagué entre les routes sinueuses de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la Polynésie française, alors que plusieurs autres voyages de randonnées pédestres, notamment en Amérique du Sud et à Hawaï, leur ont permis de se familiariser avec les épopées de longue durée.
Le coup de cœur de Sitka? L’île de Morrea, tout près de Tahiti, sans aucun doute : « C’était vraiment relaxant et j’ai pu nager avec les requins », se remémore-t-il. D’ailleurs, les cyclistes ont écrit un livre sur leur voyage, qui sera publié en mars.
Cette fois-ci, ce sera la première fois que tout le monde embarquera sur sa propre bicyclette à l’international. Pour se préparer, les deux frères se sont élancés l’été dernier sur le col White et dans les Rocheuses, un superbe terrain de jeu qu’ils ont trouvé assez escarpé. Une fois de l’autre côté de l’océan, la famille compte franchir des distances allant de 85 à 100 km par jour. Comme rien ne l’arrête, elle se lance également un défi supplémentaire : compléter une journée d’environ 150 km.
Le banc de vélo comme banc d’école
Alors qu’ils terminent leur 6e année et 8e année, les deux frères manqueront la fin du semestre scolaire. Leur père ne s’inquiète pas : « Ils sont allés un peu plus vite avec l’apprentissage et ont fait une partie de leurs études à l’avance », explique Ed Gillis, en mentionnant qu’un voyage de la sorte stimulera autant leurs jambes que leur cerveau.
« Maman est médecin donc on fait des cours de biologie et, en Europe, on va en apprendre plus sur l’histoire et les sciences humaines », ajoute-t-il.
« On pose aussi beaucoup de questions », lance son fils Sitka en riant.
Plus encore, c’est la notion de travail d’équipe, de dépassement de soi et de partage que les enfants auront l’occasion d’approfondir alors qu’ils dévaleront les sentiers. De quoi remplir abondamment leur journal de bord respectif et consolider les liens familiaux. « C’est avant tout pour passer du temps ensemble qu’on fait ce genre de projets », résume Ed Gillis.