le Mercredi 11 septembre 2024
le Jeudi 16 mai 2024 7:56 Actualités

Honorer les femmes et les jeunes filles autochtones disparues et assassinées

Tous les 5 mai, la Journée de la robe rouge honore les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA2E+) au Canada. — Photo : Whitehorse Aboriginal Women’s Circle
Tous les 5 mai, la Journée de la robe rouge honore les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA2E+) au Canada.
Photo : Whitehorse Aboriginal Women’s Circle
Le 5 mai dernier, le Canada commémorait la Journée nationale de sensibilisation aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA2E+), aussi appelée la Journée de la robe rouge. Cette journée est l’occasion de rappeler la situation actuelle de ces femmes.

Tous les 5 mai, la Journée de la robe rouge honore les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées (FFADA2E+) au Canada.

Photo : Whitehorse Aboriginal Women’s Circle

Lors de cette fin de semaine, l’organisme Whitehorse Aboriginal Women’s Circle a organisé un feu sacré au parc Shipyards, ainsi qu’une promenade et un cercle de guérison. De plus, des promenades, des manifestations et des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs localités du Yukon, comme Mayo, Ross River et Pelly Crossing.

Le symbole de la robe rouge provient de l’artiste métisse Jaime Black qui, en 2010, propose des robes rouges pour représenter les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Elle suspend alors plus de 100 robes rouges autour de l’Université de Winnipeg afin de sensibiliser la population à cette question.

Le rapport Les femmes autochtones disparues ou assassinées, mis à jour en 2015, informe que les femmes autochtones représentent 10 % des femmes disparues au Canada. Le taux d’homicides de femmes autochtones est plus élevé dans les territoires. Par exemple, le taux est 12 fois plus élevé pour les femmes autochtones au Yukon.

Enquête publique sur le décès de quatre femmes

Une enquête publique a été lancée le mois dernier au sujet des décès de quatre femmes autochtones, survenus en 2022 et 2023, au refuge de Whitehorse. Il s’agit de Cassandra Warville, Myranda Tizya-Charlie, Josephine Elizabeth Hager et Darla Skookum. Deux d’entre elles sont mortes de surdoses d’opioïdes le 19 janvier 2022.

Trois semaines après le début de l’enquête, un jury composé de six membres est parvenu à la conclusion que ces décès étaient tous accidentels. Ce dernier a également présenté huit recommandations au gouvernement et à l’organisme Connective, qui a la responsabilité du refuge. Au total, au moins sept décès sont survenus ces deux dernières années au même refuge.

Le 26 avril dernier, une marche, rassemblant une centaine de personnes, a d’ailleurs eu lieu en l’honneur des femmes décédées au refuge d’urgence.

Pour Natalie Taylor, directrice générale de l’organisme Whitehorse Aboriginal Women’s Circle, la meilleure façon d’apporter un soutien aux femmes est de leur parler de ces procédures. « Je pense donc que l’on pourrait travailler davantage dans ce sens, en s’adressant à la communauté pour qu’elle apporte ce soutien. Des organisations comme la nôtre et d’autres organisations pourraient être sollicitées pour apporter un meilleur soutien. Je pense qu’en réalité, les besoins sont si vastes et si différents qu’il faudra beaucoup de soutien et beaucoup de liens avec la communauté et d’implication de la part de celle-ci. Il s’agit d’un problème communautaire qui nécessite une connexion et une communication communautaires et une réelle inclusion des personnes qui vivent là, en écoutant ce qu’elles disent et en répondant à leurs besoins. »

Un long cheminement

En juin 2023, le Comité consultatif du Yukon sur les FFADA2E+ a publié son plan de mise en œuvre de la Stratégie du Yukon sur les FFADA2E+. Ce comité existe depuis 2015. Le plan fait état des objectifs concrets, des jalons, des facteurs de mise en œuvre et des organismes responsables proposés pour 32 mesures. Cette stratégie s’échelonnera jusqu’en 2038.

L’organisme Whitehorse Aboriginal Women’s Circle mène également plusieurs actions. Il offre, par exemple, un programme de soutien culturel. « Nous mettons les femmes en contact avec d’autres femmes de la communauté. Nous organisons des ateliers, des cercles et des discussions. Cela donne aux femmes l’occasion de se mettre en contact avec d’autres personnes de la communauté et de créer un réseau de soutien », explique Amber Taylor-Fisher, coordinatrice des programmes de soutien à la culture, pour l’organisme.

Natalie Taylor note une évolution positive ces dernières années. Depuis la découverte du passé comme les pensionnats autochtones et le traumatisme qui en a découlé, « la communauté au sens large est de plus en plus sensibilisée à cette question. Le choc de ce qui s’est passé, la situation des personnes autochtones a vraiment ouvert les yeux à tout le monde et nous constatons une augmentation massive du nombre de personnes qui s’intéressent au sujet et qui participent, comme on peut le voir lors des Journées de la robe rouge. Les deux dernières années, 300 ou 400 personnes sont venues. Je pense que de plus en plus de gens s’engagent. Les gens ne savent pas encore comment soutenir, mais ils semblent vouloir le faire. Ils écoutent et essaient d’apprendre. C’est un bon début ».

« Il faudra du temps et ce n’est probablement pas notre génération ni la suivante qui règlera la question, mais les choses changent et s’améliorent. Les communautés se reprennent en main et responsabilisent les citoyens et citoyennes. Elles se responsabilisent elles-mêmes et ne pensent pas aux communautés autochtones dans un sens historique, mais plutôt de manière dynamique. Elles ont besoin de respect, de soutien et de compréhension et elles sont en train de guérir », conclut-elle.

IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale