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Des femmes « absolument incroyables »

Des femmes « absolument incroyables »
Des femmes « absolument incroyables »
Propos recueillis par Manon Touffet

Patricia Brennan

Photo : Manon Touffet

Patricia Brennan

Patricia Brennan, 70 ans, est arrivée au Yukon en 2011. « C’était le jour le plus froid de l’année. On voyait rien dehors, mais je me suis tout de suite sentie chez moi », se souvient-elle. Venue pour travailler au sein de l’Association franco-yukonnaise (AFY), elle s’est depuis beaucoup impliquée dans la communauté.

Elle a notamment œuvré pour la littératie, d’abord avec son poste à l’AFY, puis en devenant vice-présidente de la Yukon Literacy Coalition. Aujourd’hui, à l’aube de la retraite, elle continue de s’impliquer avec son poste de gestionnaire des aîné·e·s, toujours à l’AFY. En parallèle, elle s’implique avec la Fondation boréale, en tant que secrétaire et trésorière de l’association, et avec les Essentielles, en tant que secrétaire.

Son but : « desservir la population francophone du Yukon dans toutes les sphères de la vie active . »

Lorsque Patricia Brennan n’œuvre pas pour les autres, elle se consacre au dessin, à la peinture, à la marche, à la lecture. Elle essaye de rester à jour quant à la technologie. Elle pagaye aussi sur des bateaux dragons. « Je suis médaillée d’argent! Lorsque j’étais encore à Ottawa, avec mon équipe, on a eu la médaille d’argent régionale », affirme-t-elle, fière.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

J’avoue que je ne me sens plus trop à jour sur ça. Mais, pour moi, c’est de permettre à une femme d’être une personne entière avec des droits et un corps qui lui appartient.

Et la journée du 8 mars?

J’étais là pour la première journée. Donc, pour moi c’est la marche.

Une femme qui t’inspire?

Il y a beaucoup de femmes qui m’inspirent! Mais je dirais la ministre Judy LaMarsh. Elle a été la deuxième femme à devenir ministre dans un cabinet fédéral. Je l’ai rencontrée une fois. C’était une force de la nature. Les hommes avaient peur d’elle.

Mara Roldan

Photo : Fournie

Mara Roldan

Mara Roldan essaye au quotidien de trouver un équilibre entre son sport et ses études. La cycliste de 19 ans étudie en kinésiologie, à Victoria, et se dévoue également à son sport. « Je suis chanceuse, car mes profs sont très accommodants », explique-t-elle.

Bien qu’elle soit née au Yukon, la jeune femme affirme « vivre dans une valise ». En effet, elle se déplace énormément afin de participer à des compétitions sportives. Pourtant, lorsque Mara n’est pas sur son vélo ou bien en train d’étudier, elle cuisine.

« J’adore cuisiner! Je fais du pain au levain toutes les semaines. Ça me vient de ma mère. Puis, en tant qu’athlète, la nutrition est très importante », complète-t-elle.

Sa recette préférée? Un biscuit avec du beurre, de la noix de coco, des pacanes et des pépites de chocolat!

Pleine d’ambition, Mara ajoute avoir une certification comme entraîneuse. Bien qu’elle n’ait pour l’instant pas beaucoup de temps pour entraîner, elle souhaite partager ses connaissances et son expérience avec des filles plus jeunes.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

C’est être capable d’être nous-mêmes, sans avoir un homme ou une ombre masculine qui fait qu’on va changer nos objectifs.

Et la journée du 8 mars?

C’est une journée pour célébrer la féminité. C’est une force qu’on a en tant que femmes. Je pense que les stéréotypes nous ont rendu l’inverse au final, et le 8 mars, c’est pour montrer ça.

Une femme qui t’inspire?

Ma mère. Elle continue de m’inspirer beaucoup. Elle a eu des jumelles et ma sœur 18 mois après. Ça n’a jamais été facile pour elle et elle nous en a toujours parlé ouvertement. Elle m’a appris à me développer en tant que jeune fille. C’est une force de la nature, ma mère! Elle m’a inspirée à prendre des risques dans ma carrière.

Annie Maheux

Photo : Emmanuelle Dallaire

Annie Maheux

Depuis son plus jeune âge, Annie Maheux a toujours été attirée par le domaine de l’art. Aujourd’hui, elle se spécialise notamment dans la performance avec de la nourriture.

Pourtant, la jeune femme de 32 ans a bien d’autres occupations. Du muay thaï au ski de fond, en passant par la découverte d’activités culturelles, elle n’a pas beaucoup de temps libre.

« J’aime aussi beaucoup partir à l’aventure avec mon chien Trax. Puis rencontrer des gens, me faire des ami·e·s », ajoute-t-elle.

Arrivée au Yukon il y a trois ans et demi, elle vit et travaille désormais à Dawson. À travers son poste, elle travaille à l’accessibilité pour toutes et tous, une cause qui lui tient à cœur.

« J’ai une amie en fauteuil roulant, donc je suis sensible à tout ça », affirme-t-elle.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

Je pense que c’est une discussion sur les rapports entre les genres. C’est de trouver une place à tout le monde de manière équitable. Ce n’est pas de mettre la femme en avant et, aujourd’hui, je pense que c’est trop souvent confondu.

Et la journée du 8 mars?

C’est un moment pour concentrer nos efforts. Souvent, mars c’est un moment toujours très occupé, donc je pense que c’est aussi un moment pour s’arrêter et dire « on a fait du beau travail », puis reprendre.

Une femme qui t’inspire?

Cécile Girard [artiste et ancienne directrice de l’Aurore boréale]. Je la trouve pas mal incroyable. Elle est un mix de plein de choses. Quand je la regarde, je vois du pouvoir, de l’intuition, de la créativité, de l’ouverture et tout ça, avec élégance.

Pascale Roy-Léveillée

Photo : Fournie

Pascale Roy-Léveillée

D’abord arrivée au territoire pour travailler à Dawson, Pascale Roy-Léveillée a finalement décroché un poste avec Parcs Canada et a passé près de dix ans sur la piste Chilkoot.

Aujourd’hui, la professeure de géographie et chercheure sur le pergélisol de 47 ans habite à Québec. Pendant la journée, elle enseigne à l’Université Laval et se consacre à ses recherches et, dès qu’elle quitte, elle s’adonne à ses passions : la recherche et le plein air!

« Ma vie a tellement changé depuis que je suis à l’Université Laval. Je suis la première femme à étudier le pergélisol au Canada et j’ai beaucoup d’obligations familiales, donc c’est un défi constant », rapporte-t-elle.

La mère de deux enfants avoue passer beaucoup de temps à travailler. « Je me souviens, ça avait fait vague dans le temps. J’amenais mon fils avec moi. […] Il a fait des réunions allongé sur la table! », se remémore-t-elle en riant.

Durant ses journées, Pascale Roy-Léveillée avoue intégrer ses valeurs dans son travail. « Une partie de mon temps est consacrée à la sensibilisation : ce que ça veut dire de travailler avec la communauté autochtone [notamment] », affirme-t-elle.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

C’est une lutte pour un système qui permet la diversité, l’égalité des genres. C’est donner une crédibilité et une place à tout le monde.

Et la journée du 8 mars?

Il y a deux aspects au 8 mars : célébrer le chemin parcouru et voir qu’il reste beaucoup de travail à faire.

Une femme qui t’inspire?

Il y a plein de femmes qui m’inspirent! Je suis inspirée par les femmes des prochaines générations. Vous allez réussir à surmonter des obstacles que nous on n’a pas réussi [à surmonter].

Johanna Goossens

Photo : Fournie

Johanna Goossens

En arrivant au Yukon il y a une dizaine d’années, Johanna Goossens avait en tête de suivre son conjoint. Aujourd’hui, la jeune femme suit sa vocation et travaille dans les fermes agricoles de la Première Nation de Carcross/Tagish.

