Le 16 septembre 2023, les sismographes de la planète détectent un signal qui, à l’instar d’une cloche, continue de « résonner » pendant neuf jours. Ils en localisent rapidement l’origine : un fjord isolé et inhabité, dans l’est du Groenland, où vient de se produire un glissement de terrain. Il a fallu toutefois les efforts combinés de chercheurs de 15 pays, avec des photos aériennes et des données satellites, pour réaliser l’ampleur de « l’avant » et de « l’après. »
Ce n’est rien de moins qu’une montagne de 1,2 km qui s’est effondrée en raison du retrait de la calotte glaciaire à cet endroit. Cela s’est traduit par 25 millions de m3 de roche et de glace qui sont tombés dans le fjord de Dickson, entraînant un tsunami de 200 mètres de haut.
Comme il s’agit d’un fjord, qu’il fait moins de 3 km de large et qu’un glacier en ferme une des extrémités, l’immense énergie libérée a en quelque sorte été emprisonnée dans cet espace réduit, plutôt que de se dissiper sur l’océan. C’est cette « oscillation » qui a été suffisamment puissante pour être détectable par les sismographes pendant plus d’une semaine. Les experts l’avaient alors cataloguée comme « objet sismique non identifié. »
Dans leur description de cet événement, parue le 12 septembre dans la revue Science, les chercheurs en parlent comme d’un « signal » unique en son genre par sa constance et sa durée. Les plus forts signaux comparables n’avaient jusqu’ici été observés que pendant quelques heures. Il est même possible que l’oscillation ait duré plus de neuf jours : elle est simplement devenue, à un moment donné, trop faible pour être encore détectable par les instruments.