La grève du personnel de la fonction publique a été déclenchée le 19 avril dernier par l’AFPC, après près de deux ans de négociations avec le Conseil du Trésor. À l’échelle du pays, cela représente 155 000 grévistes, dont près de 600 seraient en poste dans les territoires.
L’inflation souffle sur les braises
Les raisons de la grève sont multiples, mais le nœud du conflit demeure la hausse des salaires. Le syndicat souhaite obtenir une augmentation des salaires de 13,5 % sur trois ans, alors que le Conseil du Trésor propose une hausse salariale de 9 % sur trois ans.
Or, selon la vice-présidente de la région nord de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, Lorraine Rousseau, ce n’est pas qu’une question de salaire : « Nous parlons de travail à distance, de meilleures conditions de travail, de formations obligatoires pour de la sensibilisation au contexte autochtone […] », explique-t-elle, au milieu de la ligne de piquetage, le 21 avril dernier.
« L’inflation est en hausse. Nous tentons de suivre le coût de la vie, ajoute-t-elle. Les travailleurs méritent un salaire juste parce qu’ils vivent dans les communautés qu’ils desservent. Cet argent pour les salaires ne va pas dans nos poches et ensuite disparaît. Cet argent va dans nos poches, puis nous le dépensons à l’épicerie, pour l’essence, pour notre hypothèque ou notre loyer. L’argent retourne directement dans l’économie des communautés. »
Représenter le Nord
Mme Rousseau estime important que le Nord ne soit pas oublié dans les négociations. « Nous sommes déjà ignorés à tant d’égards, pourquoi est-ce que notre employeur veut s’en prendre aux salaires alors que c’est nous qui faisons le travail ici. Il veut du recrutement et de la rétention. Mais il ne veut pas dépenser le salaire », décrie-t-elle.
Des lignes de piquetage ont été installées dans les capitales des trois territoires. À Whitehorse, le 27 avril dernier, une trentaine de grévistes se sont rendus devant les bureaux de l’Assemblée législative pour faire davantage de pression. Selon Lorraine Rousseau, entre 50 et 100 personnes se joignent aux manifestations chaque jour au centre-ville de Whitehorse. « Le moral est bon et les gens sont là », soutient-elle. « C’est nous qui portons le Canada à bout de bras. Et non les gens assis à Ottawa qui prennent des décisions qui nous touchent dans le Grand Nord ».
Délais à prévoir pour la population
Pour l’ensemble de la population, cette grève entraîne des délais importants dans l’accès aux services, notamment en ce qui a trait au renouvellement des passeports et au traitement des déclarations de revenus. Si, en temps normal, cinq personnes travaillaient sur un certain procédé, il y en a seulement une présentement, estime Lorraine Rousseau. Chaque jour de grève représente un retard énorme, selon cette dernière, et c’est le gouvernement fédéral qu’il faut blâmer.
Selon les informations de Francopresse, des délais importants sont également à prévoir au ministère de l’Immigration, notamment les services de citoyenneté et le délai de réponse aux courriels et téléphones.
La dernière grève des fonctionnaires fédéraux membres de l’AFPC remonte à 2004.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale