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le Mercredi 9 octobre 2013 12:50 Société

Le mouvement Idle No More poursuit son combat

Au mois de décembre 2012, une vague de protestation menée par les autochtones du Canada se déployait de l’Ouest à l’Est. Appelé « Idle No More » (que l’on peut traduire par « la passivité, c’est fini »), ce mouvement s’opposait à l’adoption par le gouvernement de Stephen Harper de la loi C-45 qui était apparentée à une attaque directe contre les droits des Premières nations. En effet, sans les avoir consultées au préalable, la loi prévoyait, entre autres, qu’une partie des terres de réserve pouvait être vendue à des entrepreneurs privés.

Le 11 janvier 2013, une manifestation dans le centre-ville de Whitehorse avait bloqué la circulation avant que les manifestants ne se rendent sur le bord de la rivière Yukon afin d’enchaîner discours, chants et danses au son du tambour.

Un été de la souveraineté

Dans la continuité du mouvement, la saison estivale aussi appelée « Sovsummer » (été de la souveraineté) a été l’occasion pour les communautés du Canada de continuer leurs actions afin d’exprimer leurs volontés vis-à-vis du gouvernement fédéral.

Le 18 août 2013, la visite du premier ministre Harper sur le territoire yukonnais a été l’occasion pour les membres du mouvement de manifester, tambour à la main, en marge de la visite ministérielle. Les manifestants n’ont pas obtenu d’audience de la part de M. Harper, mais le mouvement n’a pas faibli au sein des communautés.

« C’est le combat de toute une vie »

John Kim Bell, membre de la Nation mohawk et fondateur des Récompenses nationales de la réussite décernées aux autochtones, déclarait au printemps dernier que le mouvement « Idle No More » était mort. « Idle No More ne fait plus l’objet d’articles dans les médias nationaux, car le mouvement n’a pas d’objectif précis. »

Pour Charlene Baker, le mouvement est loin d’être mort. Elle précise : « C’est le combat de toute une vie. Quand j’avais 10 ans, j’ai fait la une des journaux, car j’ai protesté contre la mise en place d’un pipeline au Yukon. Treize ans plus tard, je protestais à nouveau et maintenant, cette affaire est close. »

Originaire de Pelly Crossing, Baker est titulaire d’un diplôme en art et transmet sa culture à travers l’enseignement des langues autochtones. Selon elle, la vision du premier ministre ne se rapporte qu’à des objectifs économiques.

Charlene Baker est originaire de Pelly Crosing. Elle croit que le premier ministre Stephen Harper ne possède qu’une vision économique de la situation des autochtones. Photo : Nelly Guidici

Charlene Baker est originaire de Pelly Crosing. Elle croit que le premier ministre Stephen Harper ne possède qu’une vision économique de la situation des autochtones. Photo : Nelly Guidici

« Harper est diplômé en économie et il ne pense qu’à ça. » Les revendications autochtones opposent donc l’aspect environnemental à l’objectif économique. Selon Baker, les actions du premier ministre ont un impact général. « Les actions gouvernementales n’affectent pas seulement les Premières nations, elles affectent tout le monde! »

Une action de masse

Le 7 octobre 2013 marque le 250e anniversaire de la Proclamation royale britannique ayant conduit à la fondation du Canada. C’est aussi la date choisie par les militants pour rappeler au gouvernement que le mouvement continuera tant que les dispositions du projet de loi C-45 ne seront pas abrogées et que l’aspect économie de marché sera valorisé. Cette date symbolique est également l’occasion de rappeler au gouvernement que justice n’a pas été faite dans les cas, trop nombreux, de femmes autochtones disparues ou assassinées.

Enfin, « Idle No More » souhaite que les terres autochtones ainsi que les traités signés avec la Couronne soient respectés afin qu’une nouvelle relation de nation à nation se mette en place, et ce, de façon durable.