« Je me rends compte qu’on est dans un contexte économique difficile, puis je comprends que le gouvernement doit tenir compte de priorités comme le logement et l’inflation et l’environnement », soutient la présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Nancy Juneau, en entrevue avec Francopresse.
D’après elle, les mesures et les initiatives annoncées pour contrer la crise du logement et le coût de la vie vont bénéficier aux travailleurs dans le secteur des arts et de la culture.
Toutefois, la présidente de la FCCF aurait voulu voir des bonifications importantes pour le Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine (Fonds des legs) et le Fonds du Canada pour la présentation des arts, qui avaient reçu un investissement de 15 millions de dollars en 2019.
« Le milieu demandait [le maintien] de ces bonifications, 30 millions supplémentaires par an combinés dans ces deux programmes dédiés au spectacle vivant, rapporte Nancy Juneau. Sans ces bonifications-là, on retourne à des investissements prépandémiques, [soit] l’équivalent d’à peu près les montants déployés en 2007. Donc c’est un non-sens, et ça a de graves répercussions économiques. »
Impact important sur la francophonie
Pour Nancy Juneau, le manque de financement dans les arts et la culture a des conséquences importantes sur les communautés francophones hors Québec.
« On n’est pas en train de les priver de dessert, on est en train de les priver d’un moyen de maintenir leur culture et leur langue en vie. Donc on s’inquiète un peu de ça », lance-t-elle.
Selon une étude de Hills Strategies commandée par la FCCF, plus de 36 000 francophones en situation minoritaire occupent des postes culturels.
À la lumière des enjeux socioéconomiques actuels, il est donc important pour la FCCF d’assurer de meilleures conditions de travail pour ces travailleurs avec, par exemple, « l’assurance chômage et l’assurance travail, avec la possibilité d’étalement de revenus pour les artistes ». « [Il faut] qu’on soutienne encore mieux ce secteur, qu’on perçoive ça comme des investissements plutôt que comme des dépenses », dit-elle fermement.
Des mesures pour le journalisme peu inclusives
Pour sa part, l’organisme Réseau.Presse, éditeur de Francopresse, est déçu des mesures proposées pour les médias dans l’énoncé économique.
Malgré un investissement de 129 millions de dollars prévu sur cinq ans pour appuyer le journalisme, « la vaste majorité de nos membres, c’est-à-dire 85 %, n’y sont pas admissibles », affirme le coprésident de Réseau.Presse, Nicolas Jean, dans un courriel.
Pour obtenir le crédit d’impôt prévu pour la main-d’œuvre journalistique, les journaux doivent recevoir la qualification de l’Organisation journalistique canadienne qualifiée (OJCQ). Celle-ci peut être obtenue, entre autres, si le journal emploie au moins deux journalistes.
« La réalité de la vaste majorité de nos journaux, qui œuvrent en situation minoritaire, c’est qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens financiers d’employer deux journalistes », se désole Nicolas Jean.
Selon le coprésident de Réseau.Presse, plusieurs programmes gouvernementaux existants nécessitent d’être bonifiés, tels que l’Initiative de journalisme local (IJL).
« [Ce dernier] a permis de renforcer la capacité éditoriale de nombreux journaux à travers le pays en offrant une couverture des réalités des communautés de langue officielle en situation minoritaire de très grande qualité. »