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le Jeudi 4 avril 2024 8:05 Sciences et environnement

Faire voler un drone n’est pas sans danger

« Ce n’est pas parce que le drone décolle qu’il ne faut pas se poser de questions! Il y a plein de trucs à connaître et il y a peut-être de la méconnaissance qui pourrait vite être contrecarrée par une formation. Même une personne avec un drone de moins de 250 grammes pourrait la passer si elle était offerte à un prix plus attractif. Cette personne-là aurait une meilleure connaissance du milieu qui l’entoure, pour prendre conscience des risques et de la responsabilité que représente le fait de faire voler un drone », résume Vincent Bonnay. — Photo : Airlink Consulting
« Ce n’est pas parce que le drone décolle qu’il ne faut pas se poser de questions! Il y a plein de trucs à connaître et il y a peut-être de la méconnaissance qui pourrait vite être contrecarrée par une formation. Même une personne avec un drone de moins de 250 grammes pourrait la passer si elle était offerte à un prix plus attractif. Cette personne-là aurait une meilleure connaissance du milieu qui l’entoure, pour prendre conscience des risques et de la responsabilité que représente le fait de faire voler un drone », résume Vincent Bonnay.
Photo : Airlink Consulting
Depuis 2019, Transports Canada exige un certificat de pilotage pour les personnes faisant voler des drones de plus de 250 grammes, que ce soit pour le travail ou pour le loisir. L’Université du Yukon s’est adaptée dès l’année suivante pour offrir une formation préparant à la certification. Depuis, elle offre une session une fois par an, en collaboration avec Airlink Consulting.

Pat Cowman a été inspecteur des transporteurs aériens et des opérations aériennes chez Transports Canada pendant plus de quinze ans. En 2016, il prend sa retraite, mais décide de poursuivre la transmission de son savoir avec Airlink Consulting qui propose des formations pour le certificat de pilote – Opérations avancées dans l’Ouest canadien et en ligne.

Photo : Fournie

Catégorisés comme des aéronefs, les drones partagent l’espace aérien avec des avions, des hélicoptères et des oiseaux. Toutes les personnes faisant voler un drone sont donc considérées comme des pilotes. À ce titre, Transports Canada exige de leur part l’obtention d’un certificat de pilote. Elles doivent alors suivre les règles énoncées dans le Règlement de l’aviation canadien (RAC), partie IX — Systèmes d’aéronefs télépilotés.

Dans la réglementation, Transports Canada distingue deux catégories : les opérations de base et les opérations avancées, chacune étant régie par ses propres règles.

Les opérations de base sont celles se déroulant dans un espace aérien non contrôlé, à plus de 5,5 km d’un aéroport certifié ou d’un aérodrome militaire et à plus de 1,8 km d’un héliport certifié, sur une distance horizontale de plus de 30 mètres d’une ou plusieurs personnes, sans aucun vol au-dessus d’elles. Si au moins l’une de ces cinq conditions n’est pas respectée, il s’agit alors d’opérations avancées.

Comprendre un nouvel environnement

Selon Pat Cowman, propriétaire de la firme Airlink Consulting, la première chose à savoir quand on fait voler un drone est d’être conscient et consciente de son implication dans l’industrie de l’aviation, mais aussi dans un environnement avec d’autres personnes. Pour lui, il est essentiel de comprendre comment l’utilisation d’un drone peut causer des problèmes de sécurité. « La façon dont je le décris aux étudiants et étudiantes, c’est que vous pilotez un couteau. Si ça touche quelqu’un, ça peut le blesser gravement. Mais vous pilotez aussi une brique volante. Donc, si le moteur s’arrête en vol et que l’appareil tombe, il y a de fortes chances que quelqu’un soit tué. Il est donc important de savoir où l’on se trouve et ce que l’on fait avec l’appareil », argumente-t-il.

Les drones de moins de 250 grammes, eux, ne rentrent pas dans la réglementation de Transports Canada, ce qui rend accessible le pilotage à un plus grand nombre, mais ne retire pas les risques inhérents. Le Franco-Yukonnais Kaël Paradis a acquis un drone qu’il utilise de manière récréative. « J’avoue que je n’avais pas vraiment considéré les règles avant d’avoir un drone… Même si je n’ai pas besoin du certificat, j’ai quand même pris le temps de lire la réglementation pour savoir ce qui était possible ou non. »

Ce n’est malheureusement pas le cas de la majorité. « Je pense que beaucoup de gens considèrent les drones comme des jouets. Souvent, ils n’ont aucune idée de l’espace aérien dans lequel ils se trouvent ou de l’endroit où ils pourraient rencontrer un avion ou un hélicoptère », commente Pat Cowman.

Vincent Bonnay a obtenu son certificat de pilote – Opérations de base en 2023, en apprenant avec des ressources en ligne. Il partage le même avis : « Ce qui pose problème, c’est que le drone est facile d’accès et d’une facilité déconcertante à piloter… Mais ce n’est pas une raison pour prendre ça à la légère. Il y a plein de considérations, les avions oui, mais aussi la faune, pour ne pas lui faire peur, ou les zones d’urgence. J’ai encore vu l’année dernière des gens faire voler des drones pas loin de feux de forêt, à la quête d’une image pour leurs réseaux sociaux alors que c’est complètement interdit! »

Se former pour apprendre

Depuis 2020, le service d’éducation permanente de l’Université du Yukon offre une fois par an la formation avancée de pilote de drone, avec Airlink Consulting, pour aider les participants et participantes à se préparer à la certification. « Le cours comprend 20 heures de formation, exigées par Transports Canada, ainsi qu’une formation pratique de pilotage et la possibilité de passer l’examen écrit. Il s’adresse à une grande variété de personnes : des agents immobiliers et agentes immobilières, des entrepreneurs et entrepreneures ou des constructeurs et constructrices de sentiers qui veulent avoir une vue d’ensemble; des vidéastes, des photographes ou des reporters qui veulent capturer la scène sous un autre point de vue ou toute autre personne qui aime simplement faire voler des drones pour s’amuser! », présente Samantha Hand, gestionnaire aux Programmes professionnels du service d’éducation permanente de l’Université du Yukon.

La formation couvre tous les sujets abordés dans le RAC, des procédures de circulation aérienne aux facteurs humains, en passant par la météorologie et la navigation. Une fois obtenu, le certificat de pilote, opérations de base ou opérations avancées, est permanent. Le ou la pilote doit cependant procéder à une mise à niveau tous les deux ans.

Participer à une formation n’est pas obligatoire pour se présenter à l’examen écrit, même si Pat Cowman la juge essentielle pour une bonne compréhension des règles. « Ce que j’ai vu jusqu’à présent, c’est que la plupart des gens s’en sortent [sans la formation], mais ils ne comprennent pas comment toutes les réglementations s’articulent entre elles et en font donc une mauvaise interprétation », détaille-t-il.

De son côté, Vincent Bonnay aurait aimé suivre une formation comme celle de l’Université du Yukon pour obtenir une autorisation pour des opérations avancées, mais il a été découragé par l’investissement financier. « En tant que réalisateur vidéo, c’est important que je puisse faire du drone parce qu’on veut de plus en plus de ce type de vue. Avec mon certificat de base, je peux travailler, mais pas s’il y a des personnes aux alentours par exemple, même si je suis en pleine nature. Mais la formation est trop chère, tout simplement. Professionnellement, ce n’est pas le bon moment pour cet investissement », constate-t-il. Selon lui, l’investissement serait de l’ordre de 2 000 $, entre la formation, l’examen écrit, l’examen de vol et la certification.

Si Transports Canada établit la réglementation relative aux conditions de vol de drone, d’autres règles qui sont régies par les parcs nationaux ou les villes peuvent également s’appliquer. « Par exemple, toute municipalité dans laquelle on vole exige généralement une assurance responsabilité civile d’un montant de 2 000 000 $. Dans les parcs nationaux, il s’agit d’un ensemble de réglementations et d’approbations tout à fait distinct. C’est de la responsabilité du ou de la pilote de se renseigner avant de voler », conclut Pat Cowman.

Une carte interactive a été développée par le Conseil national de recherches du Canada pour recenser ce type d’information. Elle est offerte en ligne à cnrc.canada.ca/fr/outil-drone/. Cet outil ne dédouane cependant pas les pilotes d’effectuer les recherches et les demandes d’autorisation appropriées avant de faire décoller leur drone.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale