le Samedi 30 septembre 2023
le Mercredi 2 septembre 2015 16:42 Société

DOSSIER DE RENTRÉE : Haïti ou quand une craie vaut son pesant d’or…

Cindy avec une jeune Haïtienne. Photo : fournie
Cindy avec une jeune Haïtienne. Photo : fournie

Juillet n’aura pas été synonyme de vacances pour Cindy Breton. La jeune femme, enseignante à l’École Émilie-Tremblay, a réalisé un vieux rêve de jeunesse. Elle a fait du bénévolat pendant trois semaines en Haïti dans le cadre d’un projet d’aide internationale organisé par la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE). Elle était la seule candidate yukonnaise parmi les 57 enseignantes et enseignants bénévoles canadiens qui participaient au Projet outre-mer (PO) visant onze pays, dont deux francophones, le Togo et Haïti.

Cindy avec une jeune Haïtienne. Photo : fournie

Cindy avec une jeune Haïtienne. Photo : fournie

Bien qu’elle soit de retour au Yukon depuis le début d’août, Mme Breton avoue avoir encore le cœur en Haïti. « Ce que je retiens de mon expérience est le positivisme des gens. Malgré les conditions précaires, la pauvreté, ils demeurent chaleureux et souriants », constate-t-elle.

Arrivée troublante

L’aventure a débuté à Jacmel, située à deux heures de route au sud de Port-au-Prince. Une arrivée assez troublante pour l’enseignante qui faisait équipe avec quatre autres Canadiennes. Le séisme de 2010 a laissé des traces profondes. Les maisons effondrées, les débris dans les rues et la pauvreté rampante font partie du quotidien des gens. Mais les stigmates psychologiques et physiques se retrouvent aussi dans le funeste héritage de la catastrophe. L’un des enseignants avec qui Mme Breton a travaillé est devenu diabétique à la suite du tremblement de terre.

Enseignement et conviction

Le projet visait à offrir des ateliers de perfectionnement professionnel (en collaboration avec des collègues d’outre-mer) au personnel enseignant local afin et d’améliorer l’enseignement public et la réussite des élèves.

L’enseignement public (école nationale) est gratuit, mais n’atteint que 20 % de la population scolaire. Le reste de la population est pris en charge par le secteur privé, ou n’est pas scolarisé du tout.

« Les enseignants sont mieux payés à l’école nationale, mais leurs paies ne sont pas régulières. Ils peuvent être des mois sans recevoir ce qui leur est dû, alors ils enseignent dans une école privée pour obtenir un peu d’argent de façon plus régulière. Ils travaillent souvent dans deux ou trois écoles afin de pouvoir faire vivre leur famille », explique la bénévole.

De plus, les enseignants haïtiens, surtout ceux qui travaillent au primaire, ne possèdent pas tous une formation scolaire dans le domaine. Plusieurs s’engagent sur cette voie par conviction. « Être enseignant en Haïti, c’est une vocation », constate la Yukonnaise avec une pointe d’admiration dans la voix. « Ceux et celles qui ont participé aux ateliers le faisaient de façon bénévole. Ils ont parfois refusé un petit emploi, une correction d’examen et quitté leur famille pour quelques jours afin de venir s’enrichir professionnellement. »

Celle qui a régulièrement tenu un blogue tout au long de son expérience écrivait au terme de sa première semaine :

« Quelle belle semaine d’échanges avec nos collègues, enseignants haïtiens. Ils sont un peuple résilient qui fait constamment face à des injustices. Néanmoins, ils arrivaient le matin souriants, heureux d’avoir la chance de se perfectionner et d’en apprendre davantage pour ensuite partager leurs nouvelles wconnaissances avec leurs collègues et surtout leurs élèves. »

Nombreux défis

« Les écoles sont en béton et très peu ont l’électricité. Les fenêtres sont souvent des trappes d’aération. Internet, on n’en parle même pas », se souvient-elle. Mme Breton savait toutefois ce qui l’attendait là-bas, c’est pourquoi elle avait organisé une collecte de fonds avant son départ. Grâce à la générosité des élèves de son école et de la communauté franco-yukonnaise, elle avait apporté du matériel pédagogique. Une craie pour écrire sur un tableau noir valait son pesant d’or. Sur place, l’enseignante a aussi visité les marchés locaux afin de se procurer des produits permettant la création de matériel scolaire.

Malgré les nombreux écueils, les échanges pédagogiques et le partage des stratégies ont été abondants et fructueux. Cindy Breton estime que son expérience l’a enrichie au-delà des mots et que les rêves d’enfance valent la peine d’être réalisés.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter son blogue