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le Mercredi 5 novembre 2014 10:52 Société

Karine Genest, guide pour l’observation des ours polaires

Karine Genest et sa fidèle complice Wanny âgée de 15 ans qui l’accompagne dans presque toutes ses excursions. Photo : Fournie.
Karine Genest et sa fidèle complice Wanny âgée de 15 ans qui l’accompagne dans presque toutes ses excursions. Photo : Fournie.

Françoise La Roche

Ce qui est bien avec la vie, c’est qu’elle est imprévisible. Son tracé nous mène parfois dans des endroits qu’on n’aurait jamais pensé visiter et nous réserve aussi de bien belles surprises. Qu’est-ce qui aurait fait croire à Karine Genest dans son enfance qu’un jour elle deviendrait guide pour l’observation des ours polaires?

Karine Genest et sa fidèle complice Wanny âgée de 15 ans qui l’accompagne dans presque toutes ses excursions. Photo : Fournie.

Karine Genest et sa fidèle complice Wanny âgée de 15 ans qui l’accompagne dans presque toutes ses excursions. Photo : Fournie.

L’eau, son premier lien avec le plein air

Karine Genest avoue un penchant pour l’eau. Lorsqu’elle était plus jeune, elle allait en bateau sur le lac Saint-Jean au Québec et s’amusait à créer des vagues. Son choix de domaine d’étude va au programme sports-études au secondaire en tourisme et plein air. Attirée par l’onde, elle organise une excursion de rafting à la fin de son cours. Elle est vite conquise par les grosses vagues et les remous, et devient guide de rafting à Matawin en Mauricie au Québec aussitôt son cours terminé.

Entre le cégep et l’université, Karine prend une pause pour voyager. Au début, elle pense étudier la biologie marine. Mais ses voyages l’ont fait changer d’avis et elle s’inscrit au baccalauréat en plein air.

« Quand je regardais la différence entre biologie et plein air, c’était que la biologie, c’est plus individuel. Les deux domaines, c’est dehors. Tu peux prendre des photos, voir la vie sauvage, faire de la randonnée. Mais en plein air, tu es plus avec les gens. »

Le meilleur endroit pour le plein air

La jeune diplômée entend dire que le Yukon était un excellent endroit pour pratiquer et travailler dans le domaine du plein air. Karine postule au programme des moniteurs de français, mais en spécifiant qu’elle accepterait un poste au Yukon, mais nulle part ailleurs.

C’est ainsi qu’en 2005, elle travaille à l’École F.-H.-Collins et au Centre de la rue Wood avec Alain Dallaire et Karine Bélanger. Une fois son contrat terminé, elle reste quelques mois au Yukon avant de repartir pour le Québec… et de revenir au Yukon.

« J’ai essayé de partir du Yukon deux fois, mais je suis toujours revenue. Maintenant, mon camp de base est au Yukon. »

Au fil des années, de guide en rafting en guide de kayak de mer, elle a bifurqué vers la raquette et le traîneau à chiens. Elle a aussi guidé des expéditions pour NOLS (National Outdoor Leadership School) au Wyoming et en Utah.

« Je suis spécialisée en activité aquatique, eau vive, canot, kayak… mais je guide également des expéditions de trekking… Mes trips sont d’environ cinq jours et mon plus long a été de 25 jours. »

Un peu de stabilité

À son troisième retour au Yukon, elle accepte des contrats à gauche et à droite et guide pour Tatshenshini Expediting, Ruby Range et NOLS. « Je faisais des trips de deux semaines, j’étais souvent partie et je ne voyais pas mes amis et ne profitais pas assez de l’été. » C’est pourquoi en 2012, elle décide de se stabiliser et de prendre un travail à plein temps. « Chez Nature Tour, ce sont des plus petits voyages et j’avais plus de liberté pour faire mes propres menus et choisir mes propres équipements. Je crois que je suis réputée pour la cuisine que je fais dans les trips… »

Une rencontre déterminante

Lorsqu’elle travaillait chez Ruby Range, Karine Genest a rencontré celui qui partage sa vie depuis 2010. Ce dernier habitait Churchill au Manitoba et offrait ses services de guide pour l’observation des ours polaires aux équipes de tournage, documentaristes, journalistes et photographes. Très intéressée par cette activité, Karine se joint à lui et côtoie maintenant les ursidés environ trois mois par année.

Contrairement aux compagnies qui proposent des visites à bord de toundra-buggy — un bus surélevé tout-terrain — Karine et son copain amènent les clients dans des voitures 4 X 4. Celles-ci n’offrent pas la protection de la hauteur du véhicule, puisque les clients observent les ours sur la terre ferme. « Quand tu es au même niveau que les ours, ça peut être dangereux. Tu ne niaises pas avec ça », raconte Karine. C’est pourquoi elle assure la sécurité, armée d’un fusil, et observe le va-et-vient des ours pour anticiper leur comportement. Elle prévient les clients de s’éloigner ou encore de rentrer dans le véhicule pour ne pas nuire aux déplacements des bêtes. « Il ne faut pas que l’ours change de chemin. Si on est dans sa route, on se tasse », explique-t-elle.

À la question de savoir si elle a déjà été témoin d’incidents ou d’accidents, Karine répond : « Je n’ai jamais eu à utiliser mon fusil. Mais quelques fois, les photographes et cameramen poussent beaucoup pour avoir de belles images. Pour moi, des fois, c’est trop. »

Occasions uniques

Le métier de guide en plein air offre la possibilité de voir beaucoup d’animaux. Karine Genest s’intéresse à la photographie depuis longtemps, mais elle se spécialise de plus en plus dans la photo animalière. « Ma job me permet de me rendre dans des endroits où je ne pourrais probablement pas aller normalement. »
Karine Genest partage les mois de l’année entre Churchill, le Yukon et des voyages. Elle a reçu des offres pour travailler dans des lodges en Alaska et en Colombie-Britannique avec les grizzlis. Pour l’instant, elle fait confiance en la vie pour la mener là où elle doit se trouver.