Le plan « met l’accent sur le partage des responsabilités et est axé sur une économie diversifiée, la protection d’un riche patrimoine culturel, le maintien d’un environnement sain et l’utilisation respectueuse des ressources naturelles », explique Alison Callaghan, agente de communications au ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources du Yukon.
Depuis décembre 2018, une commission indépendante travaille sur un plan d’aménagement régional. Elle est composée de six membres de la collectivité selon des nominations reçues du gouvernement autochtone Tr’ondëk Hwëch’in (Angie Joseph Rear, Alice McCulley, Debbie Nagano) et du gouvernement du Yukon (John Flynn, Dan Reynolds et Jesse Cooke). Sa mise en place a temporairement été interrompue suite à la contestation judiciaire du plan d’aménagement du bassin de la Peel en 2014. Des présentations publiques et virtuelles ont eu lieu afin que la population soit impliquée.
Le plan d’aménagement des terres de Dawson est intitulé Nän käk ndä tr’ädä (qui signifie « la terre sur laquelle nous marchons »). Il découle d’objectifs énumérés dans le chapitre 11 de l’Entente définitive des Tr’ondëk Hwëch’in. « Ce plan est déterminant pour la reconnaissance et la protection de nos particularités culturelles sur notre territoire traditionnel », rapporte la cheffe Tr’ondëk Hwëch’in Roberta Joseph dans un communiqué.
Objectifs clés et impacts sur l’activité économique
L’ébauche propose des directives, notamment sur les écosystèmes fragiles, l’habitat faunique, l’implication de la communauté, le développement durable et la protection culturelle. Les dix recommandations clés portent sur l’accès, les caribous, les priorités de conservation, la culture et patrimoine, les effets cumulatifs, la mise en œuvre, l’exploitation minière, la gérance intégrée, les connaissances traditionnelles et les zones humides.
Dans l’ébauche, 34,1 % des terres sont désignées comme zone spéciale de gestion. « Il est recommandé d’y interdire toute nouvelle activité minière, mais de permettre la poursuite des activités minières existantes. Le plan soutient l’économie traditionnelle, notamment le piégeage, la chasse et la récolte », explique Katie Fraser, conseillère en politique de ressources naturelles pour la Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in.
« Le développement minier contribue à l’emploi local, à la stimulation économique et aux avantages socio-économiques à long terme et devra être réalisé de manière durable », ajoute Alison Callaghan. La division yukonnaise de la Société pour la nature et les parcs du Canada (CPAWS) ajoute que « la menace que représente l’exploitation du quartz pour la harde de caribous de Fortymile a été considérablement réduite ».
Zones protégées et gérance intégrée
La région d’aménagement de 39 854 km² a été divisée en 21 unités, avec des objectifs de gestion propre et différentes catégories : zone spéciale de gestion, zone de gérance intégrée et planification sous-régionale. Le parc Tombstone et la collectivité de Dawson sont exclus du plan, possédant des plans d’aménagement distincts. 45 % des terres devraient acquérir le statut de haute valeur de conservation.
« C’est beaucoup moins que les plans de Peel et du nord du Yukon, mais c’est conforme à l’objectif de conservation provisoire du Canada de protéger 30 % de ses terres d’ici 2030 », commente la Société de conservation du Yukon.
La gérance intégrée est proposée pour 57,5 % des terres dans 12 unités afin de pouvoir y développer des activités économiques avec un impact minimal sur l’environnement. La gérance intégrée – soulignant que la population est gardienne de la région – est une responsabilité ancestrale et spirituelle traditionnelle des Tr’ondëk Hwëch’in. Or, selon CPAWS, il y aurait d’autres zones « où le plan pourrait mieux gérer les valeurs et les habitats de la région, comme les zones humides de la rivière Indian, qui stockent de la tourbe ancienne et du carbone, et le ruisseau Antimony, où les Premières Nations pratiquent des activités traditionnelles de chasse et de piégeage ».
Un plan en attente de validation
Une nouvelle consultation publique a débuté le 20 septembre et finira le 20 novembre 2022. Des réunions auront lieu à travers le territoire. La population est encouragée à faire part de ses commentaires en personne et en ligne. La Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in et le gouvernement du Yukon seront responsables conjointement de la mise en œuvre du plan. Toutefois, « l’ébauche du plan ne sera peut-être pas le plan final. Des consultations auront lieu cet automne pour une éventuelle approbation ou l’ajout de recommandations par les gouvernements », précise Alison Callaghan.
Dans l’Entente définitive du gouvernement Tr’ondëk Hwëch’in, il est stipulé que « l’article 11.7.1 ne doit pas être interprété comme obligeant le gouvernement à promulguer ou à modifier une loi pour mettre en œuvre un plan d’aménagement du territoire ou pour accorder un intérêt dans des terres, des eaux ou d’autres ressources ou en autoriser l’utilisation ». Tout plan finalisé pour cette région n’aura donc pas d’incidence directe sur la législation existante. Toutefois, « le gouvernement du Yukon modernise actuellement la législation existante et élabore une loi moderne sur les terres, en plus de créer une nouvelle législation minière », conclut Alison Callaghan.
Le plan complet recommandé et le sondage sont disponibles sur le site onthelandwewalktogether.ca.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale