le Mercredi 11 septembre 2024
le Jeudi 10 mars 2022 6:03 Société

Le 8 mars : l’occasion de célébrer des femmes inspirantes

L’Aurore boréale profite de nouveau de la Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, pour souligner la contribution remarquable de femmes de la communauté franco-yukonnaise. Ces femmes contribuent à faire rayonner la société à travers leurs engagements sociaux et professionnels.
Photo : fournie

Gabrielle Dupont

C’est le goût de l’aventure qui a attiré Gabrielle Dupont au nord du 60e parallèle, en 2007. Elle évolue désormais en tant que dessinatrice en architecture, un métier majoritairement masculin, avoue-t-elle. « J’ai une autre façon de travailler et je pense que je peux contribuer différemment aux projets », ajoute Gabrielle, qui est travailleuse autonome depuis 2017. Selon elle, le féminisme revient à la possibilité de choisir, « de ne pas être mise dans une boîte parce qu’on est née dans un certain sexe ».

Celle-ci a cumulé les implications sociales au fil du temps, comme au conseil d’administration du groupe Les Essentielles ou à titre de bénévole à la Yukon River Quest et à la River Quest. Elle est membre d’Arts Underground et adore faire des expérimentations et sortir de sa zone de confort en peinture, que ce soit à l’acrylique, à l’huile ou à l’aquarelle. « Je suis en train de terminer un site Internet où les gens pourront aller voir mes peintures », s’enthousiasme la Québécoise d’origine.

Sinon, on peut la trouver à la Bibliothèque de Whitehorse, un livre à la main. Son dernier coup de cœur est l’ouvrage Tribu de Sebastien Junger, sur le besoin viscéral des humains de créer un sentiment d’appartenance. Celle-ci rêve d’un jour où on n’aura plus besoin d’une journée des femmes, que l’égalité entre les genres sera atteinte et que « les mentalités auront enfin évolué ».

Photo : fournie

Maxime Paris

Maxime Paris est un exemple d’implication jeunesse. Que ce soit en tant que présidente de Jeunesse Franco-Yukon (JeFY), le comité des jeunes yukonnais s’exprimant en français, ou membre du conseil de direction de la Fédération de la jeunesse canadienne-française, celle-ci multiplie les occasions de représenter les intérêts et besoins de ses pairs. Elle est toujours ravie de voir des femmes faire leur place autour des tables de décision et être respectées autant que les hommes. « Un genre ne devrait pas déterminer ce que tu peux et ne peux pas faire », soutient celle qui rêve d’un monde sans aucune discrimination.

C’est ce désir qui l’a poussée à créer un espace sécuritaire (safe-space) à son école secondaire pour discuter de genre, de sexualité et des enjeux LGBTQ2S+ : « J’ai vu qu’il y avait plusieurs personnes qui ne se sentaient pas confortables avec qui elles étaient à l’école. On a commencé ce groupe et on parle des différents pronoms, on partage tous nos histoires », se réjouit-elle.

Elle souhaite travailler en tant qu’enseignante en arts visuels plus tard et continuer de s’épanouir en danse, elle qui a touché autant au jazz qu’à la claquette pendant ces 11 ans à pratiquer cette discipline. Selon elle, la journée de la femme est l’occasion parfaite de souligner l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes et de se rappeler des défis qu’il reste à relever pour arriver à cette égalité.

Photo : Naomi Diaz

Edwine Veniat

Elle vous a peut-être servi de savoureuses crêpes à son restaurant La Petite Maison, fait réfléchir sur les enjeux de la communauté LBTQQ2S+ lorsqu’elle était aux communications de Queer Yukon ou suggéré un ouvrage de Reines de Cœur, sa maison d’édition lesbienne francophone. Vous l’aurez deviné : Edwine Veniat est une personne impliquée et qui n’a pas peur des défis. Arrivée au Canada depuis la France en 2015, un poste de conseillère au ministère du Tourisme et de la Culture l’a menée au Yukon en fin 2018.

Selon elle, les cordes à son arc se rejoignent toutes, puisqu’elles démontrent le désir d’aller à la rencontre des gens et de faire une différence dans la société. « C’est un devoir pour moi de travailler pour mener à l’essor de la communauté », soutient celle qui est aussi impliquée dans le conseil d’administration de l’Association franco-yukonnaise (AFY).

Pour Edwine, il y a « autant de versions de féminismes qu’il y a de femmes », et c’est important de connaître l’histoire des droits des femmes, comme devoir de mémoire. « Il ne faut rien tenir pour acquis », ajoute-t-elle, tout en soulignant l’importance d’une vision inclusive des enjeux féministes.

Un futur projet? Devenir investisseuse, mais « pas au sens capitaliste du terme », assure-t-elle. « J’aimerais écouter les autres et leur donner une chance… faire naître des projets, parce que l’entrepreneuriat, ça me passionne. » Pour Edwine, redonner est une devise.

Photo : Laurie Trottier

Marie-Hélène Comeau

Résumer l’implication communautaire de Marie-Hélène Comeau en quelques lignes n’est pas tâche facile, tant celle-ci a façonné le paysage franco-yukonnais depuis près de 30 ans. Une des premières journalistes de l’Aurore boréale — poste qu’elle a occupé pendant une dizaine d’années — celle-ci est désormais connue pour sa créativité sans borne et son talent artistique maintes fois reconnu. Elle a réalisé plus d’une vingtaine d’expositions artistiques aux quatre coins du territoire et a dirigé des ateliers d’arts plastiques dans les écoles à maintes reprises.

