L’organisme créé à Ottawa a pour mission d’assurer la mobilisation et le développement de son réseau à travers le pays pour mieux défendre les droits des femmes francophones et acadiennes. Il vise à créer une société féministe inclusive, explique Nour Enayeh, présidente de l’AFFC. Il compte quinze organismes membres à travers le pays dans huit provinces et un territoire (le Yukon).
La campagne durera jusqu’à fin mars. « C’est une campagne qui veut inspirer la bienveillance, la fierté, la résilience, le respect et les relations saines », affirme la présidente.
Charlie-Rose Pelletier, agente de mobilisation aux Essentielles et ambassadrice de la campagne au Yukon, précise que « bien que cette campagne soit prescrite dans le temps, le but est que [les actions des Essentielles] perdurent au-delà. [L’organisme] souhaite créer une programmation qui va pouvoir se renouveler par elle-même ».
Nour Enayeh ajoute que l’AFFC a lancé cette campagne de sensibilisation en constatant des statistiques peu encourageantes : « Une femme ou une fille est tuée toutes les 48 heures par un homme et environ 64 % des Canadiens et des Canadiennes connaissent au moins une femme qui a fait l’objet d’une violence physique, sexuelle, ou psychologique. »
Charlie-Rose Pelletier rapporte qu’« au Yukon, on remarque que la violence entre partenaires intimes est très préoccupante. Il est même un des plus hauts taux au Canada. De plus, en moyenne, au Canada, une femme sur quatre va rapporter avoir vécu des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. On estime que ce taux serait trois à quatre fois supérieur chez les femmes yukonnaises et 3,5 fois plus élevé pour les femmes et les filles issues des Premières Nations ».
Objectif : mieux informer la population
Pour Nour Enayeh, « le but de cette campagne est d’assurer que toutes les femmes et les filles francophones et acadiennes à travers le pays aient un accès équitable à des services et à des outils en français ».
Elle rapporte que « certaines provinces n’ont pas de lois ou de politiques pour avoir des services en français. Dans certains milieux ruraux, les femmes n’ont pas du tout accès à des services, que ce soit en français ou en anglais ». Selon elle, cette absence de services adéquats ajoute une couche de difficulté à ces femmes violentées.
L’AFFC a donc décidé de créer sur son site Internet un répertoire où seront regroupés tous les services qui existent en français à travers le pays.
Nour Enayeh précise que « n’importe quelle personne peut faire une différence par rapport à la violence genrée. Ça peut être par des petits gestes au quotidien, comme lorsqu’on est témoin de gestes sexistes, on peut dire quelque chose. Quand on entend des blagues sexistes, on peut réagir. On peut faire du bénévolat dans des organismes féministes à travers le pays, s’instruire, s’informer et partager l’information sur cette campagne nationale ».
La présidente déplore le manque de collaboration entre les provinces : « Des outils sont déjà disponibles, mais tout le monde ne les connaît pas, car c’est à travers le pays et parfois, les provinces travaillent en silo. »
Actions concrètes au Yukon
Durant cette campagne, Charlie-Rose Pelletier est chargée de créer une programmation et d’en faire la promotion au Yukon, en plus de collaborer avec les communautés de Dawson et de Haines Junction.
Plusieurs actions vont être mises en place au courant des prochains mois : « On va commencer par faire un atelier avec les jeunes du CSSC Mercier à Whitehorse pour les outiller et les inviter à s’outiller eux-mêmes. On souhaite que les jeunes créent leur propre atelier pour savoir comment aider une personne dans leur entourage qui vit des situations difficiles », détaille la jeune femme.
Elle ajoute : « On est aussi en train de mettre en place un plan de revendication pour notre organisme [Les Essentielles] pour définir les priorités des femmes francophones, connaître les enjeux qu’elles rencontrent afin de pouvoir organiser nos actions dans les prochaines années. »
« On a aussi des consultations qui vont être faites, des ateliers sur la prévention sur la santé mentale vont avoir lieu aux mois d’octobre et de février. On aimerait également mettre en place des politiques de cyberviolence dans les écoles. »
IJL – Réseau.Presse –
L’Aurore boréale