L’École Émilie-Tremblay, dirigée par la professeure Caroline Thibaut, a créé une forte impression en recevant sept des 24 médailles en jeu pour les jeunes du primaire. L’École élémentaire de Whitehorse a suivi de près avec six médailles.
Treize écoles étaient représentées au primaire en plus d’étudiants qui font l’école à la maison. Parmi les athlètes qui se sont démarqués, notons Camille Bélanger (dans la catégorie des filles de deuxième et troisième année) et Maude Molgat (dans la catégorie des filles de quatrième et cinquième année) de l’École Émilie-Tremblay, de même que Zoe Sage (chez les filles de sixième et septième année) et Austin Shaw (chez les garçons de sixième et septième année) de l’École élémentaire de Whitehorse.
Pour ce qui est des athlètes du secondaire, cinq écoles avaient une délégation (l’Académie Parhélie, l’École secondaire F.-H.-Collins, Porter Creek, Ross River, l’École secondaire catholique de Vanier) en plus d’étudiants qui font l’école à la maison. Douze médailles ont été remises et les athlètes qui se sont le plus distingués sont Riel Scarff, Robert Smallwood et Megan Banks de Porter Creek, Reena Coyne de l’École secondaire F.-H.-Collins, Fayne O’Donovan de l’École secondaire catholique de Vanier et Mikaiah Ladue de Ross River. Une délégation de six athlètes sera formée pour représenter le Yukon lors du championnat d’État de l’Alaska (NYO) qui aura lieu en avril 2015 à Anchorage.
Selon Gaël Marchand, le directeur général du Yukon Aboriginal Sport Circle, l’événement a été un succès bien que les organisateurs aient dû s’ajuster puisqu’il y a eu plus de participants que prévu chez les jeunes du primaire.
Un développement récent
Si les racines des sports arctiques sont assez profondes au Yukon, ce n’est que dans les trois dernières années que le sport s’est organisé de façon plus structurée. Selon M. Marchand, la culture est plus forte en Alaska. Pour preuve, lors du championnat d’État, il y aura autour de 800 athlètes du primaire et 500 du secondaire. « Cela fait une cinquantaine d’années qu’ils développent le sport là-bas. L’avantage, c’est qu’on peut utiliser leurs ressources puisqu’ils ne sont pas loin. »
Le défi à l’heure actuelle est de former les entraîneurs. « Cela fait trois ans qu’on travaille sur ça. On commence à voir les résultats, mais on estime qu’il faut cinq ans pour former un entraîneur de bon niveau. En ce moment, on a encore la culture des coachs bénévoles, alors qu’en Alaska, ils sont payés pour ça. J’essaie de faire venir des gens de là-bas pour former nos gens ici… Je voudrais faire la même chose avec les jeux dene, mais on a de la difficulté à trouver des personnes-clés pour offrir les formations. »
M. Marchand mise beaucoup sur l’organisation. En plus des entraîneurs, il estime que c’est essentiel de former des juges et de mettre en place des tournois qui reviennent régulièrement. « En ce moment, on a près d’une dizaine de juges qui sont formés et certains peuvent aspirer à aller plus loin que le niveau scolaire. Dans les sports arctiques, le juge joue aussi un rôle de coach puisqu’il va donner des conseils aux compétiteurs. »
Le développement du sport passe aussi beaucoup par la collaboration dans les écoles. « Notre coordonnateur sportif passe une semaine dans les différentes écoles du Yukon, même dans les communautés, et il prend le contrôle de la classe de gym pendant une semaine pour enseigner les bases des sports arctiques. On fait la même chose avec le tir à l’arc. » C’est par ce moyen que les jeunes sont initiés avant de se présenter au Championnat interscolaire des sports arctiques.
Pour M. Marchand, un des intérêts des sports arctiques est d’offrir une image positive de la culture autochtone. « Ces sports viennent des Premières nations et ils offrent un rayonnement qui a des effets positifs. D’ailleurs, les jeunes autochtones réagissent très bien à ces sports et à l’atmosphère collaborative qu’on y retrouve. »
M. Marchand apprécie grandement la mentalité derrière le sport. « À l’origine, c’est un outil d’entraînement pour demeurer en forme avant la saison de la chasse, et pour développer sa résistance à la douleur afin de permettre de survivre dans un environnement hostile. Les compétitions étaient aussi des rassemblements qui visaient à renforcer la structure sociale, car la chasse se faisait en groupe. On retrouve encore ça dans les compétitions en Alaska alors que tout le monde forme une grande famille. Un des défis ici est d’empêcher la distorsion et l’appropriation culturelle de la part des Occidentaux. » M. Marchand dresse un parallèle avec l’Aikido, une discipline qu’il enseigne depuis vingt ans. Au-delà de l’aspect gestuel, il y a tout un bagage idéologique dans ce sport.
Pour réussir dans ce type d’épreuves, il faut beaucoup de force pure, de la détente, de l’explosivité et une grande tonicité musculaire. Certaines épreuves demandent aussi beaucoup de souplesse… et de résistance à la douleur. Toutefois, au-delà des qualités physiques, cela demande surtout une grande force mentale pour résister à la pression, surtout dans les grands championnats puisque les projecteurs sont sur les athlètes de façon individuelle lorsqu’il s’exécute. M. Marchand note que plusieurs gymnastes se reconvertissent aux jeux arctiques. Ce sont des athlètes qui ont une super éthique de travail, et ils aiment découvrir l’aspect social et sympathique des Jeux alors que l’approche de la gymnastique a quelque chose de plus rigide.
L’événement le plus important dans ce sport est un rendez-vous bisannuel : les Jeux d’hiver de l’Arctique, dont la prochaine édition aura lieu en 2016. En août, il y aura aussi un Championnat en Alaska réservé aux Premières nations. « Par contre, ils ont une approche très inclusive, alors quelqu’un qui aurait un seizième de sang autochtone serait accepté. »