Les oursons d’eau, ou tardigrades, ces créatures que l’on qualifie souvent de presque immortelles, intriguent la scène scientifique depuis longtemps. Aujourd’hui, on sait que ce qui se passe en eux quand ils se mettent en hibernation serait le secret de cette résistance peu commune.
On dit de ces petits êtres de moins de 1 mm, qui vivent sur Terre depuis au moins 600 millions d’années, qu’ils possèdent une quasi-immortalité en raison de leur capacité à survivre dans des conditions extrêmes. Ils sont capables de résister à un niveau élevé de radiations, ou de pression, à des températures exceptionnellement basses ou élevées, et même au vide de l’espace. Dans une expérience publiée en juillet 2021, on apprenait qu’ils peuvent survivre à une balle tirée d’un canon à près de 3 200 kilomètres à l’heure.
Juste une question d’oxydation
Ce phénomène est possible grâce à une légère modification moléculaire qui leur permet d’entrer dans un état de dormance ou d’hibernation extrême. Une équipe de l’Université des sciences de Tokyo avait découvert en septembre 2022 que le tardigrade est capable de remplacer l’eau de ses cellules par un type de sucre. Pendant la période de dormance, le sucre agit comme un antigel pour protéger les tissus membranaires.
Et cet état de dormance extrême est activé sous l’effet du stress. Lorsqu’ils sentent le danger, les tardigrades oxydent un acide aminé appelé cystéine, qui entre dans la constitution de certaines protéines dans leurs organismes : c’est le mécanisme que viennent de décrire des chercheurs des États-Unis dans un article publié le 17 janvier dans la revue PLoS One.
Cela a pour effet de les faire se recroqueviller sur eux-mêmes et se vider de leurs eaux, les faisant ressembler à des boules sans vie.
La magie des oursons d’eau est qu’ils sont tout aussi capables de se plonger en hibernation que d’en sortir : lorsque le stress se dissipe, la cystéine va s’arrêter de s’oxyder et leur permettre de se réveiller.