Le 14 mars, les biais et préjugés de chacun et chacune ont été laissés en dehors des locaux de Yukonstruct. L’atelier « le travail du sexe 101 », mené en anglais par le Conseil yukonnais de la condition de la femme (YSWC), a bousculé les idées préconçues sur le sujet pour revenir justement à sa base : il s’agit d’un travail. Pendant l’atelier de deux heures, Jess Dorward et Heidi Marion ont fourni une définition du travail du sexe, un portrait légal de la situation au Canada et une foule d’informations permettant de remettre les pendules à l’heure sur ce métier.
Un travail comme les autres
Pour Jess Dorward, agente de projets au YSWC, observer le travail du sexe sous l’angle d’un métier permet d’éviter de tomber dans des débats moraux. « Sous cet angle, on peut parler de sécurité », a-t-elle lancé d’entrée de jeu, devant un petit groupe de personnes s’étant inscrites à l’atelier. En comparant ce métier à n’importe quel autre emploi, il devient facile de comprendre que les personnes pratiquant le travail du sexe méritent des conditions sécuritaires et une reconnaissance de leur travail.
L’éléphant dans la pièce a été abordé très tôt : l’exploitation sexuelle et le travail du sexe constituent deux choses complètement différentes. « Le travail du sexe est consentant, fait sous vos propres conditions… toutes les choses auxquelles on s’attend d’un autre emploi », explique Heidi Marion. Si le travail du sexe est violent ou non consentant, il s’agit alors d’exploitation sexuelle.
La solidarité, pierre angulaire des groupes de soutien
Le Supporting Workers’ Autonomy Project Yukon (SWAP) est un projet sur six ans mis en place par le YSWC. Il vise à permettre aux personnes non binaires ou s’identifiant comme femmes de se réunir pour aborder leur expérience en ce qui a trait au travail du sexe ou à l’exploitation sexuelle.
Pour faciliter le partage au sein du groupe, diverses activités sont organisées, comme des ateliers artistiques, l’aménagement d’un jardin ou des moments passés à l’extérieur.
Les réalités d’exercer ce métier en milieu rural sont parfois abordées, comme la difficulté de rester anonyme et d’avoir accès à un réseau de personnes pratiquant le même travail. L’accès à un téléphone cellulaire à des fins de sécurité, par exemple, n’est pas toujours possible.
Un atelier pour les organisations
L’équipe du YSWC peut également diriger cet atelier au sein d’autres organisations yukonnaises. Le Centre des femmes Victoria Faulkner a pu en bénéficier : « On a pris la formation parce que je n’ai pas de doute que nous avons une clientèle qui fait ce travail-là. C’est une bonne manière de commencer une conversation », estime la directrice Sofia Ashley.
Le centre des femmes adopte d’ailleurs la même position que le YSWC : le travail du sexe est un travail et il faut respecter les personnes qui le pratiquent. « On veut militer pour un système qui soutient les femmes qui font ça par choix, pour les protéger et pour qu’elles ne soient pas exploitées », ajoute-t-elle.
Jess Dorward et sa collègue Heidi Marion souhaitent offrir un atelier avancé sur les réalités du travail du sexe plus tard ce printemps.