La situation des femmes dans les pays de la Francophonie était au programme du XVIe Sommet de la Francophonie tenu à Madagascar les 26 et 27 novembre dernier. L’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) y avait envoyé sa vice- présidente, la Franco-Yukonnaise Marie-Stéphanie Gasse. Mme Gasse qui est aussi présidente du conseil d’administration des EssentiElles s’est jointe à la délégation canadienne accompagnant le premier ministre Justin Trudeau.
La voyageuse au long cours (quarante heures de vol séparent le Yukon de Madagascar) est encore habitée par cette aventure. « Dans plusieurs pays de la Francophonie, les femmes font face à de nombreux défis : négation des droits de la personne, mariages forcés, violence physique, mutilations génitales, violence mentale pour n’en nommer que quelques-uns », explique-t-elle.

La Franco-Yukonnaise Marie-Stéphanie Gasse (2e en partant de la gauche) représentait l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC) à Madagascar. Photo: fournie
Lors de la cérémonie d’ouverture, Cayla, une jeune slameuse poète malgache a dénoncé cet état de fait : « … Car chez nous, les femmes n’ont pas droit à l’éducation. Une femme est avant tout une mère, une épouse. Celle qui se lève tôt le matin pour aller chercher de l’eau au puits. Celle qui fait bouillir la marmite pour nourrir sa famille. Celle qui apaise les cris. Celle à qui on a appris à dire oui. Les femmes ont appris à dire oui, car quand l’homme commande, la femme obéit. […] Il est temps que l’on cesse d’avoir peur! »
Rencontres et réalités
Mme Gasse, arrivée quelques jours avant le sommet a pu rencontrer des femmes malgaches. « Je voulais connaître leurs conditions de vie. J’ai parlé à une femme qui travaillait à mon auberge. Cette dame se levait à 5 h du matin, allait chercher de l’eau, cuisinait, s’occupait de ses enfants. Toutes les tâches étaient sur ses épaules, jusqu’à très tard dans la soirée! Près de la moitié des femmes sont mariées avant l’âge de 18 ans. Les mariages et les grossesses précoces sont une réalité.* Les femmes sont le pilier des familles qui sont nombreuses (sept à dix enfants) », rapporte-t-elle.
Les statistiques rapportent aussi que la mortalité infantile est très élevée et que 47 % des enfants naissent avec des malformations physiques ou cognitives quelconques. Mais comme il n’y a pas de crise politique ou de guerre, on entend peu parler de Madagascar. « Et pourtant, la violence y est souterraine, l’éducation absente et la sexualité taboue. C’était ma première expérience en Afrique… et c’est incroyable ce que j’ai vu », poursuit-elle.
Lueurs d’espoir
Mais il y a eu aussi de beaux moments, comme la visite d’une école où les enfants endimanchés et rayonnants de fierté ont chanté leur hymne national. Ou encore cette excursion à Miaro, une organisation non gouvernementale (ONG) située en campagne. Ce projet-pilote est financé par le gouvernement du Canada et soutient quelque 200 femmes. Celles-ci sont responsables de projets agricoles. Elles ont aussi mis sur pied une cantine scolaire, et elles reçoivent de la formation.
Est-ce que l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne donnera suite à sa participation au sommet? Marie-Stéphanie Gasse croit fermement qu’il faut établir des liens de solidarité entre les femmes de la francophonie canadienne et les femmes de la francophonie internationale. « Plusieurs regroupements de femmes canadiennes possèdent des outils d’éducation qui pourraient être partagés avec les femmes malgaches. Les EssentiElles ont développé un outil de sexualité saine qui pourrait être utile là-bas », lance-t-elle avec passion.
Pour plus de renseignements, consultez la Résolution sur les mariages d’enfants, les mariages précoces et les mariages forcés adoptée lors du Sommet.