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le Jeudi 11 novembre 2021 5:32 Société

Ingénieur en Suisse, pompier au Yukon

Photo fournie
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Venir au Yukon pour commencer une nouvelle aventure n’est pas toujours une expérience facile. Afin d’aider et accueillir les francophones nouvellement arrivé.e.s, l’Association franco-yukonnaise (AFY) et le Partenariat communauté en santé (PCS) proposent plusieurs initiatives, comme le programme de jumelage, le service d’interprétation en santé et le Test d’évaluation de français. Portraits et témoignages de quelques-unes de ces personnes qui ont « fait le grand saut » pour venir vivre dans le Grand Nord.

 


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Après cinq séjours touristiques au Yukon, David Tartaglia et sa conjointe Éloise ont décidé de faire le grand saut. En juillet 2020, ils ont choisi de s’installer au Yukon « pour de bon ».

À la mi-quarantaine, la volonté de quitter une « bonne vie, en Europe » aura bien surpris leurs proches. « Tout le monde nous disait : « Tu fais ça à 20 ans, partir au bout du monde pour t’y installer, pas à 45 ans! » », se souvient David Tartaglia, pour qui le premier séjour au Yukon remonte en 2015.

Pourtant, la décision est irrévocable. Le couple, qui a déjà parcouru de nombreux pays à travers le monde, est déterminé à s’installer au territoire.

« Je suis passionné par les ours, la nature, la marche et le backcountry, explique-t-il. Je suis aussi un grand amateur de pêche à la mouche. J’ai donc trouvé ici tout ce que je pouvais souhaiter. Depuis que je suis ado, j’ai toujours été fasciné par le Canada. »

« J’avais vu plusieurs documentaires à la télévision et des vidéos en ligne, se rappelle-t-il. J’ai entendu parler du Yukon et je me suis dit : « Allez hop! » De la Suisse, le vol m’amenait en Alberta. J’ai loué un véhicule pour me rendre jusqu’à Whitehorse. »

Cet itinéraire vers le Nord deviendra vite une sorte de pèlerinage pour David, qui l’emprunte ensuite presque chaque année, jusqu’au jour où cela devient une évidence pour sa conjointe et lui : « Mon rêve, c’était de voir des ours en Alaska, lors de la remontée des saumons, à Haines. Nous y sommes allés et en revenant, nous avons campé à Haines Junction. Là, dans le parc de Kluane, j’ai dit à ma conjointe « On devrait venir vivre ici ». Elle m’a tout simplement répondu « Oui!  » »

Le couple s’installe au Yukon en 2020, lorsque Éloïse obtient un emploi à la boulangerie Alpine, qui la soutient dans ses démarches d’immigration.

 

Un parcours professionnel hors de l’ordinaire

De joueur de soccer professionnel en Italie à instructeur de plongée sous-marine aux Philippines, David Tartaglia n’a pas un parcours professionnel banal. En Suisse, il est ingénieur qualifié en système de chauffage de maisons écologiques et travaille pour un salaire très confortable dans son domaine.

Cependant, une fois arrivé au Yukon, un visa de travail temporaire en poche, il se heurte à la réalité : ses diplômes suisses ne sont pas reconnus au Canada.

Il postule alors comme pompier. « Les tests physiques ont été probablement les plus difficiles de ma vie! Mais j’ai réussi. »

Cet emploi lui permet d’observer le territoire d’un point de vue hors du commun. « J’ai pu faire des tournées de repérage des feux de forêt. Pendant des heures et des heures, on parcourait le ciel au-dessus du Yukon. »

Il y rencontre des professionnel.le.s qui lui expliquent pourquoi certains feux sont laissés sans contrôle humain et comment les animaux y survivent. Avec émotion, il décrit cette expérience comme un moment « privilégié ».

En tant que pompier, il est envoyé pour prêter main-forte aux équipes d’urgence déployées en réponse aux inondations historiques des lacs du Sud l’été dernier. « J’ai vu l’entraide, la solidarité, les émotions et les gens parfois désespérés en voyant leurs maisons – le rêve d’une vie pour certain.e.s – devenir si vulnérables, mais j’ai aussi senti la reconnaissance. C’était une belle expérience humaine, j’étais fier de pouvoir aider ces gens qui m’ont accueilli dans leur pays », se souvient-il.

Il décrit cette expérience comme aussi très physique : « Je n’avais aucune expérience et, du jour au lendemain, nous transportions des centaines de sacs de sable, jusqu’à quatorze heures par jour, pour construire des murs le long du lac! »

 

L’obstacle : l’anglais mal maîtrisé

L’été terminé, son emploi saisonnier est mis sur pause. Sans diplôme reconnu, il a du mal à trouver un nouvel emploi.

S’il maîtrise bien le français et l’italien (sa langue maternelle), l’anglais lui fait cependant défaut. « J’ai été informé que je pouvais suivre des cours d’anglais. Je me suis aussi forcé à rencontrer des personnes anglophones. »

Il est désormais assistant de pharmacie en centre-ville de Whitehorse. « Je trouve cela incroyable, en Europe, je n’aurais jamais pu occuper cet emploi! »

Fier d’aller au bout de ses ambitions, David Tartaglia est sans aucun doute une personne qui sait s’adapter : « Ma devise, c’est vis tes rêves, ne rêve pas ta vie! »

David et sa conjointe sont désormais en attente de leur visa de résidence permanente.

 

Ce publireportage a été réalisé grâce à la contribution financière d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.