le Mardi 21 janvier 2025
le Jeudi 9 janvier 2025 7:55 Culture

Mêler le feu au bois

Le duo d’artistes a réalisé la pancarte d’accueil de l’hôtel Raven’s Rest Inn à Haines Junction. « Alida a fait la face avec le corbeau et moi, j’ai fait la face avec la montagne avec King’s Throne. Sur la pancarte de l’auberge, il y a 200 heures de travail dessus. Rien que nous avec la pyrographie, sans compter le ponçage et la découpe et l’assemblage du bois », rapporte Lucie Llamas Bravo. — Photo : Fournie
Le duo d’artistes a réalisé la pancarte d’accueil de l’hôtel Raven’s Rest Inn à Haines Junction. « Alida a fait la face avec le corbeau et moi, j’ai fait la face avec la montagne avec King’s Throne. Sur la pancarte de l’auberge, il y a 200 heures de travail dessus. Rien que nous avec la pyrographie, sans compter le ponçage et la découpe et l’assemblage du bois », rapporte Lucie Llamas Bravo.
Photo : Fournie
Lucie Llamas Bravo et Alida Thomas forment le duo artistique Northern Wild Heart. Ces deux voisines vivant dans la vallée de l’Alsek, près de Haines Junction, ont choisi de s’adonner à l’art de la pyrographie. Toutes deux s’inspirent de la nature environnante pour dessiner et graver sur des pièces de bois.

« C’est l’art de la brûlure sur le bois », résume d’entrée Lucie, originaire de Belgique. « On utilise un pyrograveur et, en fonction de la qualité de ce que tu achètes, tu as plus ou moins une ligne précise, une ligne fluide. On a commencé avec un pyrograveur de base chez Canadian Tire, qui est comme un stylo dont la pointe chauffe avec l’électricité. Tu le branches, ça chauffe et là tu fais ton dessin sur le bois », poursuit-elle.

Les deux femmes réalisent le processus entier, soit la coupe des pièces de bois dans la forêt environnante (The Burn), le ponçage, la finition et le dessin final. « Ça révèle de la magie. Le bois est vraiment incroyable. On dessine au crayon, puis on prend le pyrograveur pour faire le traçage », explique Lucie Llamas Bravo.

« Le brûlage est un moyen d’expression totalement différent », complète Alida Thomas, née au Yukon.

Les dessins varient. Lucie dessine principalement des femmes en forme de champignons, tandis qu’Alida s’adonne à la réalisation de pièces représentant des animaux, comme des ours, des loups ou des paysages.

Chaque pièce nécessite au minimum une à quatre heures de travail. Une fois la pièce terminée, les artistes apposent une couche d’huile minérale pour conserver plus longtemps la pièce de bois, qui est généralement de l’épinette blanche.

Un duo complémentaire

Leur projet artistique a commencé un peu au hasard. « Avec ma voisine, on s’est lancé des défis. Il y a trois ans, on s’est dit “tiens, on ferait bien de participer au marché de Noël à Haines Junction”. Et un peu comme ça, au hasard, et on s’est pris au jeu de la pyrographie. Depuis, on continue. On évolue. On progresse et on chemine tout doucement vers le statut d’artiste, sans trop l’avoir calculé, et ça, c’est fantastique. On s’est encouragées et on s’est soutenues mutuellement dans le projet », raconte Lucie.

« On va dans deux univers totalement différents, mais complémentaires », ajoute Alida. « Lucie a pris son envol. Elle a vraiment développé son style autour du corps des femmes et des femmes champignons. Lucie crée tous ces corps qui explorent le féminin. Elle vient du monde de la danse et des soins infirmiers et elle est aussi mère. C’est vraiment cool parce que nous avons continué à grandir toutes les deux. Nous avons réalisé beaucoup de projets ensemble. »

Leur dernier projet à deux a été de réaliser en novembre dernier la pancarte d’accueil de l’hôtel Raven’s Rest Inn à Haines Junction, soit une peinture murale d’un mètre sur deux. Ce fut un beau défi pour les deux artistes. « C’est énorme. La plus grande chose que nous faisions était de la taille d’une assiette à l’époque. On s’est dit qu’on allait essayer », rapporte Lucie.

Lucie Llamas Bravo conseille d’ajouter régulièrement une couche d’huile minérale pour allonger la durée de vie de la pièce de bois et la qualité du dessin. Leurs réalisations sont en vente lors des divers marchés de Noël ou sur demande.

Photo : Fournie

D’autres projets à venir

Après une pause maternité, Lucie reprend petit à petit ses activités artistiques.

Les deux artistes ont participé aux marchés de Noël à Whitehorse (au CSSC Mercier) et à Haines Junction. S’il leur reste des pièces, Lucie n’exclut pas la possibilité de se rendre dans d’autres petits marchés.

Alida s’est lancée dans un projet avec Sylvie Gewehr de Wildwood Spirit. « Ce projet vise à aider les gens à se rapprocher des plantes sauvages. Il y a des cartes avec des informations et des recettes pour chaque plante. Il y a aussi des cartes oracles mélangées à l’art de la pyrogravure », explique-t-elle.

« J’ai travaillé avec elle et j’ai réalisé l’illustration d’un paquet de plantes médicinales que nous imprimons et que les membres de la communauté reçoivent par courrier tous les mois. »

« C’est le plus gros projet sur lequel j’ai travaillé cette année, parce qu’il a fallu beaucoup d’efforts pour réunir toutes les pièces du puzzle. Nous voulions que les gens apprennent à connaître une plante et se connectent avec une plante par mois, et encourager cette connexion lente avec la façon dont la nature vous soutient », termine Alida Thomas.

On peut retrouver l’ensemble des œuvres du duo Northern Wild Heart sur leur compte Instagram.