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le Jeudi 4 juillet 2024 7:53 Actualités

Donner une seconde vie aux déchets

En avril dernier, l’Association communautaire de Mount Lorne a organisé une foire de réparation et un échange de vêtements. — Photo : Gwendoline Le Bomin
En avril dernier, l’Association communautaire de Mount Lorne a organisé une foire de réparation et un échange de vêtements.
Photo : Gwendoline Le Bomin
Dans la lutte contre le « tout jetable », de nombreuses initiatives existent au Yukon. Le défi au territoire est peut-être encore plus grand que dans le reste du Canada, car il y a peu d’infrastructures où recycler les déchets. Tour d’horizon sur ce qui se fait ici.

Janna Swales et son fils âgé de onze ans, William Powell, ont cofondé l’entreprise Yukon Plastics en 2023. Basée à Whitehorse, la société utilise des déchets plastiques pour créer de nouveaux produits, comme des bagues et des porte-savons.

Photo : Gwendoline Le Bomin

Plusieurs organismes environnementaux font la promotion des fameux 5R dont on entend parler de plus en plus. Pour une routine zéro déchet réussie, il faudrait suivre les règles suivantes : refuser les objets à usage unique, réduire la consommation de biens, réutiliser ou réparer ce qui peut l’être, recycler ce qui ne peut pas être réutilisé et rendre à la terre en compostant les déchets organiques.

Pourquoi est-il important d’allonger la durée de vie des objets? Une personne yukonnaise produit environ une tonne de déchets chaque année, comprenant les déchets ménagers, les déchets recyclables et les déchets organiques. Parmi ces déchets, certains objets pourraient sûrement être réparés et réutilisés, permettant ainsi la réduction de la consommation et de la pollution.

D’ailleurs, ces déchets coûtent cher. Le gouvernement du territoire et les administrations municipales dépensent 12 millions de dollars chaque année pour les traiter, peut-on lire sur le site Web du gouvernement du Yukon.

L’annonce du Raven ReCentre à Whitehorse, l’automne passé, de ne plus accepter les plastiques souples et de commencer à supprimer progressivement ses bacs de dépôt public ouverts 24 heures sur 24 a fait réfléchir plus d’une personne sur la destination de ses déchets recyclables.

Pourtant, au Yukon, les initiatives pour réduire et réutiliser certains objets ne manquent pas.

Nombreuses initiatives

Parmi les nombreux projets, on compte celui de la société Yukon Plastics, basée à Whitehorse. Ce projet familial, mère-fils, a pour but d’utiliser des déchets plastiques collectés auprès de diverses sources au territoire pour créer de nouveaux produits, comme des bagues ou des porte-savons. « Nous sommes très intéressés par la façon dont nous pouvons transformer une quantité importante de déchets plastiques du Yukon en objets utiles et magnifiques, en y ajoutant de la valeur, afin de créer une industrie de fabrication de plastique au Yukon », explique Janna Swales, fondatrice de Yukon Plastics.

L’organisme Les Essentielles planifie des activités visant le recyclage de vêtements. Chaque automne et printemps, ce dernier organise une activité « Troque tes frocs » qui consiste à échanger des vêtements pour la saison à venir. Des ateliers de couture de type courtepointe ont également eu lieu. « Certaines participantes ont donc utilisé de vieux vêtements et tissus pour créer un nouvel objet qu’elles vont utiliser dans leur quotidien », précise Charlie-Rose Pelletier, agente de mobilisation au sein de l’organisme. 

Le dernier jeudi de chaque mois, l’association à but non lucratif Yukonstruct organise, depuis 2014, des Repair Cafés. Un groupe de bénévoles est présent pour aider les personnes à réparer quoi que ce soit, comme du matériel électronique, des vêtements, ainsi que d’autres choses qui sont cassées ou tout simplement inutilisables.

Cet été, l’association organisera pour la première fois une foire artisanale les 27 et 28 juillet. « Il s’agira d’une sorte de célébration de la culture de la fabrication, dont une grande partie consiste à réutiliser les choses plutôt que de les jeter », explique Rick Yorgason, directeur de l’espace de travail à Yukonstruct.

Enfin, l’Association communautaire de Mount Lorne a organisé, en avril dernier, une foire de réparation. Le public a pu apporter divers objets à réparer et participer à un échange de vêtements.

L’association à but non lucratif Yukonstruct organise chaque mois des Repair Cafés. L’objectif est non seulement de réparer divers objets, mais de montrer également à la population qu’elle peut ­elle-même le faire et donc participer à la réduction de déchets.

Photo : Gwendoline Le Bomin

Conscientiser et éduquer la population

« Les Repair Cafés existent partout dans le monde et ils sont importants. Notre société s’est construite autour de la consommation. Par exemple, lorsque quelque chose casse, on le jette et on en achète un nouveau. Ce n’est pas durable. C’est particulièrement important au Yukon où nous n’avons pas de programme de recyclage solide. Même si nous pouvions tout démonter et recycler, cela représenterait un poste supplémentaire pour construire un nouvel objet et le recycler. Nous n’avons tout simplement pas cela ici. Donc, être capable de faire fonctionner les choses plus longtemps signifie que nous gaspillons moins », souligne Rick Yorgason.

Pour le directeur, non seulement les Repair Cafés servent à réparer divers objets, mais aussi à montrer au public qu’il est possible de le faire soi-même par la suite.

« Vous n’avez rien à perdre en apprenant à démonter un objet. […] Il y a beaucoup de choses qui arrivent à cause d’un interrupteur défectueux et tout ce qu’il faut faire, c’est trouver comment le démonter, l’allumer et le remonter pour qu’il soit comme neuf. J’espère que beaucoup de gens sortent d’un Repair Café en se sentant plus confiants et qu’ils peuvent faire certaines choses eux-mêmes », ajoute-t-il.

Pour Ava P Christl, organisatrice de la foire de réparation à Mount Lorne, le but est de sensibiliser la population. « Nous voulons dire aux gens que l’on peut réparer des choses, qu’il y a des articles simples à réparer et d’autres qui nécessitent l’aide d’un professionnel et qu’il faut payer pour les faire réparer. Nous voulons aider les gens à reconnaître qu’il est possible de réparer des choses et que ce n’est pas si difficile que ça. Il s’agit de réparer, mais aussi d’échanger des connaissances entre générations […] et nous voulons partager ces compétences et enseigner à d’autres pour que cela devienne un mouvement. »