le Vendredi 22 septembre 2023
le Lundi 23 octobre 2017 16:16 Société

Jean-François Blouin : 25 ans d’enseignement en français

On pouvait retrouver Jean-François Blouin en début d’année scolaire sur la piste Chilkoot avec les élèves de l’Académie Parhélie. Photo fournie
On pouvait retrouver Jean-François Blouin en début d’année scolaire sur la piste Chilkoot avec les élèves de l’Académie Parhélie. Photo fournie

Le frère Marie-Victorin (1885-1944) soutenait que nul ne pouvait vraiment se réclamer d’un pays s’il ne l’avait pas nommé, dit, parcouru, appris, découvert et aimé.

Jean-François Blouin, qui allie le plein air à la pédagogie aux côtés des élèves de la seule école francophone du Yukon, s’inscrit dans cette pensée depuis plus de 25 ans.

Bien qu’il occupe maintenant le poste de conseiller pédagogique pour la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), l’enseignant accompagne encore été comme hiver les élèves du secondaire de l’Académie Parhélie dans un apprentissage mêlant randonnées pédestres, exploration en canot et kayak ou encore escalade.

« Je suis originaire du Québec et je me souviens d’avoir participé étant enfant à différentes sorties en plein air, sans toutefois que ce soit orienté vers un apprentissage pédagogique », raconte Jean-François Blouin. « Ce n’est que des années plus tard, au moment de faire mon baccalauréat en enseignement, à Winnipeg au Manitoba, que j’ai été initié à un cours de pédagogie en plein air. J’ai su tout de suite que j’étais sur la bonne voie. »

On pouvait retrouver Jean-François Blouin en début d’année scolaire sur la piste Chilkoot avec les élèves de l’Académie Parhélie. Photo fournie

On pouvait retrouver Jean-François Blouin en début d’année scolaire sur la piste Chilkoot avec les élèves de l’Académie Parhélie. Photo fournie

C’est aussi à Winnipeg que Jean-François Blouin est tombé par hasard sur un article de presse l’informant qu’il existait une école francophone au Yukon axée vers une pédagogie de plein air. Il n’en fallait pas plus pour convaincre le jeune homme de mettre le cap sur le pays du soleil de minuit. C’était en 1991.

« À l’époque, l’école était située dans des portatives installées dans le quartier Riverdale. Nous avions 60 à 70 élèves et le programme s’arrêtait en 9e année. Je partais en canot avec les jeunes de la 7e à la 9e année, soit une quinzaine d’élèves au total », se souvient Jean-François Blouin, toujours fasciné par ce type d’enseignement. « Les élèves font vraiment beaucoup d’apprentissages pédagogiques quand ils sont en plein air, c’est vraiment fascinant. De plus, ils se comportent totalement différemment en milieu naturel. Les élèves hyperactifs peuvent bouger et s’initier aux cycles de la nature, ce qui leur permet de se réguler », confie-t-il.

Selon l’enseignant, les élèves qui parviennent à vivre pleinement ces expériences peuvent ainsi maîtriser leurs pensées, leurs comportements et leurs émotions. Une chance, le nouveau curriculum qui est récemment entré en vigueur dans les écoles yukonnaises s’accorde plutôt bien avec la vision de Jean-François Blouin.

Garder la flamme

La pédagogie de plein air jouit aujourd’hui d’une grande popularité dans les écoles yukonnaises. Elle doit toutefois composer avec l’actualité canadienne qui la rattrape bien souvent. Des accidents tragiques comme la noyade en juillet dernier de Jeremiah Perry, 15 ans, lors d’un voyage scolaire au parc Algonquin en Ontario, aura sûrement des répercussions partout au pays et jusqu’au Yukon.

Ces accidents amènent inévitablement les autorités à rectifier le tir en modifiant leurs politiques et en multipliant les questionnaires à remplir ou les prérequis exigés de la part des élèves. Une charge de travail qui s’alourdit sans cesse au Yukon, mais qui ne démoralise toutefois pas Jean-François Blouin.

« C’est important que le plein air garde sa place dans les écoles malgré la peur qui s’installe. De plus, il n’y a rien de tel que d’être dehors dans la nature pour avoir envie d’en prendre soin », affirme-t-il.

Au fil des ans, Jean-François Blouin a également enseigné les mathématiques et l’éducation physique. Il est aussi l’un des enseignants qui ont participé à la création de l’Académie Parhélie.