Chaque année, le 15 mai est l’occasion de célébrer la francophonie au Yukon. En 2023, lors des activités au parc Shipyards, plus d’une centaine de personnes étaient présentes sous un soleil radieux. Parmi les événements au programme se trouvait la participation à la création d’une œuvre collective, à partir des archives papier du journal communautaire.
Préserver les archives papier
L’idée est née à la suite du projet de numérisation des archives de l’Aurore boréale, dans le but de les rendre accessibles en ligne.
Karly Leonard, ancienne coordonnatrice du projet de numérisation, a eu l’idée d’utiliser les duplicatas des journaux pour créer une œuvre, au lieu de les mettre au recyclage.
En effet, pour numériser les archives, la première étape avait été de faire le tri dans les archives papier, afin de colliger deux collections complètes et d’en extraire les exemplaires de trop. Avec ces exemplaires non utilisés, l’équipe du journal avait d’abord réalisé un collage mural dans le bureau de l’Aurore boréale, au Centre de la francophonie. Ensuite, les duplicatas avaient été mis à disposition du public lors du lancement des archives en ligne, en février 2023. Beaucoup de journaux étaient alors partis pour entrer dans les boîtes à souvenirs des personnes franco-yukonnaises. Mais il en restait encore beaucoup.
« Étant donné que les journaux sont adéquatement archivés aux Archives du Yukon et à l’Aurore boréale, cela semblait être du gaspillage de recycler les journaux supplémentaires, surtout alors qu’on pouvait en faire quelque chose de nouveau et de rafraîchissant à l’occasion du 40e anniversaire. J’ai pensé qu’il pourrait être amusant de les utiliser d’une autre manière, soit en créant un concours permettant aux membres de la communauté de créer une œuvre d’art, soit en demandant à un·e artiste local·e de créer une œuvre d’art. J’ai très hâte de voir ce que sont devenus les journaux supplémentaires! », se remémore l’archiviste.
Faire appel à des artistes professionnel·le·s
Grâce à un financement du gouvernement du Yukon pour la Journée de la francophonie yukonnaise, le journal francophone a pu engager Gorellaume et Aurore Favier, deux artistes professionnel·le·s, pour coordonner le projet artistique.
« C’est du upcycling et du recyclage. C’est une notion importante, le fait de vouloir faire quelque chose de beau avec des choses qui sont vouées à être jetées », fait valoir Aurore Favier, qui travaille principalement avec des matières recyclées. « Et c’est une belle façon de continuer de voir les archives après. »
Les deux artistes ont décidé de créer une œuvre qui rappelle le drapeau de la francophonie yukonnaise, avec une notion chronologique du passé vers le présent. « On a beaucoup travaillé avec les couleurs », explique Aurore Favier, qui a invité l’an passé les gens à déchirer les anciennes éditions.
« C’était agréable à faire et c’était intéressant de fouiller dans les archives. « Ce sont principalement les gens qui ont produit l’œuvre en fait! », ajoute Gorellaume. « Nous, on a surtout ajouté la peinture, mais on a suivi ce que les gens ont fait. On a simplement ajusté un peu au niveau de l’ordre chronologique. »
« Moi, j’étais surprise qu’il y ait eu autant de monde. C’est vrai qu’il faisait très beau. Mais chaque personne attribuait des petits morceaux, reconnaissait des gens ou des articles qui leur parlaient », affirme Aurore Favier.
Une œuvre, comme une métaphore
« C’est quelque chose qui a été créé tous ensemble. C’est chouette de montrer que la communauté [francophone] est là. Qu’on s’associe tous ensemble pour créer quelque chose de fort. L’œuvre représente le drapeau, formé de ces multiples personnes et anecdotes. Je trouve que c’est un message très fort », estime l’artiste franco-yukonnaise.
Il est possible de trouver les œuvres d’Aurore Favier sur Instagram @adoptezmoi. On peut aussi admirer une de ses murales sur la fenêtre des Essentielles, sur la 3e Avenue à Whitehorse. L’artiste a également mené un atelier de murale de ville avec l’organisme, sur la vitrine du magasin Independent, en mars dernier.
Gorellaume, quant à lui, a notamment dessiné l’étiquette de la bière Grizzli, de la brasserie Yukon Brewing, a coréalisé deux murales au centre Northlight Innovation et a signé l’affiche de la Yukon Quest en 2020.
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale