le Dimanche 8 septembre 2024
le Mercredi 8 mars 2023 8:00 Société

Huit portraits de personnes inspirantes

L’Aurore boréale profite de nouveau de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, pour souligner la contribution remarquable de personnes de la communauté franco-yukonnaise.
Photo : Fournie

Diana Romero

Originaire du Mexique, Diana Romero a quitté son pays à l’âge de 19 ans pour explorer l’Europe, avant d’arriver au Canada et de s’établir au Yukon en 2022. Diana travaille actuellement en tant qu’agente de projet en immigration pour l’Association franco-yukonnaise, où son mandat consiste à aider à l’intégration des nouvelles personnes arrivantes.

Quelle est votre définition du féminisme? 

C’est vrai que c’est un mouvement social et politique, mais pour moi c’est plutôt une prise de conscience de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce n’est pas nécessairement donner plus de privilèges aux femmes, mais plus de viser à atteindre l’égalité.

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Oui absolument, malheureusement je pense que ce n’est pas encore un réflexe naturel pour tout le monde de voir l’égalité entre les femmes et les hommes […] Parfois dans certaines cultures les libertés que les hommes ont ne sont pas les mêmes que celles que les femmes ont. L’accès à la sécurité et à la liberté pour les femmes [est encore un cheval de bataille].

Une femme qui vous inspire?

Frida Kahlo. C’est une femme très importante dans la culture mexicaine. Elle a revendiqué les droits des femmes au Mexique, elle est une artiste et elle a su s’exprimer en étant elle-même. Elle ne s’est pas préoccupée de rentrer dans le modèle des femmes de son époque […] Elle a eu un accident donc elle a eu beaucoup de défis physiques, et malgré ça, elle a continué avec sa revendication en tant que femme et elle en a inspiré beaucoup, pas seulement dans l’art, mais dans la politique mexicaine.

Une devise que vous aimez?

Lorsqu’on suit notre coeur, tout l’univers conspire à permettre de réaliser notre rêve.

Photo : Fournie

Brigitte Poirier

Brigitte Poirier est gestionnaire principale en soins de longue durée pour le service de santé au Yukon. Depuis cet automne, elle s’implique également bénévolement dans les services communautaires en occupant le rôle de présidente du Partenariat communauté en santé (PCS).

Quelle est votre définition du féminisme? 

Idéalement, ça serait un mouvement qui ferait rayonner d’une façon positive le rôle de la femme peu importe comment on le définit dans la société, et qui vraiment met l’emphase sur les forces des femmes qui contribuent au développement de la société et des êtres humains en général. 

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Pour moi, si le féminisme avait ce genre de définition-là un peu plus humaniste et universelle, certainement. C’est vraiment des valeurs qui sont éternelles […] Le plus possible si les mouvements peuvent revenir à la branche humaniste, ça serait vraiment ça l’avenir. Où tous les êtres humains sont considérés et soutenus pour développer leur plein potentiel.

Une femme qui vous inspire?

Ma mère. C’est vraiment quelqu’un qui m’a inspiré […] En ayant trois enfants, elle a réussi à faire un retour aux études et à pousser plus loin sa carrière, à changer de milieu de travail et tout ça en tant qu’adulte. C’était à l’époque, pas non-commun, mais c’était pas non plus monnaie courante. Et puis elle nous a toujours soutenues, on est trois filles dans notre famille, elle nous a toujours vraiment poussées à être indépendantes, à vraiment nous développer et à valoriser l’éducation et la formation.

Une devise que vous aimez?

Chacun de nous doit travailler pour son propre perfectionnement et en même temps partager une responsabilité générale pour toute l’humanité. ~ Marie Curie

Photo : Les Essentielles

Laurence Rivard

Laurence Rivard est la directrice des Essentielles, organisme représentant les intérêts des femmes francophones du Yukon. L’un de ses plus récents accomplissements est l’avancement du projet des Cong’Elles, un service de partage communautaire libre-service de nourriture pour les membres des Essentielles ainsi que les ainé·e·s du programme de l’Association franco-yukonnaise.

Quelle est votre définition du féminisme? 

Le féminisme, pour moi, c’est une lentille d’analyse, un outil pour observer le monde et comprendre certaines inégalités […] Donc c’est vraiment une grille d’analyse en fait, qui permet de voir où est-ce que les femmes sont désavantagées, puis justement pour nous aider à régler certaines inégalités qui peuvent paraître invisibles si on n’utilise pas cet outil-là. C’est aussi une façon de voir le monde qui permet d’élargir à plus que la cause des femmes. C’est vraiment une façon différente de voir les choses et qui permet d’avoir assez d’empathie pour d’autres réalités qui ne sont pas juste celles des femmes.

