Leah Cramond
Dès son plus jeune âge, Leah Cramond était des sorties de chasse avec son père. Aujourd’hui âgée de 14 ans, elle affirme avoir tout appris à ses côtés. « J’aime surtout y aller pour le camping. Puis je passe du temps avec mon père et mon frère aussi. »
Pour elle, chasser le bison est son activité favorite, bien qu’elle ait aussi chassé l’orignal, l’ours et la perdrix. « C’est drôle, les perdrix. Quand elles te voient, elles se figent et pensent que tu ne les vois pas », reconnaît-elle en riant.
Leah Cramond explique chasser pour plusieurs raisons. « Ça coûte cher d’acheter de la viande, puis tu ne sais jamais d’où elle vient. Au moins, quand je chasse, je sais qu’ils [les animaux] ont eu une belle vie », rapporte-t-elle. Elle explique également qu’il y a un côté communautaire avec la chasse, puisque sa famille partage la viande avec d’autres familles.
La jeune fille admet ne jamais avoir reçu de commentaires négatifs au Yukon. « Des ami.e.s en dehors du Yukon m’ont déjà dit que c’était triste de faire de la chasse. Mais je leur explique que les animaux que je chasse vivent mieux [que ceux achetés à l’épicerie], car je sais comment ils vivent », conclut-elle.
Arthur St-Laurent
Pour Arthur St-Laurent, la chasse est aussi une activité familiale. « La première fois que j’ai été à la chasse, c’était avec mon père. Ça me permettait de passer du temps en famille. Mais c’est aussi comme si j’allais faire une marche, ça me vide la tête. C’est thérapeutique pour moi la chasse », indique le francophone de 19 ans. Depuis qu’il a 8 ans, Arthur chasse plus sérieusement et peut même partir seul. « Je n’ai pas encore mon permis d’armes, donc je chasse surtout le petit gibier. J’ai un arc à flèches et un slingshot [lance-pierres]. J’ai pas besoin d’être accompagné et je n’ai pas besoin de permis », rapporte-t-il.
« À la base, la chasse est une façon de se nourrir. Mais c’est aussi un sport… C’est physique! Et il faut planifier. Il faut avoir un bon état d’esprit », avance le jeune adulte. Il se souvient d’une fois où son père et lui ont dû improviser un radeau afin de traverser une rivière à la nage pour rapporter la viande à leur campement.
Il raconte que la chasse au Yukon est très contrôlée et qu’il y a toute une éthique à apprendre. « On est autorisés à chasser seulement en automne et pour le gros gibier, ce n’est que les mâles. Parce qu’on ne veut pas endommager la population », explique-t-il.
« On apprend [au cours sur l’éthique de la chasse offert par le gouvernement du Yukon] qu’il ne faut pas gaspiller la viande qu’on chasse et qu’il faut être respectueux envers l’animal et la nature », ajoute-t-il.
Arthur St-Laurent reconnaît avoir déjà été appelé de « sans-cœur » ou de « psychopathe ». « Je réponds simplement en expliquant à ces gens que la viande chassée, c’est pour survivre », conclut-il.
Jacob Oleshak
Jacob Oleshak ne se souvient pas quand il a commencé à chasser. Dans sa famille, chasser est culturel. Son père est guide de chasse, donc Jacob a pratiqué en grandissant.
Sur le terrain, le francophone explique qu’il faut partir léger, mais sans rien oublier non plus. « Quand je pars chasser le mouflon, je pars une semaine, je dors dans la tente et je ne redescends pas de la montagne. Tu ne veux pas, une fois en haut, te rendre compte que tu as oublié le papier de toilette », raconte-t-il en souriant.
S’il chasse depuis qu’il est tout petit, Jacob Oleshak reconnaît avoir eu une frayeur qu’une seule fois. « Je marchais devant. J’étais avec ma sœur, ma mère et mon père. Puis là, j’écarte les branches et je vois un grizzli. Ma sœur arrivait en courant. Je lui ai dit de s’arrêter et de faire demi-tour pour prévenir les parents. Puis j’ai sorti mon fusil et j’ai reculé lentement. J’ai vu le grizzli se dresser sur ses pattes, mais j’ai continué de reculer, mon fusil prêt. Finalement, j’ai vu deux bébés et j’ai compris que c’était une maman. J’ai continué de reculer et elle est juste partie avec ses bébés », se souvient l’adolescent.
Jacob Oleshak met de l’avant les différentes émotions que la chasse lui procure. « Quand l’animal est touché, je m’assure tout de suite qu’il est mort, parce que je ne veux pas qu’il souffre. Ensuite, je prends un moment pour regarder sa beauté et je le remercie. Je suis à la fois content et fier, parce que je sais que je vais nourrir ma famille, mais je suis aussi un peu triste pour l’animal », confie-t-il.
Lia Hale
« J’aime la chasse parce que ça me permet d’être dehors, d’être dans la nature, de respecter et d’apprécier l’environnement », affirme Lia Hale.
Pour la francophone de 17 ans, la chasse, c’est de famille. « J’y allais souvent quand j’étais petite, avec ma mère et mon père », explique-t-elle. Elle précise que cela fait désormais huit ans qu’elle chasse de manière régulière avec ses parents.
« Le plus longtemps que je suis partie pour chasser, c’était dix jours. À la fin, c’était mémorable quand on a eu l’orignal », indique Lia. Pour elle, respecter l’environnement et la chasse passe par remercier l’animal lorsque celui-ci est chassé. « Il faut réaliser qu’il a donné sa vie pour nous nourrir », complète-t-elle.
La jeune adolescente ajoute qu’au-delà de passer du temps dehors, elle aime chasser parce que cela lui permet d’observer les animaux sauvages. « Ils sont beaux à regarder et j’aime manger de la viande sauvage », conclut-elle.