C’est la deuxième fois que l’artiste se lance dans une tournée à l’international. Déjà l’année dernière, Chérie Coquette avait été jusque sur la scène norvégienne.
Depuis une dizaine d’années, l’artiste francophone se produit dans de nombreux festivals. Dans un style qui rassemble « le glamour, le sexy » et « l’humour », le nom de Chérie Coquette résonne sur la scène burlesque.
Pourtant, au-delà de son côté artiste, la jeune femme a un autre travail, qu’elle occupe trois jours par semaine. En 2023, elle a pu prendre une année sabbatique afin de réaliser son rêve : « voyager et performer ». « Je suis chanceuse que mon employeur soit flexible par rapport à ça », affirme-t-elle.
De la création de ses chorégraphies jusqu’au moment du spectacle, Chérie Coquette assure toutes les étapes de ses prestations, ce qui lui ajoute une charge de travail conséquente. Elle ne reçoit qu’une aide minime pour la création de ses costumes.
Une bourse qui aide
Si cette tournée a été possible, c’est en partie grâce au Fonds d’aide à la tournée offert par le gouvernement du Yukon.
« Il faut être accepté·e à un seul festival et tu as le droit à cette bourse », explique-t-elle. « Ce financement couvre les déplacements ainsi que les hébergements. » En 2023, c’est le festival de Saskatoon qui lui a ouvert les portes de cette bourse.
« Les gens ne réalisent pas le travail que ça prend […] Tu appliques à tout, c’est la meilleure solution. Il y a beaucoup de rejets, mais tu pratiques le rejet », avoue-t-elle.
Finalement, même si la jeune femme n’est pas toujours acceptée, elle explique tout de même participer aux différents festivals en tant que spectatrice. « Même si tu ne performes pas, tu rencontres des gens. Je fonctionne toujours par les contacts, et c’est ce qui marche le plus. »
Le burlesque, un art subjectif
Pour Chérie Coquette, la manière dont l’artiste est perçu·e sur scène est très subjective. Cela dépend du style de la personne qui se produit et du public, mais cette vision va encore plus loin.
Elle explique que, venant du Nord, il n’est pas rare qu’elle ne soit pas prise au sérieux. « Ce n’est pas parce qu’on vient du Nord qu’on n’a pas de talent », se défend-elle.
L’artiste ajoute que son public est régulièrement surpris de son niveau, lorsqu’il apprend qu’elle vient d’une petite ville comme Whitehorse.
« Je suis très dans le style prove them wrong [prouve-leur le contraire] […] Je pense que j’apporte une certaine visibilité, je montre qu’on a du talent ici », ajoute Chérie Coquette.
Si ce sentiment se fait ressentir au Canada, l’artiste avance que ce n’est pas le cas lorsqu’elle se représente dans les autres pays : « En Europe par exemple, je viens du Canada, pas d’une petite place comme le Yukon. »
Le but de cette tournée internationale, du nom de Small Places Big Heart, était justement de visiter des lieux peu reconnus pour le burlesque. « J’aime que les gens ne connaissent pas, il y a plus l’effet wow! », affirme-t-elle.
Découvrir le Yukon et la francophonie
Sur scène, Chérie Coquette sait utiliser son style humoristique pour faire valoir sa francophonie et sa culture yukonnaise.
« Le Yukon est très masculin. Pendant la ruée vers l’or, il n’y avait que 8 % de femmes blanches pour subvenir aux besoins des hommes », précise-t-elle. Pour elle, c’est pour cela qu’il est important de parler de l’histoire du Yukon dans ses spectacles.
Lors de la ruée vers l’or, ces femmes étaient majoritairement des danseuses et des prostituées. Pour l’artiste, il est important de démystifier ce travail du sexe.
Quant à la francophonie, une danse complète lui est dédiée. Dans ce numéro, présenté pour la première fois à Halifax le 23 septembre dernier, Chérie Coquette s’est donné pour mission de défaire les stéréotypes de la langue française dans le burlesque.
« Le français est réputé pour être la langue de l’amour. Alors dans ce numéro, je fais beaucoup participer le public, Je demande aux gens s’ils parlent français, et la réponse que j’ai souvent c’est : “voulez-vous coucher avec moi”. Donc mon but, c’est vraiment de défaire tout ça », affirme-t-elle.
Sur le long terme, l’artiste souhaite organiser un festival de burlesque à Whitehorse. « Je veux montrer que le public est là. Que c’est merveilleux au Yukon », conclut-elle.
Pour Halloween, l’artiste fera un retour aux sources, le 27 octobre au bar Lefty’s Well de Whitehorse.
LECTURE SIMPLE
Les spectacles burlesques : pour pouvoir rire de tout, ou presque!
Le burlesque est une forme de spectacle qui mélange danse, humour et séduction. C’est un style qui est né au 19e siècle. Le mot « burlesque » vient du mot burla, qui en italien signifie « farce » ou « plaisanterie ».
À ses débuts, le burlesque était l’occasion de se moquer des classes sociales plus riches ou de parler de sujets de société. C’étaient des spectacles où les artistes jouaient avec humour et de manière exagérée, avec des costumes extravagants.
Avec le temps, la danse burlesque a évolué pour inclure des éléments d’effeuillage (striptease). Cet art a conservé un aspect amusant et théâtral.
Aujourd’hui, la danse burlesque est un mélange de styles variés qui permet à de nombreuses personnes de s’exprimer artistiquement. Elle célèbre la diversité des corps et a souvent pour objectif de renforcer la confiance en soi. Ce sont encore aujourd’hui des spectacles drôles, provocateurs et qui font réfléchir ou du moins, qui font jaser!