Ainsi, en hiver, elle s’occupe de planifier la prochaine saison. Elle commande des graines et rédige des demandes de financement. En été, c’est la mise en pratique de ce qui a été prévu avec, entre autres, les récoltes. Elle organise également des ateliers avec les écoles, pour montrer comment planter des graines par exemple.

« Certaines classes passent une journée à la ferme et aident à retourner la terre par exemple. […] C’est pour leur apprendre à produire leur nourriture », ajoute la jeune femme de 34 ans.

En parallèle, Johanna Goossens se consacre à sa passion depuis qu’elle a une dizaine d’années : le cirque. Elle se spécialise dans le cirque aérien, avec notamment les cerceaux et les tissus. Tous les dimanches, elle enseigne son art avec la Yukon Circus Society.

« J’apprends l’aquarelle aussi. C’est un hommage à ma maman », affirme-t-elle, émotive.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

En toute simplicité : être soi-même en tant que femme. J’aimerais que le féminisme soit avec douceur et sourire, pas une lutte ou un acharnement. Pour moi, ça ne devrait pas être un combat, une idée de quelque chose de difficile, mais quelque chose de doux.

Et la journée du 8 mars?

C’est une célébration de la femme qui a beaucoup apporté à la société. Célébrer ce qui a déjà été fait.

Une femme qui t’inspire?

Wangari [Muta] Maathai. C’est une femme en Afrique qui a fondé le Mouvement de la ceinture verte et a développé un réseau de femmes qui ont replanté des forêts pour tout ce qui était problèmes d’érosion des sols et de diminution des productions agricoles. Du fait qu’elle a développé ce réseau, elle a aidé les femmes à devenir autonomes. Elle m’inspire dans ce qu’elle a fait en termes d’écologie, mais aussi pour les femmes.

Shayna Hammer

Photo : Fournie

Shayna Hammer

À la tête de Yukonstruct en tant que directrice générale depuis presque un an, les journées de Shayna Hammer sont bien occupées. Pourtant, la jeune femme de 34 ans arrive tout de même à vivre ses multiples passions. Bien qu’une blessure au genou l’empêche d’être aussi active qu’à l’accoutumée, elle garde tout de même le sourire.

« J’aime le sport, comme le ski de fond et le ski alpin. J’aime lire, de la fiction souvent. J’aime l’art. Je faisais de la peinture avant. J’aime la musique. Je donnais des cours de spinning (cardiovélo). J’aime les animaux. On avait un ours avec ma famille. Mon père l’avait sauvé le temps qu’il guérisse. Et, j’adore les enfants! J’ai été éducatrice en petite enfance », énumère-t-elle.

En tant que directrice générale, Shayna Hammer affirme être « reconnaissante de me sentir considérée ». En effet, en tant que figure de leadership, elle tente au quotidien de faire valoir ses valeurs telles que la justice et l’égalité.

L’art est également dans ses valeurs. Elle fait notamment partie du conseil d’administration pour le théâtre Nakai.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

Il s’agit d’empowering les autres femmes. Parce que les femmes sont véritablement incroyables.

Et la journée du 8 mars?

C’est une opportunité de prendre un moment et de voir les progrès, toutes les victoires, mais aussi les gaps et les améliorations. C’est une journée qui unit et c’est une journée de célébration.

Une femme qui t’inspire?

Ma mère et ma grand-mère sont deux femmes qui m’inspirent. Par leur puissance et leur générosité. Fifi Brindacier aussi. Parce que j’aime les animaux et être dehors.

Monique Lévesque

Photo : Fournie

Monique Lévesque

Arrivée au Yukon il y a 33 ans, Monique Lévesque pratique une de ses passions au quotidien : elle est directrice adjointe et enseignante à l’école élémentaire Christ the King.

Étant de la Nation huronne-wendat, Monique Lévesque explique que c’est une grande partie de son identité. « Dans la culture autochtone, les sociétés étaient matriarcales. À travers mon métier, j’essaye de passer ça, de déconstruire les clichés et les stéréotypes », affirme la mère de 58 ans.

Elle ajoute que, tout au long de sa vie, elle a été très proche de la réalité féminine. « J’ai fait la Yukon River Quest avec une femme qui avait le cancer du sein. La force que ça prend d’utiliser le haut de son corps alors qu’elle venait de subir…[une mastectomie] », ajoute-t-elle, les larmes aux yeux.

Se qualifiant de mère et de femme à temps plein, Monique Lévesque savoure sa vie au Yukon. « Je tiens énormément à remercier la Première Nation des Kwanlin Dün et le Conseil des Ta’an Kwäch’än de m’avoir accueillie et de me permettre de faire de la course à pied, du ski de fond, de la natation. Tout ce qui peut se pratiquer sous les aurores boréales et le soleil de minuit », continue-t-elle.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

C’est une concertation, un rassemblement de gens, des mouvements sociaux, économiques, politiques, communautaires et individuels qui font la promotion de l’égalité entre les genres. Dans mes valeurs autochtones, le féminisme c’est redonner la place aux femmes. Avant que les sociétés deviennent patriarcales, elles étaient matriarcales.

Et la journée du 8 mars?

C’est une belle journée de célébration qui permet de voir qui elle a déjà été [la femme] et d’où elle revient. C’est aussi une journée de sensibilisation. Il y a encore beaucoup à faire.

Une femme qui t’inspire?

Ma Ändichiah. Ça veut dire grand-mère en Wendat. Corinne, c’était une femme de tête, une fille de chef. Elle était avant-gardiste et déterminée.

Geneviève Tremblay

Photo : Fournie

Geneviève Tremblay

Grande voyageuse, Geneviève Tremblay a eu un coup de cœur pour le Yukon et a décidé de s’y installer il y a déjà 19 ans.

Aujourd’hui, la mère de 52 ans est coordonnatrice à la petite enfance et conseillère pédagogique à la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY). « Je vis ma vie de façon intense. […] J’ai la chance d’avoir un travail qui est aussi ma passion », affirme la francophone.

En dehors de son travail, Geneviève Tremblay passe beaucoup de temps avec sa famille. En effet, son chien est très actif, donc elle marche très souvent avec lui, accompagnée par son conjoint.

Pourtant, ce qu’elle aime encore plus, c’est la danse. Elle est membre du conseil d’administration de l’école de danse Northern Lights. « Je partage la danse avec ma fille, Iris. Et j’adore ça », confie-t-elle avec sourire.

En plus de la danse, elle partage également le voyage avec sa fille et le reste de la famille. « On a traversé le Canada plusieurs fois. On a un petit VR et c’est parfait! », ajoute-t-elle.

Très altruiste, elle offre souvent son aide à la communauté. « Ça va de soi pour moi », conclut-elle. Plusieurs fois, elle est allée marcher avec les chiens d’autres personnes, afin de rendre service à celles et ceux qui ne le pouvaient pas.

Pour toi, c’est quoi, le féminisme?

C’est important encore de nos jours. Je m’interroge souvent sur ça, surtout depuis que je suis maman. Je pense que c’est un combat de tous les jours, pour une égalité entre les hommes et les femmes et pour une égalité, une acceptation, une compréhension et une considération entre les genres.

Et la journée du 8 mars?

Le 8 mars est une journée importante. Elle met en lumière les femmes et les gens importants. Mais je me demande si c’est une journée vraiment inclusive.

Une femme qui t’inspire?

Il y a plein de femmes qui m’inspirent. Les enseignantes avec qui je travaille, je les admire. Ma fille m’apprend beaucoup de choses, ma mère aussi. Mes amies sont des femmes fortes. Toutes ces femmes sont des femmes indépendantes, fortes et inspirantes.