La francophonie du Yukon la passionne : elle lui a même dédié son doctorat, dans le but de capturer l’essence de l’identité franco-yukonnaise. « J’ai travaillé avec dix femmes qui ont chacune créé des projets d’arts qui parlent de leur histoire, d’où elles viennent et de leur vie au Yukon », affirme-t-elle.

Son implication auprès de la Caravane des dix mots, un projet visant à célébrer la diversité de la langue française à travers le monde, l’a amenée à représenter la francophonie yukonnaise jusqu’aux plages de Madagascar, aux confins de l’Arménie et au cœur du Sénégal.

« Le plus beau cadeau à se faire à soi, c’est de réaliser son potentiel individuel, en tant qu’humain », affirme celle qui est également aidante naturelle. Cette dernière aime voir l’évolution du féminisme au fil des ans et se réjouit du talent et de l’entraide des femmes en art au Yukon, dont elle contribue à sa façon depuis si longtemps.

Photo : Laurie Trottier

Johanne Moreau

« Pour moi, travailler avec les enfants a été ma destinée. » Johanne Moreau a consacré près de 40 ans au service de la petite enfance, au Québec et au Yukon. Celle qui était aux petits soins des poupons de 18 mois s’est toujours assurée de pouvoir partager les beaux moments des enfants avec leurs parents, notamment en créant des albums souvenirs pour chacun d’entre eux.

« J’avais tellement de chance d’être présente pour leurs premières fois, se remémore Johanne Moreau. Ça m’a apporté tellement d’amour. Le fait qu’ils aient autant de plaisir en venant me voir, je pense que ma job est faite. » Elle a également reconnu de nombreux sourires lorsqu’elle a été brigadière l’an dernier.

Elle pense souvent à tous les progrès réalisés dans les dernières décennies pour les droits des femmes, comme le droit de vote, l’avortement et l’accès aux métiers traditionnellement réservés aux hommes. « Merci à celles qui ont tracé le chemin et j’espère qu’on va continuer dans cette lignée », ajoute-t-elle, en soulignant que beaucoup reste à faire, notamment en ce qui a trait aux féminicides et infanticides.

Après toutes ces années à donner, la voyageuse en elle se réjouit : « Le monde m’appartient et m’attend. » Ses prochaines aventures? Peut-être le désert du Sahara, la Turquie, le Danemark et l’Irlande. Chose certaine : elle ira à la rencontre des gens, ce qu’elle a toujours adoré.

Photo : Laurie Trottier

Sandra Henderson

L’enseignement en français minoritaire au territoire doit beaucoup à Sandra Henderson. La première enseignante d’immersion précoce à l’École élémentaire de Whitehorse est arrivée au Yukon en 1981, après avoir enseigné au Québec, à Terre-Neuve et en Saskatchewan. 52 ans d’activisme pour l’éducation en français, qui, malgré la retraite, est loin d’être terminé : « Je donne des cours à des élèves presque tous les jours », dit-elle avec le sourire, assise confortablement chez elle et entourée de dictionnaires, de cahiers d’exercices et de livres jeunesse. Sur un mur, on peut voir son prix de l’Ordre du Canada, obtenu pour avoir « favorisé et encouragé la langue et la culture françaises » tout au long de sa carrière.

Ses plus beaux souvenirs d’enseignement sont les excursions en plein air avec les enfants, à travers ce territoire qu’elle adore et qu’elle qualifie d’une « extrême beauté », même si celle-ci vient de la Gaspésie, souvent décrite comme le plus beau joyau québécois. Pour cette pionnière, ce pays a deux richesses : son bilinguisme, et le fait qu’il est truffé de femmes fortes. Aux jeunes femmes, celle-ci suggère de ne pas avoir peur de prendre des risques, d’être indépendante et, bien sûr, de poursuivre leurs études.

Aucun doute, Sandra Henderson continue de partager sa passion pour la langue française et d’inspirer la communauté par son dévouement, sa joie de vivre et son parcours, alors que ses anecdotes racontent tout un pan de l’histoire franco-yukonnaise.

Photo : Laurie Trottier

Rebecca Turpin

Au Yukon depuis deux ans, le leadership et le travail acharné de Rebecca Turpin dans le domaine de l’environnement continuent d’impressionner ses collègues. Cette dernière a œuvré au Nunavut et en Ontario avant de poser ses valises à Whitehorse, mais sa passion pour l’Arctique et le Nord l’a suivie dans tous ses voyages. « J’ai toujours aimé le côté scientifique et le côté politique », avoue la directrice du Secrétariat des changements climatiques au ministère de l’Environnement du Yukon.

« En ce moment dans le domaine, il y a de plus en plus de femmes. Et pas seulement des femmes, mais des femmes inspirantes et exceptionnelles. » Celle qui est au cœur de la réponse gouvernementale quant aux changements climatiques se dit impressionnée jour après jour par la résilience de son équipe et des gens dans le domaine.

Pour elle, il est important que les jeunes femmes sachent que le monde est à leur portée : « Ne pense pas que c’est par chance que tu es là. Ce n’est pas la chance. Tu es là parce que tu es bonne, tu es forte et tu es intelligente », lance la mère de deux enfants étudiant au CSSC Mercier et à l’École Émilie-Tremblay.

Selon Rebecca Turpin, le succès passe par la passion. « Trouve une inspiration et prends le temps de savoir ce que tu aimes dans la vie. Le reste va se mettre en place », ajoute-t-elle.