le Mardi 15 octobre 2024
le Jeudi 21 Décembre 2023 7:59 Société

Un avocat défend les droits des personnes à mobilité réduite à Whitehorse

  Photo : Pixabay
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Vincent Larochelle, avocat et juriste, a envoyé une lettre ouverte à la mairesse et à la ville de Whitehorse le 1er décembre. Dans celle-ci, il demande qu’action soit faite pour offrir un environnement viable et sécuritaire pour les personnes à déficience motrice.

L’avocat et juriste Vincent Larochelle réclame un accès sécuritaire aux différents services de la Ville de Whitehorse pour les personnes à mobilité réduite.

Photo : Gwendoline Le Bomin

C’est en faisant le tour de la ville avec un de ses clients que Vincent Larochelle se rend compte de la difficulté que peuvent rencontrer au quotidien les personnes à mobilité réduite.

« Tout d’abord, j’avoue que j’ai honte. Honteux d’avoir, moi aussi, en tant que personne valide et privilégiée, été aveugle à l’horreur que représente notre ville aux yeux d’une personne handicapée. J’ai honte de ne pas avoir compris que pour une personne handicapée, prendre le bus, aller à la banque, à la mairie ou au restaurant peut être hors de portée », peut-on lire dans sa lettre ouverte.

En effet, l’avocat a relevé trois principaux problèmes : des stationnements municipaux inadéquats, l’accès difficile aux trottoirs et des arrêts de bus inadaptés.

En cause, le déneigement parfois quasi inexistant : « Le jour de ma visite, c’est-à-dire trois semaines après la dernière tombée de neige, l’état des rampes d’accès et des trottoirs était lamentable. J’ai moi-même remarqué que certains trottoirs qui doivent être déblayés par la ville, qui sont par exemple autour d’un parc municipal, sont souvent mal déblayés », constate-t-il.

Lettre ouverte

Vincent explique qu’avoir envoyé une lettre ouverte permet de mettre ce groupe de personnes sous les projecteurs et de leur donner une voix : « Je pense qu’un des problèmes principaux qui affectent ce groupe avec des mobilités réduites, c’est qu’ils ne sont pas souvent dans la lumière publique, ils ne sont pas souvent dans la conscience collective. Tout effort qui peut être fait pour mettre la lumière sur les conditions, sur les circonstances et les obstacles auxquels font face les personnes avec des déficiences motrices est utile à leur cause. »

Il ajoute que de nombreuses personnes sans déficience motrice sont également frustrées par l’état des trottoirs. La lettre ouverte leur permet donc d’imaginer non seulement ce qui est frustration pour eux, mais aussi de réaliser que cette situation peut représenter un obstacle pour une personne en déficience motrice, l’isolant alors chez elle.

Les personnes à mobilité réduite doivent alors se fier à la bonté et à la générosité des personnes autour d’elles. Néanmoins, « se dire que des personnes les aident, ce n’est pas un remplacement pour leurs droits de participer à la vie économique et sociale de la ville », estime l’avocat.

Accès à la dignité

Au-delà des mesures qui peuvent être prises pour améliorer leur quotidien, ces personnes doivent avoir accès à la dignité.

« Idéalement, je voudrais que la mairie, le conseil municipal cesse de voir cette question comme une question financière et qu’ils commencent à la voir comme une question de dignité humaine. Quand on accepte qu’il soit question de la dignité humaine d’un assez grand groupe de personnes, ce n’est plus une question financière, c’est une question de ‘‘comment’’, une question de ‘‘qu’est-ce qu’il faut faire pour offrir à ces citoyens, à ces résidents de Whitehorse un minimum de dignité qui est compatible avec nos valeurs en tant que société, qui est compatible avec nos valeurs en tant que pays’’ », avance l’avocat.

D’ailleurs, Lesley McCullough, directrice par intérim de la Commission des droits de la personne du Yukon, rapporte que « les personnes handicapées ont droit à l’égalité de traitement dans l’accès aux services de manière à promouvoir leur pleine participation à la société ».

De plus, la loi stipule que le fait de « traiter défavorablement une personne ou un groupe pour […]‘‘handicap physique ou mental’’ constitue une discrimination au sens de l’article 7, point h ».

Vincent Larochelle rapporte que ses clients menacent d’intenter un recours collectif en raison du manque de déneigement de la ville : « On parle de quelques semaines pour déposer un recours devant la Cour suprême du Yukon […] Mes clients veulent bouger », affirme-t-il.

Bien que la mairie ne commente pas les menaces de poursuites judiciaires, elle a assuré que le Conseil discutera de diverses options concernant le contrôle de la neige et de la glace au cours de ses prochaines réunions.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale