le Samedi 12 octobre 2024
le Jeudi 26 septembre 2024 8:05 Société

La formation des femmes yukonnaises au métier de pompière fête ses 10 ans!

Pompière volontaire depuis 2020, Anna Ly (à gauche) est également instructrice au camp Ember. Cette année, lors de la deuxième journée du camp, elle supervisait l’exercice d’attache de la lance incendie à sa borne. — Photo : Kelly Tabuteau
Pompière volontaire depuis 2020, Anna Ly (à gauche) est également instructrice au camp Ember. Cette année, lors de la deuxième journée du camp, elle supervisait l’exercice d’attache de la lance incendie à sa borne.
Photo : Kelly Tabuteau
Du 9 au 14 septembre derniers, aux services de pompiers volontaires d’Hootalinqua et d’Ibex Valley, s’est tenue la 10e édition du Camp Ember. Ce programme intensif et gratuit est destiné aux femmes âgées de 16 ans et plus. Les douze recrues sélectionnées cette année ont exploré la profession de pompière dans un cadre inclusif et solidaire.

Au sein de ce programme de six jours, les recrues réalisent des tâches effectuées par les services de lutte contre l’incendie et les groupes de première intervention. Elles apprennent notamment à utiliser l’équipement et le matériel de protection personnelle, à sortir des personnes prisonnières dans un véhicule, à réaliser des sauvetages en hauteur à l’aide de cordes et d’échelles ou encore à éteindre des feux de bâtiment.

Depuis sa création en 2014, le camp Ember n’a fait que gagner en popularité. Si, dans les premières années, il a été difficile de trouver des recrues, la sélection est aujourd’hui plus ardue. Cette année, par exemple, il y avait 56 candidatures pour douze places.

 

Après une dizaine d’années à la direction du camp Ember, la cheffe Kiara Adams s’apprête à rejoindre le Bureau du commissaire aux incendies du gouvernement du Yukon. Elle sera remplacée par Penny Sheardown dans les prochains mois.

Photo : Kelly Tabuteau

Pour la cheffe Kiara Adams, dirigeante du camp Ember depuis une dizaine d’années, c’est un vrai succès. « Dans les services d’incendie au Canada, les femmes sont généralement sous-représentées. Au Yukon, grâce au camp Ember, le nombre augmente », observe-t-elle. « Beaucoup de femmes ne considèrent pas la lutte contre les incendies comme une activité qui leur est destinée. Le camp leur permet de voir de quoi il s’agit et de constater qu’en fait, ça leur offre de grandes possibilités », continue-t-elle.

Des recrues aux motivations similaires

Marie Hammje et Catherine Hine, recrues francophones de cette 10e édition, ont toutes les deux postulé pour découvrir de nouvelles choses.

« Je travaille au dispatch [centre de répartition des appels] depuis quelques années et ça m’a toujours intéressée de voir l’envers du décor : ce qui se passe après un appel et comment les gens répondent à différents types d’incidents », indique Marie Hammje.

« J’avais besoin de changement et de découverte. […] Savoir comment protéger ma maison et prendre soin de ma communauté étaient importants. J’habite dans un trailer park [parc à roulottes], il y a beaucoup d’aînés. Je voulais prendre toutes les informations que je pouvais pour aider s’il arrive de quoi », explique Catherine Hine.

Un environnement inclusif

Dès l’inscription au camp Ember, tout est mis en place pour favoriser un environnement sûr. « J’ai vraiment aimé le processus de recrutement. À aucun moment on ne demande l’âge ou la condition physique. Les questions posées, c’est pour sentir ta motivation et tes qualités interpersonnelles », témoigne Marie Hammje.

Cet environnement inclusif et bienveillant est mis en place par les instructrices du camp, la majorité étant d’anciennes recrues. C’est le cas d’Anna Ly qui a participé au camp en 2019.

Pour cette dernière, les défis du camp sont très personnels. « C’est toi contre tes plus grandes peurs. […] En tant qu’instructrice, j’ai le rôle de rassurer [les recrues]. J’ai été dans leurs souliers. Je sais exactement par quoi elles passent. Le fait qu’ici, c’est hyper accueillant et sécuritaire, les gens semblent très confortables de dire “je ne me sens pas confortable”. C’est correct d’avoir peur alors on va toujours leur donner une deuxième opportunité d’essayer », explique-t-elle.

 

Marie Hammje est responsable du service de répartition des appels de Delta 1. Le camp Ember a été une vraie révélation pour elle, avec des mises en situation beaucoup plus réelles que ce à quoi elle s’attendait.

Photo : Kelly Tabuteau

Des défis physiques et psychologiques

Pendant six jours, les exercices pour s’initier au métier de pompière s’enchaînent, mettant le corps à rude épreuve. Le programme prévoit même un atelier pour apprendre à adapter son alimentation pour maximiser les résultats de l’entraînement et la récupération.

Marie Hammje s’était préparée à une semaine physique. Pourtant, dès la fin de la première journée, elle s’est demandé comment elle allait tenir, car la journée avait été vraiment intense. « C’est super bien fait! Tous les matins, on faisait des exercices en rapport avec ce qu’on allait faire dans la journée, comme un échauffement. Et je me suis surprise moi-même à pouvoir recommencer pendant cinq jours », détaille-t-elle.

Pour Catherine Hine, les défis ont été davantage mentaux. « On a fait des exercices avec notre masque d’oxygène et des sacs de poubelle par-dessus notre tête pour apprendre à utiliser une caméra thermique. Ce sont des sensations nouvelles. Tu ne sais pas quoi faire. Tu es avec de nouvelles personnes. C’est un peu overwhelming! », confie-t-elle.

Depuis 2014, le camp Ember a formé 119 recrues. À ce jour, 26 anciennes recrues se sont jointes à des services d’incendie du territoire. Marie Hammje pourrait être la prochaine. « J’y allais pour apprendre et découvrir un univers. Et, en fait, ça m’a vraiment donné envie de devenir pompier volontaire et ça, je ne m’y attendais pas. Un mix de l’esprit d’entraide — de voir toutes ces femmes de casernes différentes s’entraider beaucoup plus que ce que je pensais — et de service à la communauté », conclut-elle.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale