Laurence Rivard, directrice de l’organisme féministe Les Essentielles, explique que cette manifestation a été organisée en raison de la réouverture du règlement sur les taxis.
« Cette réouverture est une bonne occasion d’aller plus loin parce que les mesures qui ont découlé de la première révision ne sont pas suffisantes à notre avis. »
En effet, malgré les dernières mesures prises ces dernières années, beaucoup de femmes ne se sentent toujours pas en sécurité quand elles prennent un taxi, en particulier les femmes autochtones.
En effet, la Coalition des femmes du Yukon a publié un rapport en janvier 2022 sur la sécurité des taxis. On peut y lire que 82 % des personnes répondantes des Premières Nations ont déclaré avoir été mises mal à l’aise ou effrayées par des propos tenus. 49 % ont déclaré avoir été prises pour cible, contre 10 % des personnes répondantes non autochtones.
Un dossier à la traîne
Une des manifestantes présentes au rassemblement du 24 novembre rapporte ne pas se sentir à l’aise parfois quand elle prend un taxi : « Je trouve qu’ils [les conducteurs de taxi] sont parfois un peu grossiers. Ce n’est pas vraiment un environnement plaisant, je trouve. »
Une autre jeune manifestante partage : « Tout comme n’importe quel jeune qui prend un taxi ici, c’est tellement inconfortable. Ils sont tellement étranges, ils disent des choses bizarres. Alors, j’essaie de ne pas prendre de taxi ici. »
Laurence Rivard précise que les premiers cas d’insécurité dans les taxis dénoncé par des femmes dans les médias datent de 2016. « Ça ne nous tente pas de célébrer les dix ans de la lutte contre l’insécurité dans les taxis. Il faut juste mettre une fin à ça », ajoute-t-elle.
Laurence Rivard aimerait une implication proactive sur le sujet. « Certaines mesures ont été mises en place comme l’enregistrement vidéo dans les taxis pour assurer la sécurité, mais elles ne sont pas parfaites », rapporte-t-elle.
« Par exemple, on se questionne beaucoup sur la durée de la sauvegarde de ces vidéos. Pour l’instant, les compagnies de taxi sont obligées de garder les bandes vidéo des taxis pendant sept jours, mais sept jours, c’est très peu pour une personne victime de violence », poursuit-elle.
Pour Jonna, une des manifestantes, « la sécurité, c’est de ne pas être harcelée dans les taxis, c’est de connaître ses droits. C’est aussi d’avoir des moyens de signaler quand ces choses se passent […] Il y a des moyens de signaler quand les choses se passent mal, mais on ne le fait pas vraiment ».
Des demandes claires
La directrice des Essentielles déplore le manque de communication sur cet enjeu, le manque de sensibilisation pour la communauté, ainsi que le manque d’actions concrètes pour mettre fin à cette situation.
« Il y a peu de campagnes de sensibilisation sur ce sujet. Les gens ne savent pas où [dénoncer un incident]. Est-ce que je parle à la compagnie de taxis, est-ce que je report à la ville ou à la police? », questionne-t-elle.
Laurence Rivard souhaiterait également que la Ville implique les groupes de femmes qui ont une expertise sur ce sujet.
« Nous voulons que les taxis soient plus sûrs, je pense pour tout le monde dans la ville, les conducteurs et les utilisateurs », affirme Jonna.
« Nous aimerions également que la formation des chauffeurs soit obligatoire », ajoute la manifestante.
De son côté, la Ville a répondu qu’elle « reconnaît les préoccupations des participants et des membres de la communauté concernant la sécurité des taxis ».
Selon Oshea Jephson, responsable de la communication stratégique, « la Ville est en train de finaliser des changements supplémentaires de son règlement sur les véhicules qui amélioreront encore la sécurité des usagers. Mais comme pour toutes les questions communautaires importantes, nous encourageons les personnes qui ont une expérience vécue et des commentaires à faire part de leur opinion lorsque cette question sera soumise au Conseil au cours de la nouvelle année ».
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale