le Samedi 14 septembre 2024
le Jeudi 28 septembre 2023 7:45 Culture

Un projet d’accessibilité pour le musée de la ville de Dawson

Le musée est ouvert tous les jours en saison touristique et sur demande en hiver. — Photo : Agnès Viger
Le musée est ouvert tous les jours en saison touristique et sur demande en hiver.
Photo : Agnès Viger
Le projet audio devrait être finalisé pour l’été 2024.

Le musée de la ville de Dawson propose plusieurs expositions présentant notamment la vie de la Première Nation Tr’ondëk Hwëch’in avant 1896 ou la ruée vers l’or du Klondike, mais aussi les développements économiques et culturels qui ont suivi au XXe siècle. Des explications écrites sur les artefacts et les personnages historiques sont offertes dans les deux langues officielles du Canada.

Après avoir fini sa scolarité dans l’École secondaire Robert Service à Dawson, Scotta Masters est en dernière année de baccalauréat d’histoire à Edmonton.

Photo : Fournie

Un nouveau projet de Scotta Masters — étudiante en baccalauréat d’histoire qui travaille en tant qu’assistante au musée en été — rendra le contenu du musée davantage accessible. « Il s’agit d’une restitution audio de tous les textes », explique Mme Masters. C’est grâce à un emploi d’été au musée il y a cinq ans que la dawsonienne découvre son amour pour l’histoire. « J’aime partager l’histoire d’une manière qui permet à d’autres personnes de la connaître, de la comprendre; une façon qui, pendant de nombreuses années, a été totalement inacceptable ou inaccessible », ajoute-t-elle.

La naissance du projet

Lorsqu’elle a postulé au musée, la mise en place d’un projet personnel faisait partie intégrante de l’offre d’emploi. « Mon objectif est une lecture à haute voix des différents textes du musée, en anglais et en français. J’ai toujours aimé l’idée de faire des baladodiffusions et de transformer l’histoire orale de manière à la rendre publique et ludique », explique l’étudiante.

Offrir un support audio a une résonance particulière pour Scotta Masters. « Dans les musées, j’ai du mal à lire et comprendre pleinement les textes dans le même laps de temps que la plupart des gens. La composante auditive permet d’accélérer les choses, mon cerveau n’a ainsi pas à travailler aussi dur », partage-t-elle. C’est le cas de grand nombre de personnes, notamment celles présentant une dyslexie, ce qui toucherait 15 à 20 % de la population d’après l’International Dyslexia Association.

Scotta Masters espère ainsi augmenter l’inclusivité et l’accessibilité du musée. « C’est nécessaire pour les personnes atteintes de cécité, de neurodivergence ou pour les personnes qui apprennent mieux par l’ouïe », précise-t-elle. L’étudiante cherche de nombreux volontaires pour diversifier les voix et les tons et limiter la monotonie qui peut créer des difficultés d’apprentissage, notamment dans la communauté autiste. « Il s’agit d’un projet 100 % bénévole. Le musée ne fera pas payer l’audioguide en dehors du prix d’entrée de base. Nous ne cherchons pas à faire du profit sur les voix », indique Scotta Masters.

Impliquer la population du Yukon

De nombreuses personnes habitant au Yukon ont un lien avec l’histoire du territoire. « Lors d’une visite scolaire de l’École Robert Service, une jeune fille a fièrement montré à tous ses camarades de classe que son arrière-grand-mère était là! Cela m’a fait réfléchir à l’amour et à l’attention que l’on porte à tous les membres du musée. Si seulement les visiteurs pouvaient le savoir! », s’est émue Scotta Masters.

Suite à cette interaction, l’étudiante a partagé une liste des figures célèbres présentes au musée, cherchant des membres de la population ayant un lien de parenté ou de connaissances personnelles avec ces dernières, et qui souhaiteraient lire leurs courtes biographies pour son projet. On y retrouve notamment les francophones François Buteau, Joseph Ladue et Gédéon Pépin. « C’est à la fois un petit complément à l’apprentissage de la plus grande partie de l’histoire du musée, mais aussi un petit avantage pour les gens qui prennent l’initiative de faire l’audioguide », ajoute-t-elle.

De nombreux volontaires ont participé en personne cet été, prenant rendez-vous avec l’étudiante au musée. « J’ai aussi tenu un stand au marché fermier de Dawson pour pouvoir recueillir les voix de personnes qui n’auraient pas eu le temps de me rencontrer et de s’exprimer normalement dans leur journée », ajoute-t-elle.

La dawsonienne Marielle Veilleux a ainsi pu prêter sa voix. « La lecture s’est faite pendant une journée très chaude, dehors au marché. J’en ai fait deux : une en français et une autre en anglais. Ce fut une belle initiative et j’ai hâte de voir comment les gens vont pouvoir y accéder », explique-t-elle.

Scotta Masters cherche encore des volontaires, plus particulièrement des francophones, pour pouvoir terminer son projet avant l’été prochain. Les personnes de tous âges sont acceptées, à condition de savoir lire et d’être aptes à faire de la copie verbale. « Le personnel du musée me soutient et me donne beaucoup de temps pour organiser ce projet et le mener à bien. Les membres de la communauté m’aident également beaucoup en donnant leur voix », s’enthousiasme Scotta Masters.

L’étudiante prévoit d’installer une plaque de remerciement avec le nom de tous les bénévoles. Elle est joignable par courriel à [email protected] pour ceux ou celles qui souhaiteraient encore participer.

De nombreux panneaux relatant l’histoire de la ville de Dawson sont proposés en français et en anglais dans le musée.

Photo : Agnès Viger