Auparavant organisée par Don Watt, un sculpteur de neige renommé, l’exposition de sculptures sur neige au parc Shipyards s’est déroulée dans le contexte du festival Yukon Rendezvous. Cette année, deux francophones, Michel Gignac et Joshua Lesage, ont participé à la création des sculptures.
Mettre le pied à la pâte
La planification de cet événement implique des arrangements logistiques pour les responsables de l’organisation. Environ une semaine avant l’exposition, l’équipe du comité d’organisation du Yukon Rendezvous et des bénévoles viennent compacter la neige dans de grosses structures en bois. « Ils vont sur des terrains de baseball, dans les parkings autour de là, où il n’y a jamais de gens à ce temps-ci de l’année, et ils vont chercher la neige », explique Michel Gignac, qui en était à sa cinquième participation cette année.
Les bénévoles se relaient pour tasser la neige en marchant sur celle-ci. Les blocs reposent ensuite pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’ils durcissent et deviennent sculptables.
Esprit artistique
Chaque sculpture est travaillée en petites équipes. « La plus grande partie du design, c’est d’avoir un consensus sur l’idée […] Après ça on fait une petite maquette, puis la maquette c’est juste pour avoir une petite référence pour les débuts », explique Michel Gignac.
Pour l’artiste, qui a l’habitude de travailler avec différents matériaux, une particularité de la sculpture sur neige est la notion de temps très restreinte pour la conception de l’œuvre. « Tu ne peux pas trop être dans ta tête », témoigne-t-il. Une limite de temps variant entre environ trois et cinq jours s’impose pour ce genre de projet.
Il s’agit également d’un matériau ayant des propriétés physiques particulières à respecter. Michel Gignac aime pouvoir « pousser le matériel et ses limites », c’est-à-dire oser des formes moins conventionnelles et plus risquées dans leur configuration.
Sculpter la neige
Michel Gignac utilise des outils spécialisés faits sur mesure pour sculpter la neige, mais toutes sortes d’instruments peuvent également être employés. « Les deux outils avec lesquels j’ai eu le plus de plaisir à travailler étaient une grosse pelle à neige et une brosse à cheval », partage Gorellaume, artiste local ayant participé à la confection des sculptures sur neige dans le passé.
La météo est également un facteur important à prendre en compte. « Le temps extérieur te met beaucoup de bâtons dans les roues », rapporte Gorellaume. Si la température monte au-dessus de 0°C, il est préférable de se positionner à l’ombre. Il est également possible d’utiliser des bâches pour protéger la sculpture des rayons du soleil. Si la température est trop élevée, il faut alors patienter avant de continuer à travailler la neige. Cette année, la situation n’a pas posé de problème puisque la température avoisinait les -20 degrés lors du festival.
Épreuve compétitive
Par le passé, l’exposition de sculptures sur neige était organisée sous forme de compétition. Depuis quelques années, la formule compétitive a été abandonnée. Les artistes professionnel·le·s sont maintenant rémunéré·e·s pour leur participation, mais aucun grand prix n’est en jeu.
« Avant, c’était une compétition internationale, donc il y avait des équipes de partout. Là, c’est rendu que c’est essentiellement juste des gens du Yukon », explique Michel Gignac. Selon lui, le fait d’avoir des participant·e·s voyageant d’ailleurs et provenant de différentes cultures était enrichissant et permettait un apport d’idées originales et distinctes à l’exposition.
Des blocs de neige plus petits sont également installés sur le lieu de l’exposition professionnelle, mais ils sont quant à eux destinés au grand public, pour des équipes composées d’amateurs et amatrices. Une belle occasion pour essayer une nouvelle discipline artistique tout en étant au grand air.
Michel Gignac affirme que ce nouveau format non compétitif a tout de même l’avantage de créer une communauté de sculptrices et sculpteurs de neige grandissante ici, au Yukon.