Notre avenir propre, la stratégie yukonnaise en réponse à l’urgence climatique, ciblait 19 actions à compléter en 2021. Parmi celles-ci, 13 ont été complétées, comme l’interdiction de la vente et de la distribution de sacs en plastique au territoire, la mise en œuvre d’un système de suivi des gaz à effet de serre (GES) générés par l’industrie touristique et l’augmentation du nombre de véhicules à émission zéro sur les routes.
« Nos émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 12 % par rapport aux niveaux de 2019. Cette baisse d’émissions est partiellement due à l’impact de la pandémie », a souligné en conférence de presse John Streicker, ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources au gouvernement du Yukon. Ce pourcentage exclut le secteur minier, qui possède ses propres cibles de réduction.
Le conseil d’orientation appelé en renfort
En lançant sa stratégie il y a deux ans, le Yukon s’est engagé à réduire d’ici 2030 ses émissions de GES de 45 % sous les niveaux de 2010. Or, les résultats anticipés demeurent encore loin du compte. « Les derniers travaux de modélisation achevés en janvier 2022 suggèrent que les mesures prises […] devraient réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 110 kilotonnes d’ici 2030. Cette réduction représente un peu plus de 15 % de moins que les émissions de 2010 et ne représente qu’un tiers du chemin à parcourir pour compléter notre ambitieux objectif », peut-on lire dans le rapport annuel de 2021. Et cela, toujours sans compter l’inclusion du secteur minier.
« Et c’est là où les recommandations du Conseil d’orientation sur le climat du Yukon interviendront », a soutenu en conférence de presse Rebecca Turpin, directrice du Secrétariat des changements climatiques. Ce conseil, composé de 11 personnes aux horizons différents, déposera ses recommandations sous peu et le gouvernement réfléchira à la façon de les inclure dans la stratégie pour tenter de pallier l’écart.
La Société de conservation du Yukon réagit
Pour la Société de conservation du Yukon (SCY), le document est pertinent jusqu’à ce qu’on arrive à l’industrie minière. « Le rapport n’inclut pas ces émissions de gaz à effet de serre et ça mine tous les effets, tous les aspects de la stratégie », se désole Marie Hammje, directrice des communications pour l’organisme communautaire environnemental à but non lucratif.
Cette dernière salue les avancées réalisées en matière de véhicules et de vélos électriques. En 2021, 95,7 % de l’électricité produite par le réseau principal du Yukon provenait d’énergies renouvelables, selon le rapport annuel. « Il y a beaucoup de projets dans le rapport qui ont eu des impacts positifs », ajoute la directrice des communications, en poste depuis juillet. « Trouver un moyen d’avoir une croissance économique verte, oui, mais ça ne doit pas s’accompagner d’émissions de GES, parce qu’on n’a pas le temps d’attendre », nuance-t-elle.
Selon Katrine Frese, consultante et ancienne chargée de cours pour le certificat en politique climatique de l’Université du Yukon, il est important que le gouvernement atteigne les cibles qu’il s’est fixées et qu’il reste terre à terre quant à la portée réelle de ses actions. Des cibles plus réalistes auraient été préférables, selon elle.
La résilience yukonnaise passée au peigne fin
En conférence de presse, le ministre de l’Environnement Nils Clarke a également présenté le premier rapport sur les risques que posent les changements climatiques pour le territoire, disponible uniquement en anglais. Sept domaines prioritaires sur lesquels améliorer la résilience du Yukon ont été ciblés, comme les infrastructures de transports, la fonte de pergélisol, les inondations et les incendies, et les écosystèmes et la biodiversité.
« Je suis très fière de la façon dont ce rapport a été créé, puisqu’il comprend un large éventail de perspectives, plus grand que ce qui est normalement considéré en termes d’évaluation des risques », a soulevé Rebecca Turpin en conférence de presse.
Selon Marie Hammje, l’importance de cet exercice réside dans la reconnaissance de l’impact des changements climatiques. « Ça a dû demander un travail qu’on imagine énorme de pouvoir réunir tous ces acteurs et de s’accorder sur ces points, et on est plutôt satisfaits à ce niveau-là. » Selon Katrine Frese, cet outil pourra également aider le gouvernement du Yukon à peaufiner sa stratégie et ses actions.
La population yukonnaise est invitée à donner ses commentaires sur les cibles d’intensité d’émission de GES pour le secteur minier jusqu’au 2 octobre, à l’adresse courriel : [email protected].