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Oui vraiment, plus que jamais […] On est présentement dans un genre de backlash sur le mouvement féministe. Le backlash du mouvement MeToo, il y a une résurgence du discours masculiniste sur les réseaux sociaux. Donc oui, c’est clair que le féminisme a encore sa place et il faut résister à cette pression-là.

Une femme qui vous inspire?

Lorraine Guay […] C’est une militante québécoise qui a été très active dans le milieu de la santé communautaire, et elle a marché aussi pour la marche du pain et des roses qui a été une grande marche pour les femmes au Québec. Donc c’est juste une militante avec énormément d’expérience, […] pas une personnalité.

J’essaye de ne pas avoir de héros parce que pour moi ce sont les mouvements qui font avancer les choses, et non les individus.

Une devise que vous aimez?

Ni dieu ni maître.

Photo : Fournie

Manon Carrière

Auparavant enseignante au Québec, puis dans les écoles du Yukon, Manon Carrière a beaucoup d’expérience dans le domaine de l’éducation. Pour encore quelques mois, elle occupe le poste de directrice à l’École Émilie-Tremblay avant de bientôt prendre sa retraite. 

Quelle est votre définition du féminisme?

S’assumer. Être capable de faire ce qu’on veut sans le regard des autres, sans être jugée. Donc faire ce qu’on aime, parce qu’on aime ça, pas pour faire plaisir ou rentrer dans une cadre. 

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Il aura toujours sa place. Il est toujours à différentes doses selon qui on est et ce qu’on veut vivre […] C’est de prendre sa place et de l’assumer.

Une femme qui vous inspire?

Ma mère. Veuve jeune, ma mère a élevé quatre enfants. On a tout eu dans la vie, elle nous a toujours donné tout ce qu’elle pouvait nous donner, et tout était toujours positif dans sa vie. C’est une femme encore qui est de bonne humeur, même dans n’importe quelle situation de la vie.

Une devise que vous aimez?

On apprend de nos erreurs.

Photo : Fournie

Dakota Bernard

Dakota Bernard est originaire de Belgique. Elle est présentement coordonnatrice culturelle et communautaire au Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile Mercier. Dans le cadre de son métier, Dakota Bernard crée des animations et activités qui permettent aux jeunes de s’épanouir en français en dehors de leurs cours.

Quelle est votre définition du féminisme?

De chercher l’égalité. De ne pas forcément être supérieure, mais juste de chercher l’égalité entre tout le monde.

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Oui […] Le jour où le féminisme arrivera dans la norme, on n’aura plus besoin de parler de féminisme, mais tant qu’on a besoin de l’employer, c’est qu’on en a toujours besoin […] C’est toujours compliqué dans le monde entier d’avoir parfois le salaire qui n’est pas le même, ou des postes qui ne sont pas accessibles à des femmes parce que ce sont des femmes. Je pense qu’ici on est très chanceux et je ne ressens pas ces différences-là, et je sais que ce n’est pas comme ça partout dans le monde.

Une femme qui vous inspire?

Ma fille Agathe, elle m’inspire dans le sens où voir grandir une petite fille dans le monde, ça fait se remettre en question, réfléchir à la place des petites filles dans le monde, et des femmes. C’est quelqu’un qui m’inspire, parce que juste sa façon de grandir, ça me fait me remettre en question.

Une devise que vous aimez?

Ferme les yeux, mais garde ton esprit grand ouvert.

Photo : Maryne Dumaine

Véro Lachance

Artiste multidisciplinaire engagée, Véro Lachance a étudié à l’Université du Québec à Montréal en théâtre. Auparavant membre du conseil d’administration des Essentielles, Véro donne fréquemment à ce jour des ateliers de théâtre dans les écoles de Whitehorse et dans les communautés premières nations du Yukon. 

Quelle est votre définition du féminisme? 

Je pense que le féminisme devient un thème de plus en plus large où est-ce que ça n’inclut pas seulement des personnes qui sont nées avec un sexe qui a été assigné comme femme à la naissance, mais plutôt aussi des personnes qui sont trans, des personnes qui ont une expérience de corps, d’identité dans un corps de femme. Je pense que ma définition du féminisme a beaucoup changé avec les années de par mon identité puis avec aussi des personnes que je côtoie […] Je sais plus c’est quoi exactement. 

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Je pense qu’il aura toujours sa place […] Je pense qu’on vit quand même dans un pays assez privilégié pour ça, on a beaucoup de chance. C’est sûr qu’il y a toujours du travail à faire, mais si on considère tout ce qui se passe dans d’autres endroits en ce moment dans le monde, on est quand même un endroit extrêmement privilégié. 

Une femme qui vous inspire?

Judith Stein […] qui était une vedette du burlesque des années 70 […] On n’a pas la chance de voir souvent des gens dans le milieu du burlesque ou du drag performer encore vraiment dans ces âges-là. Quand je l’ai vu performer, c’était vraiment puissant et vraiment extrêmement touchant, rafraîchissant, ça apportait tellement de joie de vivre, puis c’était vraiment inspirant.

Une devise que vous aimez?

Ça serait celle de ma tante. « Faut pas pousser le Jell-O quand il est pas prêt! » 

Photo : Fournie

Edith Campbell

Edith Campbell a étudié le droit à l’Université d’Ottawa, où elle a décroché son baccalauréat avec distinction ainsi que sa licence en droit civil avec grande distinction. Elle a été la première femme nommée juge à la Cour suprême du Yukon en 2018. Elle est également la première juge parlant les deux langues officielles du Canada à siéger de façon permanente au Yukon.

Quelle est votre définition du féminisme? 

Le fait d’être fière d’être une femme. Fière des réalisations que les femmes avant moi ont accomplies […] Mais être réaliste du fait qu’il y a toujours beaucoup à accomplir avant qu’on atteigne l’égalité réelle. Il y a longtemps, on parlait de l’égalité entre les sexes, je pense que maintenant on peut parler de l’égalité des genres.

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Absolument […] On a fait beaucoup de progrès, on est chanceux d’être dans une époque où il y a des femmes qui ont tracé la voie pour des personnes comme moi, pour que je puisse avoir accès à l’éducation universitaire, que j’aie accès au chemin professionnel et au poste que j’ai maintenant. Mais autant au niveau politique qu’au niveau social, professionnel ou économique, on n’est certainement pas rendu à un endroit où il y a une égalité réelle entre les genres. Il y a beaucoup d’espoir, mais beaucoup de travail à faire encore, je pense […] Toute la pression sociale qu’il peut y avoir sur les jeunes femmes au niveau des médias sociaux au sujet de leur apparence. La relation qu’il peut y avoir entre cette apparence-là et le succès […] La difficulté aussi encore que des femmes peuvent avoir à mener de front une vie familiale avec une vie professionnelle équilibrée, c’est toujours là. 

Une femme qui vous inspire? 

Germaine Campbell, ma grand-mère paternelle, qui était une femme en avance sur son temps. Mon grand-père et elle avaient une épicerie. Elle menait de front d’élever ses sept enfants et de travailler avec mon grand-père à cette épicerie-là. C’était aussi une femme qui était impliquée dans un paquet d’associations de femmes dans ma petite communauté. [Elle] m’a montré que si on voulait quelque chose dans la vie, on pouvait l’obtenir. 

Une devise que vous aimez?

Aie le courage d’être qui tu es, persévère, et traite ceux qui t’entourent comme tu voudrais être traitée.

Photo : Fournie

Rébecca Fico

Rébecca Fico est une jeune étudiante du Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile Mercier. Du haut de ses 12 ans, Rébecca Fico travaille sur la rédaction d’un livre en français, avec l’appui de la technicienne de bibliothèque de son école, Guillemette Georgeon. 

Quelle est votre définition du féminisme?

La reconnaissance du rôle de la femme dans la société et dans le monde […] Juste de reconnaitre et accepter le rôle de la femme dans la société et que la femme est centrale à la vie.

Croyez-vous que le féminisme a toujours sa place en 2023?

Je pense que oui. Je pense que là on est rendu un peu plus loin avec les droits de la femme que on l’était quand le féminisme a vraiment commencé. 

Une femme qui vous inspire?

Ma mère, parce que je trouve qu’elle a fait une vraiment belle carrière et des belles études […] C’est le type de personne que j’aimerais devenir parce que c’est une personne qui a un champ de connaissances tellement étendu que les options de travail qu’elle pourrait avoir sont quasiment infinies.

Une devise que vous aimez?

Reste fidèle à toi-même.